BIOCONTRÔLE Une usine à produire des virus
Andermatt, leader mondial de la production de virus, a ouvert les portes de son atelier en Suisse. Le point sur une production pas comme les autres.
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Madex Pro, Madex Twin, Helicovex, Capex, Littovir : le point commun entre ces produits ? Ce sont des bioinsecticides composés de virus infectant les lépidoptères comme le carpocapse, la tordeuse de la pelure Capua ou encore la noctuelle de la tomate. Andermatt, qui se revendique comme étant le leader mondial en virus, les produit sur son site de Langenthan, en Suisse. Mais comment produit-on des organismes vivants de quelques centaines de nanomètres ?
Les virus sont des parasites obligatoires très spécifiques, s'il n'y a pas d'hôte, il n'y a pas de virus ! « Il faut récupérer les ravageurs sauvages et les élever en laboratoire, indique Johanna Häckermann, ancienne responsable de production. Et ce n'est pas facile : il faut qu'ils acceptent de manger la nourriture artificielle, et de se reproduire. Il faut parfois six mois, à un an pour les adapter. Et impossible de prendre des individus sauvages, ils pourraient être porteurs de virus. » Au final, ne reste que ceux capables de vivre en captivité. Ils mangent une nourriture adaptée faite maison, sorte de porridge. Et pondent sur une surface présentant des caractéristiques similaires au milieu naturel, soit par exemple un film plastique spécifique, fin et transparent, pour le carpocapse.
Infection des larves au stade L4
Une fois sorties des oeufs, les larves sont infectées au stade L4, par leur nourriture. « C'est le stade optimal, précise Johanna Häckermann. Plus grande est la larve, plus on peut récolter de virus. Mais au stade L5, elles ne mangent presque plus, le virus ne peut pas proliférer. » Les larves mettent entre deux et cinq jours à mourir, selon leur taille, le nombre de particules qu'elles ont ingérées, et la température. Les cadavres sont ensuite broyés, pour composer un épais jus marron.
Stockage dans des congélateurs à - 20 °C
Après filtration, ce jus contenant trop d'eau est centrifugé et formulé, avant dêtre soumis à des contrôles qualité. La quantité de virus est ajustée au besoin. « Le stockage se fait ensuite dans des congélateurs à - 20 °C, poursuit Johanna Häckermann. Soit le virus sorti de la centrifugeuse est congelé directement, soit c'est le produit formulé. Le virus est peu sensible à la température, mais pour préserver la qualité, c'est mieux de congeler. Sachant qu'il peut être décongelé et recongelé, et qu'il peut passer une semaine à 25 °C. » Même si pour des destinations comme l'Amérique du Sud, des camions frigorifiés sont utilisés.
Marion Coisne
2. Les insectes sont nourris avec une solution nutritive faite maison, produite par séries de 500 litres.
M. ZUGER
3. Larve de carpocapse infectée avec du Madex (CpGV, virus de la granulose), au stade L4, sur un milieu nutritif.
M. ZUGER
4. Larve de noctuelle méditerranéenne (Spodoptera littoralis) sur de la salade, infectée avec du Littovir.
M. ZUGER
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