ENGRAIS Toujours en retard !

C'est en tout cas ce qui ressort d'une étude d'Agro-service études, une junior entreprise émanant d'AgroParisTech. L'idée est d'observer la corrélation entre les prix des productions agricoles et ceux des engrais, sachant que le coefficient de corrélation entre deux courbes admet un maximum pour un certain décalage. Ainsi, différentes corrélations ont été calculées en déplaçant dans le temps les courbes de différents engrais (DAP, MOP, TSP et urée granulée) par rapport à une courbe fixe d'une denrée agricole (blé, soja ou riz). Les étudiants se sont alors aperçus que sur la période d'étude (de 1980 à 2009), les coefficients de corrélation sont significatifs et qu'en moyenne, les engrais réagissaient 4 mois après le blé (corrélation maximale des courbes de 0,72 obtenue avec un décalage de superposition de 4,15 mois) et 2 mois après le soja. Pour Benjamin Balique, étudiant à AgroParisTech sur ce dossier, « la conclusion principale de cette étude est que les cours des engrais ont tendance à être en retard sur les productions agricoles, mais qu'il existe un décalage variable selon les productions et les types d'engrais ». Ainsi, le phosphate (DAP et TSP) semble réagir assez rapidement aux cours des productions agricoles alors que le MOP est plus inerte : il réagit environ 9 mois après le blé. On l'a bien vu sur la période récente. « C'est un marché à fonctionnement particulier avec des contrats annuels qui sont responsables de ce plus grand décalage », explique Benjamin Balique.

Fortes corrélations en période de crise

En revanche, en restreignant la période d'étude sur 1980-2006, les corrélations maximales trouvées sont environ deux fois inférieures, rendant les interprétations difficiles. Alors, cela signifie-t-il que les corrélations fortes sont réservées aux périodes de crise, type 2007-2009 ? Ou bien que le phénomène de transmission verticale des prix entre les différents marchés est récent ? A suivre.

Renaud Fourreaux