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SEMENCES OGM Difficile coexistence au champ

Les chercheurs européens du programme Co-Extra préconisent des zones dédiées ou de très grandes distances d'isolement pour cultiver des OGM en Europe.

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Après quatre années de travail, le programme de recherche européen Co-Extra (débuté en avril 2005 et qui se finira en septembre 2009) a rendu au mois de juin ses conclusions. Son objectif principal est de fournir les outils nécessaires en vue d'assurer la coexistence et la traçabilité des filières utilisant des produits OGM, conventionnels ou biologiques.

Si le fruit de ces années de recherche a surtout pour but de fournir des méthodologies aux Etats membres et aux acteurs économiques, Co-Extra a tout de même délivré un message politique fort : « Le seuil pratique employé par les opérateurs est de 0,1 % de présence d'OGM, soit bien en dessous du seuil d'étiquetage européen fixé à 0,9 %, a ainsi insisté Yves Bertheau, chercheur à l'Inra et coordinateur de Co-Extra. Cette réalité prouve que la coexistence entre cultures OGM et non OGM n'est possible qu'en employant des distances d'isolement importantes ou des zones de production dédiées. »

Flux de gènes et modèles

Car c'est bien là une des préconisations essentielles de l'étude qui rappelle qu'en Europe la taille des parcelles agricoles est en moyenne relativement faible. « Un seuil à 0,1 % avec plein de petites parcelles, ça ne tient plus », résume Yves Bertheau. S'appuyant sur l'étude des flux de gènes, Co-Extra préconise donc de dédier les cultures transgéniques à certaines zones selon des modèles permettant d'évaluer ces grandes distances d'isolement en fonction de divers paramètres (espèces, taille des parcelles, géographie locale, vent etc.). Pour le maïs par exemple, dont le pollen est pourtant réputé peu volatil, la distance requise peut atteindre 300 m pour respecter le seuil de 0,1 %. D'autres pollens voyagent jusqu'à 30 km, obligeant à dédier de très grandes zones aux OGM. « Un scénario inacceptable et en contradiction avec la liberté de choix des producteurs », s'insurge Orama. « La coexistence est tout à fait possible et maîtrisable », estiment semenciers et agrochimistes qui contestent les conclusions de Co-Extra.

Laurent Caillaud

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