L'année 2017 a été marquée par la montée en puissance de la cercosporiose, avec pour la deuxième année consécutive, de très fortes attaques.
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Depuis plusieurs années, la sole de betteraves en France s'était stabilisée aux alentours de 390 000 à 400 000 ha. En 2017, avec la fin des quotas, les coops et les industriels ont parié sur une augmentation des volumes travaillés pour réduire leurs coûts de transformation. Leur objectif était de gagner en compétitivité pour avoir la possibilité d'exporter à nouveau. C'est chose faite, les agriculteurs les ont suivis. « Les surfaces implantées ont fait un bond de 20 % à l'échelle nationale en 2017 », souligne Hubert Loiseaux, chez Florimond Desprez. Tous les secteurs sont concernés, même si des variations selon les sucreries ont été observées. L'usine de Fontaine-le-Dun en Seine-Maritime aurait même enregistré une augmentation de 30 % des emblavements. Ce renforcement de la sole va-t-il se poursuivre en 2018 ? « La tendance devrait être à une stabilité, voire un très léger recul », juge Anne Roze, chez Deleplanque. Même pronostic de la part de Sébastien Chaveron, chez Betaseed France. « Nous pensons que les surfaces vont connaître une légère baisse, de l'ordre de 1 à 2 %, estime Alice Lorriaux, chez SESVanderHave. « Les bons rendements obtenus en 2017 vont inciter les agriculteurs à retenir des références de rendements plus élevées pour le calcul de leurs surfaces, et donc à les réduire en 2018, remarque de son côté Delphine Delcroix, chez KWS France. La baisse pourrait atteindre -2 à -5 %. » Frédéric Cannaert, de DLF, est un peu plus optimiste : « Le recul devrait se limiter à 1 ou 2 % » indique-t-il.
æTolérance aux maladieset ravageurs
Les bio-agresseurs et en particulier les nématodes et les maladies font plus que jamais partie des préoccupations des agriculteurs. En 2017, la part des variétés doubles tolérantes rhizomanie-nématodes s'est légèrement renforcée aux alentours de 17 % du marché », note Delphine Delcroix. Elle n'était que de 16 % en 2016, 15 % en 2015 et d'après l'ITB (lire ci-contre), elle devrait encore progresser en 2018. C'est aussi l'avis d'Alice Lorriaux. Le marché des variétés antirhizomanie-rhizoctone brun est resté stable, entre 1,6 et 2 % du marché, selon les estimations des différents semenciers et la part des variétés fortement résistantes à la rhizomanie est toujours estimée entre 2 et 3 %. Dans un cas comme dans l'autre, ces variétés spécifiques concernent des zones géographiques assez précises, l'Alsace et le Massif central pour le rhizoctone brun, le sud de Paris pour les fortes résistances à la rhizomanie. « Cela étant dit, le fait le plus marquant en 2017, a été sans aucun doute, la montée en puissance de la cercosporiose, avec pour la deuxième année consécutive, de très très fortes attaques, poursuitFrédéric Cannaert. Sans variétés tolérantes à la maladie, certains agriculteurs seraient contraints d'arrêter les betteraves. » En ce qui concerne la protection des semences, les néonicotinoïdes pourront encore être utilisés en 2018, mais pour 2019, c'est la grande interrogation. Comme l'an dernier, Beetle de SESVanderHave est la variété la plus vendue en France, avec près de 10 % du marché.
æDLF, un nouvelinterlocuteur
Du côté des entreprises, l'année 2017 a surtout été marquée par la décision de Syngenta d'arrêter son activité betteraves et de la céder à la coop danoise DLF qui fait son entrée sur ce marché tout à fait nouveau pour elle. « DLF était jusque dans les années 1990, spécialisée uniquement dans les semences de graminées, explique Frédéric Cannaert. Avec une part de marché en gros de 50 % en Europe et de 25 % dans le monde, elle a fait le constat qu'elle était arrivée au taquet. Si elle voulait se développer, c'est dans d'autres espèces qu'il lui fallait investir. Elle a alors choisi de le faire par croissance externe, dans la luzerne, les pommes de terre, les épinards... et l'opportunité des betteraves sucrières s'est présentée, elle l'a saisie. Les deux marques Syngenta et Maribo ont été regroupées et désormais toutes les semences sont vendues sous la marque Maribo. »