Le paysage industriel évolue
Les sites de production d'engrais en France ont connu quelques bouleversements en 2010.
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Cela faisait plusieurs années que l'industrie française n'avait pas à déplorer une vague de disparition de sites de production d'engrais. L'année 2010 a vu la reprise de cette tendance avec trois fermetures d'usines. Tout d'abord, le site Yara d'Issoudun (Indre) a mis la clé sous la porte, fin mars. L'usine fabriquait des engrais de spécialité, principalement des composés liquides pour les cultures spéciales. Ensuite, GPN et Yara ont décidé de dissoudre à la fin de la campagne passée leur filiale, l'Ammoniac agricole, à Pardies (Pyrénées-Atlantiques), provocant d'ailleurs des remous chez les maïsiculteurs du Sud-Ouest. Enfin, l'activité de production d'engrais composés de K + S Kali Atlantique (ex-SCPA Masdac) a cessé le 31 octobre. A noter, qu'également du côté des engrais organiques, les deux sociétés Angibaud et Deromé, appartenant toutes deux à Véolia environnement, ont fusionné en janvier 2010 pour devenir Angibaud Deromé & Spécialités. Le groupe affirme représenter 40 % des parts de marché des fertilisants organiques en France.
Pendant que l'industrie française se restructure, les entreprises étrangères tentent de s'implanter ou de renforcer leur implantation sur le sol français.
Poussées étrangères
C'est le cas des importateurs comme l'américain Koch fertilizer, par exemple, qui a annoncé l'extension du terminal d'importation d'engrais, à Sète (Hérault), pour faire venir de l'urée et des solutions azotées. Et si le russe Uralchem a finalement renoncé à installer une usine de fabrication d'engrais liquides sur le port de Dieppe (Seine-Maritime) en raison de divergences locales, il a précisé rechercher une autre implantation en Europe… ou en France. Par ailleurs, le fonds d'investissement BeCitizen, qui se spécialise sur les technologies vertes, a pris le contrôle de Goëmar et de ses filiales américaines, GIC et Agrimar. Enfin, GPN a cédé son unité d'acide nitrique de Mazingarde (Pas-de-Calais), à l'espagnol Maxam, spécialisé dans les explosifs civils.
En dehors de nos frontières, l'importance croissante des engrais dans l'agriculture mondiale attise les appétits. Et l'industrie européenne suscite la convoitise des pays émergents. L'égyptien OCI Nitrogen a ainsi racheté le néerlandais DSM Agro en mars 2010 avec effet rétroactif au premier janvier 2010.
La guerre de la potasse
A l'échelle mondiale, c'est actuellement la potasse qui fait parler d'elle. Le marché est en train de se structurer autour de deux pôles. Les rumeurs vont bon train sur le rapprochement des deux producteurs russes Uralkali et Silvinit, voire avec le biélorusse Beluraskali. La Russie cogérerait ainsi le marché avec le Canada. Toutefois, le numéro un mondial, le canadien PotashCorp intéresse les russes, comme PhosAgro, mais surtout, il fait l'objet d'une offre publique d'achat de 30 Mds € de la part du géant minier anglo-australien, BHP Billiton. Reste cependant à convaincre les actionnaires de PotashCorp, à recevoir la bénédiction des autorités de la concurrence et à rassurer les politiques canadiens, peu enclins à laisser filer l'un des fleurons nationaux. D'ailleurs, le gouvernement vient début novembre de rejeter l'offre, mais donne un mois au minier pour l'améliorer. Si cette concentration au premier abord n'augure rien de bon du côté des prix, BHP Billiton a d'ores et déjà prévenu que si son OPA aboutissait, le cartel susceptible d'exister entre certains producteurs de potasse serait cassé. En tout cas, l'allemand K + S, devra, lui, se replacer dans le jeu mondial. Pour ceci, il devrait dans un premier temps céder sa filiale Compo.
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