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Encombrante réputation

Avec Monsanto, Bayer s'offre une génétique de taille. Mais l'allemand devra aussi assumer la réputation de la firme et se retrouve déjà sous le feu des critiques.

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C'est le dernier rapprochement annoncé cette année, et non des moindres. Au milieu du mois de septembre, Monsanto et Bayer ont mis fin aux rumeurs qui couraient, en annonçant l'acquisition de l'américain par l'allemand pour 66 Mds$, soit 58,7 Mds€. Pro forma, le produit de la fusion aurait réalisé en 2015 en agricole 23 Mds€ de chiffre d'affaires. Son siège mondial en protection des cultures est prévu à Monheim, en Allemagne, à Saint-Louis dans le Missouri pour l'activité Seeds & Traits, et à San Francisco pour le Digital Farming. « Bayer compense son manque d'investissement sur la génétique, et Monsanto n'est pas fort en phytos », résume un opérateur. De fait, la gamme phytos de l'américain est quasiment uniquement composée d'herbicides. Mais il est fort sur le sujet : c'est le leader mondial de ce segment en 2015, selon le cabinet Phillips McDougall. Quant à Bayer, numéro deux mondial en phytos, et numéro un européen, au coude à coude avec Syngenta, son chiffre d'affaires est porté par les fongicides, et il est leader mondial en insecticides en 2015. Les deux firmes escomptent des effets de synergie annuels d'environ 1,5 Md$ après la troisième année.

Mais avec le rachat d'une des entreprises les plus détestée de la planète, Bayer va devoir assumer une réputation encombrante. Du 14 au 16 octobre, un tribunal autoproclamé s'est tenu à La Haye (Pays-Bas), sous la dénomination : « Mobilisation internationale de la société civile pour juger Monsanto pour violations des droits humains, pour crimes contre l'humanité et pour écocide ». Dès l'annonce de la fusion, des voix se sont élevées pour la faire avorter. Notamment, en France, des chefs cuisiniers ont fait circuler une lettre ouverte « contre l'invasion de l'agrochimie dans nos assiettes ».

La Commission va examiner cette fusion

Des eurodéputés ont, quant à eux, interpellé la Commission qui a dit qu'elle examinerait « attentivement le cas Bayer-Monsanto ». Comme les autres rapprochements, le projet doit encore avoir l'aval de diverses autorités. « On ne peut pas préjuger de ce qui va se passer à la clôture de l'accord », indiquait Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles, chez Monsanto France, lors d'une conférence de presse à Paris le 11 octobre, ajoutant n'avoir « aucune idée de ce que ça peut vouloir dire en France »

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