Se faire une place face aux géants en France
La concentration des entreprises ces dernières années, n'a pas empêché certains semenciers de rester indépendants ou même de voir le jour.
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Claeys Luck, Cambier, Lepeuple, Bataille, Pichot, Mennesson, Lesgourgues, Procosem, Prograin, Ceres… Il y a trois décennies, la France comptait encore une multitude d'entreprises semencières souvent familiales qui, pour la plupart, ont été absorbées par des entreprises de taille plus importante comme Limagrain, Semences de France, Euralis… ou des groupes souvent issus de l'industrie pétrolière (Shell, Elf, Total) ou de l'agrochimie (Monsanto, Syngenta, DuPont, Dow).
Logique économique
Certains ont franchi le pas encore récemment, c'est le cas de l'entreprise familiale Momont, par exemple, qui a vu KWS entrer à son capital, du sélectionneur allemand SWS rattaché au groupe Saaten Union, qui a cédé sa sélection maïs à Dow, ou du semencier belge Clovis Matton, repris cet été par le groupe Limagrain. Certains investisseurs très importants à une époque, sont restés quelques années dans les semences, puis ont fait marche arrière, cela a été le cas des sociétés Shell ou Sanofi ou de Lafarge par exemple.
Dans tous les secteurs d'activité, la concentration des entreprises répond à une logique économique. Ce phénomène s'est opéré dans les industries de la protection des plantes, des engrais ou du machinisme agricole, dans les coopératives. Le secteur des semences n'y a pas échappé. Et toutes les espèces ont été concernées, les céréales à paille, le maïs, le tournesol, les potagères… Certains observateurs estiment, cependant, que la concentration du secteur aurait pu être plus rapide encore. « Nous pensions, il y a quatre ou cinq ans que le secteur des semences se restructurerait plus vite qu'il ne l'a effectivement fait, reconnaît Daniel-Eric Marchand, directeur Filière Biotech et Agro-industrie, chez Unigrains. Nous estimions en effet que les entreprises, qui n'avaient pas accès aux biotechnologies, ne tiendraient pas. Quelques années plus tard, nous nous sommes rendus compte que nous nous étions trompés, sans doute parce que des structures comme Biogemma donnent à chacun de leurs membres, des outils qu'ils peuvent exploiter chacun de leur côté. » Il estime aussi que l'une des caractéristiques des semences par rapport à d'autres secteurs d'activités, est le nombre impressionnant d'accords entre les entreprises, même entre les groupes les plus importants, des accords de recherche, commerciaux, de délégation de variétés… Et que le fait de travailler ainsi explique sans doute, en grande partie, la présence d'un nombre encore important d'intervenants. « Cela étant dit, la question de la taille critique pour aborder un marché se pose toujours, et je ne serais pas surpris de constater de nouveaux rapprochements dans les mois à venir », indique-t-il.
Développer les marchés de niche
Il est vrai que dans le domaine des semences, les entreprises même les plus importantes gardent une taille finalement assez modeste par rapport aux industriels d'autres secteurs d'activités. Les chiffres d'affaires annuels des quatre premiers semenciers, Monsanto (7,8 milliards d'euros avec les phytos), Pioneer (2,8 milliards d'euros), Syngenta (1,7 milliard) ou Limagrain (1,1 milliard) n'ont rien à voir avec ceux de groupes comme John Deere (20 milliards d'euros), DuPont (21 milliards) ou BASF toutes activités confondues (62 milliards). Aujourd'hui, la France compte encore selon le Gnis, soixante-quatorze sélectionneurs et 232 établissements producteurs de semences. Et, à côté des filiales de multinationales, ou des groupes européens très importants, certaines entreprises réussissent à se faire une place. C'est le cas d'entreprises familiales depuis plusieurs générations, comme Lemaire Deffontaines, mais aussi d'entreprises plus récentes comme Sem-Partners ou Panam (lire p. 28). C'est aussi le cas de nouveaux venus dans le secteur des semences comme de Sangosse, ou sur notre territoire, comme Fito Semences (lire p. 26). « Si nous sommes capables de tenir, c'est parce que nous investissons dans la recherche et que nous travaillons un grand nombre d'espèces de céréales à paille, notamment, explique Philippe Lemaire, à la tête de Lemaire Deffontaines. Nous disposons ainsi d'un catalogue variétal assez étoffé. En pois, par exemple, nous avons démarré la sélection il y a vingt-cinq ans et c'est seulement cette année, avec nos quatre variétés Equip, Rocket, Tonga et Sully, que cet investissement va être rentable. Nous avons par contre fait le choix de ne pas investir dans les hybrides, car le ticket d'entrée est là vraiment trop élevé pour une entreprise de la taille de la « Si nous nôtre. » « Nous nous en sommes sortis parce que nous nous sommes interesses a de petits creneaux, des marches de niche et que nous avons su construire des filieres, analyse de son cote, Jean-Pierre Brossillon qui a cree Sem Partners. Cette annee, nous avons a notre catalogue, pas moins de cinquante varietes differentes. » Et sa petite entreprise ne semble pas connaitre la crise.
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