Stable, mais faible visibilité
La prolongation des tendances des neuf premiers mois placerait la production nationale d'aliments pour animaux vers 21,4 Mt, un peu au-dessus de 2009, mais en dessous de 2008. Cependant, les incertitudes restent de taille à l'heure ou des dépôts de bilan d'éleveurs sont annoncés.
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Avec des prévisions à 5,9 Mt pour les aliments bovins, 5,7 Mt pour les aliments porcs, 8,6 Mt pour les volailles et 1,2 Mt pour les autres espèces, les fabricants français d'aliments pour animaux pourraient, cette année, produire 21,4 Mt. Ce serait mieux que l'an dernier (21,2 Mt) mais moins bien que 2008 (22,46 Mt). Les années 2007 et 2008 avaient en effet été marquées par une forte progression de la demande en aliments bovins, segment qui s'était rétracté ensuite sous l'effet de la crise laitière.
Contrastes selon les régions
Les syndicats estiment donc que l'année devrait être stable voire en légère progression, entre + 0,5 et 1 %. " En bovins, la tendance est à la progression avec des fluctuations liées au marché du lait et aux aléas climatiques. Cette année, la demande a en effet été relancée à partir de mai sous le double effet de l'accord sur le prix du lait et de la sécheresse ", détaille Michel Dochez de Coop de France nutrition animale. En porc, les progrès techniques, sur la prolificité des truies comme sur l'indice de consommation et le recul de la production, se conjuguent pour entraîner une baisse de 3 % des volumes. Mais en volaille, la reprise, notamment du poulet, survient après une période de recul entamée dès le début des années 2000.
La situation est également assez contrastée selon les régions. Ainsi, la Bretagne reste largement en tête avec près de 9 Mt (une densité de 320 t/km2) suivie des Pays de la Loire (3,7 Mt, densité 114 t/km2). Le croissant laitier de l'Ouest se renforce sous l'effet de la restructuration des élevages bovins. Cependant, dans le même temps, l'agrandissement des élevages incite ces derniers à s'orienter, comme en production porcine, vers la fabrication à la ferme grâce à une mélangeuse. Mais aucune statistique n'est déployée sur ce plan. La visibilité globale reste assez faible pour le dernier trimestre : " Nous sommes confrontés à deux phénomènes contradictoires. D'une part, il est possible que, comme lors de la flambée des prix de 2008, les éleveurs fabriquant leurs aliments à la ferme reportent au moins pour partie leurs achats vers les fabricants d'aliments, ces derniers jouant toujours un rôle de tampon via leur formulation. D'autre part, il est à craindre une décapitalisation de certains cheptels, les éleveurs souffrant de l'absence de répercussion des hausses de coûts de production, notamment en porc ", indique Stéphane Radet du Snia.
" Les prix des céréales ont poursuivi leur hausse en septembre, les protéines sont fermes. Le prix de l'aliment se renchérit avec de nouvelles hausses à venir car la hausse du coût des matières premières n'est pas encore complètement répercutée ", notait l'Ifip en octobre. Le prix au cadran n'est pas bon avec une demande moins dynamique après l'été, mais les prix de détail relevés en points de vente des produits de porc, frais comme transformés, suivent une évolution similaire à celle de 2009 avec un indice qui flirte avec les 121 (base 100 : 2006). Les freins sont plus à chercher au stade de la production qu'au niveau de la consommation, cette dernière se tenant plutôt bien. En poulet, par exemple, la consommation aurait progressé en volume de 7,4 % mais les prix auraient perdu 1,5 % (panel Kantar-Worldpanel). La dinde est légèrement mieux en prix (+ 2,2 %) mais sa progression en volume est moindre (1,2 %). Les élaborés de volaille progressent encore de 6 %.
Mais les éleveurs, soutenus par leurs organisations professionnelles, notamment la Confédération française de l'aviculture, réclament à cor et à cri une répercussion des hausses des matières premières aux distributeurs et une juste répercussion des abattoirs aux fermes.
L'inquiétude pour 2011
Les négociations s'étageraient entre + 5 et 6 %, quand les opérateurs en espéraient 15 %. Les éleveurs ont manifesté leur colère le 27 octobre, dans la Sarthe, lors de l'inauguration d'un nouveau centre Leclerc à La Ferté-Bernard.
L'une des principales inquiétudes des industriels, en cette fin d'année, porte sur les en-cours des clients. En effet, la répercussion des hausses des cours n'est pas passée dans sa totalité et, pourtant, le bruit commence à être insistant : les dépôts de bilan en élevage vont se multiplier. Le baromètre Vigie matières premières révèle que les fabricants sont pessimistes depuis deux mois.
DOSSIER REALISE PAR YANNE BOLOH
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