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Trouver la bonne alchimie des gammes

Si innover reste essentiel, les fi rmes s'attachent aujourd'hui à diversifi er et élargir leur offre. L'objectif à terme : proposer une approche plus globale à leurs clients.

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Le 26 octobre dernier, le ministre de l'Agriculture, Bruno Lemaire, a réuni le Comité national d'orientation et de suivi du Plan Ecophyto 2018. Il s'est félicité des premiers résultats qui montrent notamment que le recours aux pesticides les plus problématiques pour la santé et pour l'environnement, a diminué de 87 % entre 2008 et 2010. Chiffre qui s'explique surtout par le retrait en 2008 de préparations contenant les substances actives jugées les plus préoccupantes. Depuis, de nombreuses nouvelles matières actives ont été mises sur le marché, avec des profils toxicologiques et écotoxicologiques plus favorables. Et ce renouveau est loin d'être terminé, de nombreuses firmes continuant d'investir en recherche et développement.

DuPont Solutions, par exemple, réoriente sa recherche depuis une dizaine d'années pour répon dre aux différentes attentes, notamment en terme de régle men ta tion. " Nous sommes aujourd'hui en mesure de mettre sur le marché une nouvelle matière active tous les ans, et ce sur tous les marchés ", souligne Christophe Gauchet, direc teur marketing France, chez DuPont. Même tendance chez Makhteshim Agan, qui travaille sur quarante et un projets à venir dans les prochaines années, ou encore chez Syngenta, qui attend dix nouvelles matières actives d'ici à 2015. Des firmes de taille plus modeste, comme Certis, ont misé depuis longtemps sur des produits ayant moins d'impact sur l'environnement, comme l'explique Jérôme Alix, chef marché grandes cultures : "_Par exemple Sluxx, notre nouvel antilimace, possède un très bon pro_ l tox et écotox, ce qui le met parfaitement en phase avec les attentes du marché. " A noter, également, un investissement croissant dans la protection des semences. En e_ et, " ce type d'application ciblée, avec utilisation d'une quantité plus faible de produit en fait une source de progrès important ", comme l'explique Jean-Charles Bocquet, de l'UIPP.

Les efforts d'innovation vont bon train, avec de nouveaux produits issus de la chimie dite " classique ", mais aussi dans le domaine du biocontrôle. " Le rapport Herth représente incontestablement une avancée pour le biocontrôle, qui continue de se développer, même si des réti cen ces persistent surtout en grandes cultures ", note Paul Héry, directeur marketing, chez Goëmar. La firme vient d'obtenir l'homologation de son stimulateur naturel de défense des plantes Iodus 2 sur tavelure. Même si comparé aux produits issus de la chimie, le biocontrôle est encore relativement peu utilisé, il est en plein essor (voir infographie, page 7). D'après la note de suivi du Plan Ecophyto parue cet autom ne, le recours aux produits de biocontrôle a augmenté de plus de 65 % entre 2008 et 2010. Pour preuve, l'indicateur Nodu (nombre de doses unités) biocontrôle (micro-or ga nis mes, phéromones, virus) a augmenté de 68 % entre 2008 et 2010. Les hausses les plus signi fi ca ti ves concernent les substances synergistes (+ 85 %) et les insecticides (+ 29 %). D'ailleurs, de nombreuses firmes commercialisant des produits issus de la chimie classique ont complété leurs gammes avec ce type de produits. DuPont, en partenariat avec AgraQuest a annoncé, en octobre, le lancement d'un nouveau fongicide d'origine naturelle sur colza, qui sera intégré dans des programmes avec des solutions classiques. Et depuis septembre 2011, BASF est le distributeur exclusif d'un autre biofongicide issu de la recherche d'AgraQuest : le Serenade . La confusion sexuelle n'est pas en reste, Makhteshim lançant notam ment Exosex CM, alors que BASF poursuit le développement de sa gamme Rak, avec Rak 5 en arboriculture.

Autre secteur vers lequel les firmes se tournent : les semences, car leur complémentarité avec les phytos renforce cette approche globale. Syngenta est en pleine réorganisation après la fusion entre les activités semences et les produits phytosanitaires. Même tendance chez Dow, qui investit massivement dans les biotechnologies, ou encore chez Bayer, actuellement en phase de développement d'une gamme semences de colza en France. La commercialisation, qui se fera via le réseau de distribution de produits phytosanitaires de Bayer, est prévue pour 20122013. A contrario, Monsanto a décidé, depuis plus d'un an, de séparer son réseau de distribution en France, aupa ra vant commun pour les semences grandes cultures et les phytos. La firme est maintenant surtout une société de semences, la proportion des ventes de produits phytosanitaires étant passé de la moitié il y a dix ans, à moins d'un quart aujourd'hui. Mais comme le souligne Yann Fichet, directeur des Affaires institutionnelles et industrielles, " cette séparation ne se pose pas en opposition par rapport au fait d'avoir une approche intégrée, nous restons une seule entreprise, il ne faut pas l'oublier. Nos équipes travaillent de concert ".

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