Société et législation : continuer à s'adapter
Des semences paysannes à la future loi européenne, les exigences de la société et les évolutions réglementaires donnent du fil à retordre aux semenciers.
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Les entreprises semencières doivent aussi composer en permanence avec l'évolution de la réglementation et les attentes de la société. Et dans ce domaine, l'enjeu des prochains mois sera déterminant pour la filière semences. Dans l'immédiat, la grande inconnue est à l'échelle européenne, la future loi sur les semences prévue dans le cadre de " Better Regulation ". La Commission européenne a fait part de ses propositions en mai dernier et a recueilli depuis les commentaires et les réactions de tous ceux qui souhaitaient s'exprimer. Les semenciers connaîtront courant 2012, le scénario qu'elle aura retenu parmi les cinq proposés.
Risque de suprématie des multinationales
La filière française n'est pas vraiment sereine, car certaines de ces hypothèses de travail pourraient conduire à une remise en cause en profondeur des piliers du système actuel, que sont l'inscription des variétés et la certification des semences. " Si l'Union européenne opte pour une version très libérale de la réglementation, nous irons à coup sûr vers une concentration des entreprises, comme c'est le cas aux EtatsUnis, craint Philippe Gracien, directeur général du Gnis. A vouloir trop libéraliser, on risque de voir disparaître en Europe notre tissu de PME de semenciers, au profit des seules multinationales. " Une autre question qui est apparue en filigrane dans ce projet de texte, est celle des semences paysannes que certains souhaiteraient commercialiser sans inscription rigoureuse, ni certification. Le deuxième sujet débattu actuel le ment dans les instances internationales est celle de la protection de l'innovation variétale par le droit de l'obtenteur et par les brevets. " La France a précisé sa position au sein de l'UFS, indique Philippe Gracien, mais le texte n'a pas été signé par tous les semenciers. Des firmes internationales se sont abstenues. " On pourrait se dire que cette question des brevets est bien loin de nos préoccupations françaises, car nous sommes à ce jour en Europe, très peu concernés par les OGM. Mais, cette question commence à pointer son nez par le biais d'innovations qui ne sont pas forcément portées par des variétés génétiquement modifiées. C'est le cas des variétés d'orges brassicoles de Carlsberg et d'Heineken , porteu ses du gène Null-lox, protégé par un brevet, et qui sont déjà produites sur des surfaces non négligeables en France. Ce gène améliore la conservation de la bière, en lui permettant de rester fraîche plus longtemps et apporte une meilleure formation de mousse.
Des parcelles toujours détruites
Parmi les autres questions qui focalisent l'attention du grand public, on retrouve bien sûr celle du traitement de semences, avec notamment l'arrivée par étapes en France du Cruiser, et celle des OGM. Les faucheurs volontaires n'ayant plus beaucoup de plates formes d'essais à se mettre sous la dent, ils font désormais volontairement l'amalgame entre OGM et mutagenèse, parlant d'" organismes génétiquement manipulés " en s'attaquant aux variétés résistantes aux herbicides. Il faut dire que les varié tés résistantes aux herbicides commencent à se faire une place non négligeable sur le marché français. " Les maïs Duo system résistants au Stratos Ultra occupaient 35 000 ha en 2011 et les tournesols Clearfield, résistants à l'imazamox, viennent de doubler à 45 000 ha, précise Olivier Grosjean, responsable du pôle Cultures industrielles, chez BASF Agro. Nous nous apprêtons également à lancer nos premiers hybrides de colza Clearfield, l'été prochain."
Un patrimoine génétique précieux
Il est aussi reproché aux sélectionneurs de contribuer à une perte de biodiversité, ce qu'ils réfutent catégoriquement (lire encadré p.26). La conservation de la biodiversité des espèces cultivées, ou des espèces sauvages très proches des variétés cultivées, a toujours rendu un grand service aux sélectionneurs. Les nouveaux outils de génomique, dont les entreprises semencières disposent aujourd'hui, vont leur permettre d'exploiter encore mieux et plus rapidement, les richesses des collections, ce précieux patrimoine génétique. Dernier exemple en date, le vaste programme de génomique Aker (du nom d'un dieu égyptien de la terre) que vient de lancer Florimond Desprez avec l'Inra, le Cemagref et l'ITB. Ce programme qui porte sur un budget de 21 millions d'euros sur huit ans, devrait permettre d'explorer le génome de quelque 12 000 variétés de betteraves sauva ges. Les différents partenaires espèrent bénéficier d'un financement dans le cadre du deuxième appel à projets " investissements d'avenir " ou " grand emprunt ". En maïs, l'Inravient aussi tout juste d'annoncer le lancement du vaste projet Amaizing, qui associe 24 partenaires pour un budget de 27,5 M€ sur huit ans.
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