FONGICIDES Réduction des solutions
La 11e Conférence internationale sur les maladies a mis en avant deux nouveautés, un antimildiou de DuPont et un antirouille à spectre large de Syngenta. Avec un constat : la pharmacopée s'appauvrit.
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Tous les trois ans, la Cima, conférence internationale sur les maladies organisée à Tours par l'AFPP, dresse un panorama des techniques de lutte et outils de recherche. Elle présente aussi les acquis récents sur les champignons et autres parasites. En 2015, l'ergot du seigle figure toujours en tête d'affiche. Il peut toucher toutes les céréales à paille et fait l'objet depuis le 10 juillet dernier de nouvelles limites de résidus sur les céréales brutes.
Progression des bioagresseurs
D'autres parasites émergent : c'est le cas du phomopsis de la carotte porte-graine contre lequel on manque de solutions. Et surtout, de la bactérie Xylella fastidiosa, menace potentielle pour les oliviers et la vigne, qui est surveillée de près depuis 2014 par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, la liste des organismes dangereux pour les végétaux comporte un peu plus de 260 noms en France. Dans le cadre de la nouvelle gouvernance de 2020, la DAGL entend se focaliser sur une vingtaine d'organismes prioritaires. Ceux-ci seront classés dans la catégorie 1 rassemblant les parasites ayant des conséquences graves. Les autres, moins dangereux, seront classés en catégorie 2 et catégorie 3. Ce système a pour but une détection précoce des parasites émergents ou introduits par les échanges commerciaux.
Le dernier volet de la conférence portait sur les nouveaux moyens de lutte. Visiblement, le débit de l'innovation s'est ralenti et peu de substances de synthèse sont attendues. Ni le contexte réglementaire très complexe, ni la hausse vertigineuse des études demandées aux firmes phytos n'ont arrangé les choses. « Depuis 1993, le nombre de matières actives autorisées s'est réduit de 60 %. Et les usages mineurs sont laissés pour compte », observe Marie-Pascale Latorse, chez Bayer. Même s'il reste dans la panoplie plus de 460 substances actives approuvées par l'UE et 78 candidates à substitution, on assiste à une réduction du nombre de modes d'action biochimique. « Pour les fongicides, le marché fonctionne sur quatre modes d'action majeurs, en particulier les inhibiteurs de la respiration et les inhibiteurs de l'ergostérol », ajoute Marie-Pascale Latorse. Le constat est assez identique pour les herbicides et les insecticides.
Deux substances actives de synthèse
La recherche n'a pourtant pas dit son dernier mot. DuPont a présenté à la Cima 2015 son nouveau fongicide Zorvec, représentant d'une nouvelle famille chimique spécifique des champignons oomycètes, c'est-à-dire du mildiou.« Le Zorvec ne présente aucune résistance croisée avec les autres antimildious, avec une efficacité et une systémie excellente sur le feuillage », décrit Benjamin Perotin, chez DuPont. Ce produit devrait être lancé à l'horizon 2018 sur les pommes de terre, mais aussi sur la vigne et les légumes. Pour préserver son efficacité, il sera formulé en mélange et préconisé en préventif.
L'autre innovation attendue sur les céréales est le Solatenol de Syngenta, un fongicide SDHI. Cette matière active allie une longue durée d'action et une efficacité élevée sur les rouilles. « C'est devenu une référence sur la rouille du soja en Amérique du Sud. En Europe, le Solatenol sera lancé en priorité sur le marché des céréales. Il contrôle plusieurs maladies majeures sur le blé et l'orge comme la septoriose et les rouilles, mais aussi l'oïdium de la vigne », détaille Odile Rambach, chez Syngenta. Le lancement de ce fongicide par Syngenta est attendu à partir de 2016.
Du côté des formulations, il y aura aussi quelques nouveautés : l'association de kresoxim et penconazole présentée par Sapec Agro va offrir un moyen de lutte combiné sur l'oïdium et le black-rot de la vigne. La conférence s'est poursuivie en décrivant des méthodes de biocontrôle. A l'appui des essais réalisés en France sur la vigne, un dossier avancé est celui de l'antibotrytis de Sumi Agro, formulé avec trois terpènes issus ou copiés sur des substances naturelles : thymol, géraniol, eugénol, en cours d'autorisation en France. La formulation micro-encapsulée mise au point par Sumi Agro permet avec ces composés volatils, d'obtenir un relargage progressif. Cet antibotrytis pourrait s'appliquer sans risque avant la récolte : un argument intéressant !
Marianne Loison
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