Les semenciers repoussent les frontières
La campagne 2011-2012 vient de se terminer avec un nouveau record de chiffre d'affaires pour la filière semences française dans pratiquement toutes les espèces. Pour anticiper les années à venir, les entreprises poussent les limites de leurs recherches et partent à la conquête de nouveaux marchés.
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La campagne qui vient de s'écouler est une bonne campagne pour le secteur des semences. « Toutes espèces confondues, le chiffre d'affaires de la filière vient de battre pour la deuxième année consécutive, un nouveau record à 1,7 Mds€ pour les ventes en France, et 1,233 Mds€ pour les exportations, constate Philippe Silhol, chef du service économique et statistique au Gnis, le Groupement national interprofessionnel des semences.
« Ces résultats sont bons, mais les ventes sur le territoire français ont bénéficié d'éléments conjoncturels tels les ressemis liés au gel de cet hiver, note Philippe Gracien, directeur du Gnis. C'est surtout à l'export que les entreprises françaises tirent très bien leur épingle du jeu. » Les céréales destinées avant tout au marché français ont légèrement conforté leurs ventes et la campagne céréales en cours devrait aussi être bonne, notamment en blé tendre. « Puisque le prix du blé est élevé, les surfaces ensemencées vont en principe augmenter et le taux d'utilisation de semences certifiées devrait se conforter, précise Philippe Roux, secrétaire général de la section céréales au Gnis. On assiste aussi, en blé, à un fort renouvellement variétal. » En maïs, le chiffre d'affaires sur le marché français a progressé légèrement, de 3 %, mais les exportations font un bond de près de 13 % (lire p. 30-31).
Qualité, climat, précocité
« En fourragères, les chiffres diminuent légèrement, mais la campagne reste correcte, note Philippe Silhol. En betteraves, la France joue pleinement sa carte de producteur de semences, la demande à destination des pays tiers, comme la Russie et l'Iran, est très forte. »
Il en est de même dans le secteur des oléagineux qui a vu ses surfaces légèrement diminuer en France, mais où les ventes à l'export ont fait un bond de près de 20 %. « Des pays comme la Russie et l'Ukraine ont d'énormes besoins en semences de tournesol, précise le responsable du Gnis. L'Allemagne est aussi demandeuse de semences de colza produites en France dans le sud, pour des questions d'isolement et de précocité de récolte. Chez eux, le délai entre la récolte de la campagne précédente et les semis de la suivante sont très courts. » En pommes de terre, c'est plutôt pour des aspects de qualité sanitaire que les plants produits en France sont appréciés à l'export et particulièrement aux Pays-Bas. « Le secteur des potagères et des florales se porte aussi très bien, surtout à l'exportation, ajoute Philippe Silhol. Les semenciers ont de plus en plus besoin de sécuriser leur approvisionnement et la France bénéficie d'un savoir-faire et de conditions climatiques très favorables. »
En parallèle aux bons résultats à l'exportation, les entreprises ont aussi tendance à repousser les frontières géographiques de leurs activités et s'implanter par des antennes commerciales, des unités de production ou des stations de recherche dans des pays où elles ne sont pas encore présentes.
Les semenciers repoussent aussi les limites de la sélection en exploitant de nouvelles pistes en matière de recherche (lire p. 26-28). Sur le plan de la réglementation, une nouvelle loi européenne sur les semences, à l'étude depuis 2008, devrait maintenant bientôt voir le jour. Et la forme qu'elle semble prendre (lire ci-contre) paraît moins préoccupante pour les semenciers français, que les premières pistes de réflexion lancées, au printemps 2011. Quant à l'application aux différentes espèces de la loi sur le certificat d'obtention végétale, adoptée en France, le 8 décembre dernier, les discussions entre obtenteurs et agriculteurs ne reprendront qu'après les élections aux chambres d'agriculture, qui doivent se dérouler en janvier 2013.
DOSSIER RÉALISÉ PAR BLANDINE CAILLIEZ
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