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RAVAGEURS ET NUISIBLES Repenser la lutte

On observe une présence accrue des taupins sur le maïs.C. WATIER

La lutte contre les insectes du sol et contre les vertébrés nuisibles en grandes cultures constituentdeux enjeux importants abordés lors de la Cira 2017, à Montpellier, fin octobre.

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Alors que la panoplie insecticides se renouvelle au ralenti, la 11e Conférence internationale sur les ravageurs et les auxiliaires en agriculture, organisée par l'AFPP, a passé en revue les différents leviers de la protection intégrée. Une session a décrit comment l'écologie chimique, les régulations naturelles et les haies « écofonctionnelles » pouvaient apporter leurs contributions. Une autre session a décrit les ravageurs « nouveaux », comme le thrips asiatique, la cicadelle de la pomme de terre, le psylle de la carotte. Enfin, les dégâts causés par les vertébrés nuisibles prouvent que l'on est loin d'avoir résolu ces fléaux qui peuvent menacer l'avenir du tournesol dans certaines régions.

Un micro-organisme antitaupins à suivre

La problématique des taupins (Agriotes spp) se pose avec de plus en plus d'acuité sur deux grandes cultures : le maïs et la pomme de terre. Contre ce ravageur du sol, Dow AgroSciences a présenté une solution à base de spinosad. Les résultats montrent son intérêt dans le cas d'attaques de taupins faibles à modérées, à moins de 30 %. Cette situation concerne la plupart des parcelles maïsicoles en France. Sur les pommes de terre, ce produit formulé en microgranulés a obtenu des résultats d'efficacité supérieurs au témoin non traité, même dans des situations d'attaques dépassant les 40 %.

Le spinosad apporterait un mode d'action original dans le contrôle de plusieurs ravageurs du sol. « Le produit est déposé à l'homologation pour la France avec DRR zonal. Sous le nom de Success GR, il sera commercialisé par la société DowDuPont », détaille Christian Colas, manager international de SBM Développement. Le spinosad devrait d'abord être autorisé sur les taupins et les ravageurs souterrains du maïs, puis l'an prochain sur les pommes de terre, avec par la suite une extension possible sur le tournesol.

Pour contrôler les taupins, Arvalis a testé une autre solution : le Met 52 Granulé, formulé avec un micro-organisme : la souche Metarhiziumbrunneum F5. Les résultats prometteurs en laboratoire sur les larves ont permis d'envisager des recherches plus poussées au champ sur le maïs et les pommes de terre. Les applications à fortes doses, réalisées en plein au moment du semis ou de la plantation, permettent de réduire les dégâts en moyenne d'environ 50 % sur les jeunes plantes ou tubercules. Ce résultat très encourageant reste tout de même variable, étant lié aux conditions du milieu et au stade du ravageur. « Actuellement, le coût de cette technique ne permet pas d'envisager son utilisation en plein champ à très court terme, même si elle présente unintérêt », note Philippe Larroudé, du pôle ravageur Arvalis.

Vertébrés nuisibles : enquête dans les coops

Autre préoccupation en grandes cultures : les vertébrés nuisibles comme les corvidés, pigeons, campagnols ou autres lapins. Agrosolutions, la filiale expertise-conseil en agroenvironnement d'InVivo, a enquêté auprès de cinquante responsables techniques du réseau d'expérimentation du groupe coopératif, afin d'évaluer plus spécifiquement les dégâts causés. Les dommages économiques provoqués sur le tournesol par les oiseaux, notamment les pigeons ramiers et les corbeaux freux, sont particulièrement importants. « Les attaques d'oiseaux concernent environ un tiers des parcelles de tournesol, entraînant baisse de rendement, de teneur en huile et ressemis », observe Christophe Sausse de Terres Inovia. Dans les zones les plus touchées, l'avenir de la culture du tournesol est menacé tout comme celui des cultures de pois ou de soja. D'autres cultures sont aussi concernées. Sur les céréales à paille, le principal vertébré nuisible cité est le campagnol, dont la pression augmente depuis cinq ans. Selon les zones, 20 à 50 % des parcelles de luzerne et de betteraves sont aussi attaquées par les campagnols avec une nuisibilité assez forte, pouvant entraîner des ressemis.

L'effaroucheursonore peu efficace

La principale méthode de lutte utilisée contre les oiseaux déprédateurs est l'effarouchement sonore, mentionnée dans 41 % des réponses, mais jugée peu efficace. L'utilisation de traitements de semences ou de répulsifs est également largement citée, mais son efficacité reste faible avec en moyenne une note de 4,5 sur 10. Les autres méthodes citées sont la lutte chimique réglementée (bromadiolone ou neige carbonique) et la mise en place de mesures agronomiques, comme le travail du sol. La lutte par régulation naturelle, autrement dit l'installation de perchoirs à rapaces aux abords des parcelles, est jugée moyennement efficace tout comme le piégeage et l'utilisation de répulsifs à base de piment, tabasco ou de fioul. En conclusion, les responsables interrogés reconnaissent, à l'unanimité, que « la lutte contre les micromammifères nécessite d'être collective pour être pleinement efficace ».

Anne-Marie Laville

Les attaques d'oiseaux sur le tournesol touchent environ un tiers des parcelles.

S. CHAMPION

La principale méthode de lutte est l'effarouchement sonore.

C. THIRIET

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