Opération reconquête des ventes
L'euphorie est désormais passée. Les résultats des firmes chutent. Le secteur des fertilisants, aujourd'hui déprimé, doit relancer le business et étudie toutes les pistes pour y arriver. Aussi bien en matière commerciale, technique, marketing que réglementaire.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Il est loin le chiffre d'affaires record des industriels français, estimé en 2008 à 3,7 milliards d'euros pour les adhérents de l'Unifa (Union des industries de la fertilisation). Même s'il n'est pas encore connu, il aura vraisemblablement du mal à passer le cap des 3 voire des 2,5 milliards d'euros en 2009. L'année a en effet été caractérisée par un minimum d'activité, avec des arrêts temporaires d'usines et une réduction du rythme de production. Au niveau mondial, les productions d'acide phosphorique et de potasse sont tombées à 60 et 50 % de leur capacité. Alors qu'elles fanfaronnaient à 85 % en 2008. Et ça se ressent dans les bilans : K+S a annoncé au premier semestre 2009 un résultat opérationnel en chute libre de 65 %. Même du côté des produits azotés où la baisse est moins flagrante, les capacités de production n'étaient saturées qu'à 70 ou 80 %. L'euphorie est bien terminée. Il y a 18 mois, plus le prix des engrais augmentait, plus les agriculteurs achetaient. Mais le ciseau des prix entre les productions et les engrais est passé par là. Les achats des agriculteurs ont brutalement été stoppés. Et les stocks des distributeurs, achetés à prix élevés, ont pesé sur toute la campagne.
Activité au ralenti et perte de confiance
Du coup, sans surprise, les livraisons globales d'engrais à la distribution française ont chuté de près d'un quart (sûrement encore beaucoup plus en terme de chiffre d'affaires) pour atteindre 8,15 Mt. « Un niveau inférieur de moitié à ce qui était enregistré au maximum des livraisons dans les années soixante-dix », fait remarquer Jean-Luc Pradal, directeur commercial de GPN. Dans le détail, les éléments P et K ont totalement décroché, respectivement de 54 et 51 %, se retrouvant ainsi à leur niveau de 1920, alors qu'entre-temps la production céréalière a été multipliée par 5 ou 6 ! Dans ce chaos, avec - 13 %, l'azote paraîtrait presque réaliser une performance ! Mais, avec des pertes allant de 10 à 15 kg d'azote par hectare fertilisable, le recul est tout de même assez violent. Sans compter que la production française d'engrais azotés a encore perdu des parts de marché. Depuis que les prix sont redescendus à leurs niveaux de 2006, « les agriculteurs ont retrouvé leurs repères en azote et en phosphore », constatait Bruno Chabbert, président du comité économique de l'Afcome, lors des 11e Rencontres internationales de l'association qui se tenaient à Saint-Malo, du 14 au 16 octobre dernier. « Mais toujours pas en potasse », déplore-t-il, ce qui a des conséquences aussi sur les achats d'engrais composés. « Nous avons baissé nos prix par deux fois », répond alors Ernst Andres, de K+S Kali, sans pourtant avoir observé une reprise de la consommation. « Nous ne pouvons pas tomber à un niveau de prix qui remettrait en cause nos investissements, poursuit-il. Par ailleurs, les agriculteurs français dépensent 25 €/ha/an de K20. Expliquez-moi comment, si on divise par deux cette dépense, on va sauver l'agriculture française ! » Quoi qu'il en soit, on a l'impression que les producteurs de potasse se cherchent au niveau du prix. Ce qui fait dire à Bruno Chabbert qu'il craint que « la remise en confiance ne revienne que dans deux ou trois ans ». Olivier Buttoud, directeur approvisionnement chez Axéréal va plus loin : « Des essais en plein champ en Eure-et-Loir montrent qu'après trente ans d'impasse, les rendements ne décrochent pas. Le marché de la potasse est en train de se détruire. »
Les amendements en odeur de sainteté
Ce n'est pas le cas des amendements minéraux basiques qui ont tenu avec des livraisons stables, même s'ils auraient pu en profité un peu plus. Si l'incertitude est encore présente pour ce marche qui reste d'opportunité, le potentiel d'augmentation des livraisons est la et cette campagne a redonne confiance aux fabricants. D'autant, qu'ils viennent de se donner la main pour proposer aux distributeurs une démarche commune de préconisation produits. Et puis, comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, les amendements minéraux devraient être la première catégorie de matière fertilisante, hors engrais minéraux, a obtenir une règlementation européenne harmonisée de mise sur le marche.
Dossier réalisé par RENAUD FOURREAUX
Pour accéder à l'ensembles nos offres :