Login

Préserver la dynamique de production

La réussite de la production de semences en France s'explique par des sols et un climat très favorables, mais aussi par une fabuleuse synergie entre obtenteurs, établissements producteurs, agriculteurs-multiplicateurs et entreprises qui commercialisent. Attention à ne pas briser cette formidable dynamique.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

En France, toutes espèces confondues, les surfaces de multiplication de semences ont fait un bond de plus de 20 % au cours des six dernières années. Ces semences sont d'abord destinées à satisfaire le marché intérieur. Si les ventes en France avaient tendance à se consolider d'une campagne sur l'autre, en 2014, elles se sont légèrement tassées à 1 737 M€, contre 1 780 M€ en 2013. Le marché français n'a cependant perdu que 2,4 %, après plusieurs années de hausses successives.

C'est en fourragères que la chute est la plus marquée, de 23 % par rapport à 2013. A noter, aussi, une légère érosion en céréales à paille et protéagineux (- 4,1 %) et en maïs (- 3,1 %), mais dans les deux cas, le marché s'était fortement renforcé ces trois ou quatre dernières années. Les betteraves et les pommes de terre confortent leurs positions sur la lancée des campagnes précédentes. Le secteur des oléagineux est plus stable d'une année sur l'autre (+ 1,2 %) comme celui des potagères et des florales. « Si la production de semences progresse en France, c'est surtout parce qu'elle est tirée par les exportations, en particulier en maïs et oléagineux », note François Burgaud, directeur des relations extérieures au Groupement national interprofessionnel des semences. En 2013, les volumes exportés ont atteint le record de 1 422 M€, et l'excédent de la balance commerciale, celui de 835 M€. Ces bons résultats placent notre pays parmi les tout premiers producteurs mondiaux de semences. « Il est le premier exportateur mondial de semences hors potagères et plants de pommes de terre, devant les Etats-Unis et les Pays-Bas », précise le responsable du Gnis.

Le succès des semences « made in France » s'explique par la présence de réseaux d'agriculteurs multiplicateurs compétents, de sols bien adaptés et de conditions climatiques très favorables. « C'est aussi parce que la France dispose d'une filière bien organisée, d'une synergie qui fonctionne entre les acteurs et d'un bel outil industriel que les semenciers continuent à moderniser », ajoute Guillaume Duboin de l'Union française des semenciers. « Mais attention à ne pas casser cette belle dynamique, prévient François Burgaud. Car la concurrence existe, les semences fourragères en ont déjà souffert. Nous avons aussi des soucis d'usages orphelins en produits phytos qui handicapent certaines productions. La protection des semences pourrait aussi entraîner des problèmes pour les semences destinées à l'exportation. » « Pour le moment, nous bénéficions en France, depuis plusieurs années, de dérogations pour appliquer des traitements de semences demandés par les pays importateurs et non autorisés chez nous, souligne Guillaume Duboin. Mais nous devons rester vigilants, l'évolution de la réglementation au plan européen pourrait nous gêner. Nous devons aussi veiller à ne pas être pénalisés par un coût du travail trop élevé. Nous y apportons des réponses en étant fortement mécanisés. Mais lorsque l'on sait que 60 % du travail en production de semences est assuré par des saisonniers, on a vite compris les distorsions de concurrence que nous devons supporter par rapport à des pays comme l'Allemagne ! »

De leur côté, les multinationales ont fait le choix depuis longtemps de s'appuyer sur la France pour assurer leurs besoins en semences. Tout récemment, encore, ils ont conforté cette stratégie (lire p. 32 et 34). « Mais qu'en sera-t-il dans dix ou quinze ans, s'interroge François Burgaud. Les grands groupes peuvent changer de stratégie. » Pour le moment, on en est loin. Et les semenciers français comme les producteurs de semences, conscients des menaces qui pourraient un jour les pénaliser, mettent tout en oeuvre pour les écarter.

DOSSIER RÉALISÉ PAR BLANDINE CAILLIEZ

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement