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HERBICIDES Vaincre les résistances

Les résistances aux herbicides se développent, chez les graminées comme les dicotylédones. Il est essentiel de rester vigilant, et de bien utiliser tous les outils, agronomiques et chimiques, pour désherber.

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Les 21 et 22 octobre derniers se sont tenues à Avignon les premières JÉR, journées d'échanges sur les résistances aux produits de protection des plantes - herbicides, insecticides et fongicides -, organisées par R4P (réseau de réflexion et de recherches sur les résistances aux pesticides). L'objectif, « échanger avec la profession, favoriser les transferts », précise Myriam Siegwart de l'Inra d'Avignon, l'une des neuf membres du R4P, issus de l'Inra, de l'Anses et de la DGAL.

Pénurie de nouveaux modes d'actions

Pourquoi vouloir prévenir l'apparition de résistances aux herbicides ? « Pour une protection intégrée efficace », répond Christophe Délye, membre du R4P, de l'Inra de Dijon. Et il ne faut pas espérer l'arrivée miraculeuse d'herbicides inédits : « la découverte du dernier nouveau mode d'action date de 1991 ». En France, des résistances ont été confirmées pour les groupes les plus utilisés : A, B, C et G (lire encadré). « Une cible = un mode d'action = un groupe = une lettre », martèle Christophe Délye. Pour le groupe C, la résistance est limitée aux triazines, aujourd'hui interdites. Pour le groupe A (inhibiteurs de l'ACCase), vulpin, ray-grass, agrostis et avoine sont les plus concernés. Quant au groupe G, une résistance émergente au glyphosate a été confirmée pour le ray-grass et la vergerette en vigne. Bientôt en grandes cultures ? « Aux Etats-Unis, elle existe depuis 1996-1997, conséquence de l'utilisation intensive de variétés OGM, relate Christophe Délye. La situation n'est pas la même ici : le risque de sélectionner directement la résistance est assez faible. En revanche, elle pourrait passer du vignoble aux grandes cultures. L'uniformisation du désherbage avec les inhibiteurs de l'ALS [groupe B, ndlr] représente un risque bien plus élevé. » A l'heure actuelle, la résistance au groupe B est installée chez le vulpin et le ray-grass et émergente chez le coquelicot (voir carte). Des cas ont aussi émergés chez des bromes, agrostis, folle-avoine et matricaire et, plus récemment, chez de la stellaire en 2012, en Normandie dans du blé, et chez du panic pied-de-coq en 2012, en Camargue dans du riz. « Il semble y avoir un développement plus rapide des phénomènes de résistance, lié notamment à l'utilisation croissante d'inhibiteurs de l'ALS », alerte Christophe Délye.

Efficacité et diversité du désherbage

« Il est illusoire d'imaginer prévenir les résistances. Par contre, on peut envisager retarder leur évolution », prévient le chercheur. Avec deux mots d'ordre : efficacité et diversité. « Une forte efficacité va favoriser une résistance liée à la cible [mutation concernant la cible de l'herbicide, ndlr], moindre mal que la résistance non liée à la cible », explique Christophe Délye. En parallèle, il faut alterner les moyens de lutte dans la rotation, combiner prophylaxie, méthodes chimiques et non chimiques, et varier les modes d'actions. « Il faut favoriser en premier lieu les pratiques non chimiques », rappelle Christophe Délye. En attendant les prochaines JÉR en 2014, chacun est invité à faire remonter d'éventuels cas inédits. Un questionnaire « détection précoce de phénomènes de résistance », est disponible sur demande à delye@dijon.inra.fr.

Marion Coisne

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