FONGICIDES La modélisation plus que jamais
Les OAD font leurs preuves. Ils apportent une meilleure valorisation des traitements et une gestion plus précise voire une baisse des intrants dans le droit fil du Grenelle.
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Si l'incontournable présentation des nouvelles molécules a bien eu lieu, lors de la Cima de Tours, les 8 et 9 décembre dernier, les OAD étaient aussi à l'honneur. Plusieurs outils ont été présentés. Améliorer sans cesse la prévision : c'est l'objectif des modèles et grilles de décision développés par les instituts techniques et de recherche. Compte tenu de la place stratégique des céréales d'hiver, un effort particulier leur est consacré. Dans le cas de la septoriose, principale maladie des blés, le positionnement de la protection s'est amélioré avec Septo-LIS depuis 2008. Cet outil développé par Arvalis-Institut du végétal permet de décider de la date optimale pour déclencher le premier traitement antiseptoriose, en fonction de l'année. Des essais mis en place en 2008 et 2009 ont montré que le gain permis par ce modèle se chiffre en moyenne de + 4 à + 6 q/ha (avec une dispersion de + 1 à + 10 q/ha), ce qui n'est pas négligeable. Septo-LIS permet aussi d'optimiser le programme fongicide, en évitant une protection précoce qui serait inutile. D'autres modèles maladies sont en cours de validation sur blé : le modèle rouille brune élaboré par l'Ensa Toulouse et Arvalis. Il se base sur des variables climatiques (pluie et température) fortement reliées à la nuisibilité. Ce modèle donne de bons résultats sur le plan quantitatif et qualitatif.
Grilles de décision DON sur blé
L'autre grand enjeu stratégique sur céréales est de limiter le taux de mycotoxines sur le grain, en particulier le taux de DON émis par les agents de la fusariose (Fusarium n. et Microdochium). Arvalis a mis à disposition des agriculteurs et des organismes stockeurs différents outils d'aide à la décision, améliorés au fil des huit années d'enquêtes sur le terrain. Le premier outil repose sur des grilles agronomiques d'évaluation du risque, destinées aux agriculteurs et aux OS. Il existe aussi des modèles agro-climatiques, développés pour les conseillers et OS sur un bassin de production. Arvalis a validé ces outils d'aide à décision et de prévision en intégrant deux années atypiques 2007 et 2008, en blé tendre comme en blé dur. Une certitude : la gestion des résidus reste le levier le plus important pour limiter le risque. Des études réalisées en parcelles expérimentales ont montré qu'après un précédent maïs, le choix du non-labour pouvait être compensé par un broyage fin et une incorporation superficielle des résidus, pour accélérer leur dégradation et limiter la réserve d'inoculum. Le choix de la variété reste également un critère important dans une optique de qualité sanitaire. Enfin, le bon positionnement du traitement antifusariose, à la floraison, reste aussi incontournable.
Sclérotinia du colza et helmintho du maïs
Sur colza, le risque sclérotinia est géré avec le kit pétales. Depuis dix ans, le Cetiom mesure la pertinence de cet outil qui détermine le taux de contaminations sur une parcelle à partir de l'analyse de quarante fleurs prélevées au stade F1 de la floraison. Toute la difficulté consiste à fixer le meilleur seuil de décision. L'indicateur pétales a donc été évalué sur les campagnes successives depuis 2000. Le seuil de 30 % de fleurs contaminées a conduit dans 90 % des cas à la bonne décision, avec des réductions de traitements de l'ordre de 30 %. Dans la dernière décennie, seule 2007 se classe à part et aurait nécessité d'appliquer un seuil plus bas, du fait d'une très forte pression de maladie. Annette Penaud, du Cetiom, estime que l'indicateur bien que très utile est encore un peu imparfait. « Nous allons augmenter sa sensibilité en renouvelant la mesure sur pétales 8-10 jours plus tard, en le combinant à d'autres modèles, et en lui ajoutant un système d'assurance. Le Cetiom travaille à l'élaboration d'une autre modèle, Sippom, qui valide la tolérance des variétés au phoma. Sur le maïs, la prévision des maladies, qui étaient jusqu'à présent moins préoccupantes que sur les autres grandes cultures, débute tout juste. La Cima a présenté la mise au point d'un seuil de traitement vis-à-vis de l'helminthosporiose fusiforme. Cette maladie, présente en Alsace depuis longtemps, provoque depuis cinq ans des pertes de rendement de 5 à 30 %. La chambre d'agriculture du Bas-Rhin et la coopérative agricole de céréales de Colmar ont pris le dossier en main. Une série d'essais a été conduite dans une région de monoculture, avec des variétés sensibles à la maladie. Elle a permis de fixer le seuil d'intervention à 15 % de pieds touchés. Lorsque ce seuil est atteint, il faut intervenir de façon précoce, afin d'éviter l'explosion de la maladie
Modèles sur vigne : mildium fait baisser l'IFT
Englober la prévision du mildiou et de l'oïdium et diminuer les quantités d'intrants nécessaires à la protection des vignobles : tel est le but de mildium. Cet outil de décision a le mérite de proposer une approche nouvelle sur vigne, plus complète. Il est conçu et expérimenté depuis quatre ans par des chercheurs de l'Inra-UMR, du Cemagref et de l'Enita Bordeaux. Il se base d'une part sur des indicateurs parcellaires, d'autre part sur des indicateurs par microrégion. Selon Laurent Delière de l'Inra, le bilan 2009 s'annonce plutôt bien : « On constate une réduction de l'IFT de 39 % pour le mildiou et de 46 % pour l'oïdium. Et les objectifs qualitatifs des viticulteurs ont été atteints dans 27 parcelles sur 30. Sur le plan économique, la réduction moyenne du coût de traitement est estimée à 184 €/ha, soit - 34 %. » Cet outil de décision va être testé en 2010 sur une quarantaine de parcelles et une dizaine de départements, pour réaliser certains ajustements. Mildium vise dans un premier temps les techniciens et les prescripteurs. Un autre projet Inra-UMR-Bayer se développe pour modéliser le botrytis de la vigne. Il se fonde sur les indices climatiques liés au risque tardif de cette maladie. Ce modèle va permettre en particulier de conseiller ou reporter le traitement de véraison, en fonction du risque de l'année. Ensuite, en fonction de l'intensité du botrytis, il permet d'indiquer le meilleur positionnement pour traiter en postvéraison.
Marianne Loison
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