BIOCONTRÔLE Accélérer l'arrivée de solutions
Le marché connaît une vraie expansion, mais à plusieurs vitesses selon les filières. Le ministre de l'Agriculture soutient un « modèle français » , qui aurait pour but de faciliter l'arrivée de solutions de biocontrôle.
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Au fil de leur colloque annuel du 30 janvier, les industriels du biocontrôle d'IBMA France affichaient la vitalité du secteur. La progression de chiffre d'affaires, de + 14 % en 2016 par rapport à 2015, s'est soldée par un résultat de 110 millions d'euros. « Notre objectif : capter 15 % du marché des produits de protection des plantes en 2025 contre 5 % actuellement, sous réserve de soutenir la recherche et de faire connaître les solutions existantes », annonce Antoine Meyer, présidentd'IBMA France qui rassemble 90 % des entreprises du secteur.
Les grandes cultures, parent pauvre
De passage au colloque, Stéphane Travert a affirmé qu'il veut bâtir « un modèle français » pour le biocontrôle, rappelant que cinquante projets de recherche ont été lancés en France depuis 2010 avec l'appui du Consortium biocontrôle. Cette transition passe par plusieurs étapes : faire évoluer les méthodes d'évaluation des produits et établir des mesures spécifiques dans la vente et le conseil. « Nous devons mettre en place des substances de remplacement aux produits les plus préoccupants », a martelé Stéphane Travert. Le ministre a annoncé l'actualisation plus fréquente de la liste biocontrôle, qui compte 451 substances, soit 106 supplémentaires par rapport à 2017. Alors que le marché est porteur, les solutions de biocontrôle se développent inégalement en France suivant les filières. L'agriculture représente les trois quarts des ventes et progresse de + 18 % par an. Actuellement, les grandes cultures restent le parent pauvre, même si les antilimaces à base de phosphate ferrique couvrent 600 000 ha. En revanche, le biocontrôle progresse en cultures sous abri. « Près de 100 % des productions de tomates et concombres en serre ont recours au biocontrole. 70 % des vergers de pommes et de poires et 7 % des vignobles utilisent la confusion sexuelle », comptabilise Denis Longevialle, directeur d'IBMA France.
Mieux financerla recherche
Très dynamique, le secteur jardin-espaces vert enregistre une forte progression du biocontrôle, + 54 % par an. Dans le secteur agricole, le premier frein reste le nombre restreint de solutions. « De nombreux produits sortis depuis 2009 sont des déclinaisons de substances existantes ou des souches proches de celles déjà connues », détaille Cédric Bertrand de l'université de Perpignan, qui préside aussi l'Académie du biocontrôle en France.
Lors de la journée du 30 janvier, IBMA France a présenté son nouveau bureau, présidé par Antoine Meyer (Sumiagro), accompagné de Frédéric Favrot (Koppert France) et Ronan Goffe (Certis). « Notre volonté : accélérer la recherche par la voie d'un crédit impôt-recherche majoré. C'est une bonne voie pour créer une filière d'excellence », a affirmé Antoine Meyer. Son entreprise Sumiagro réalise environ 25 % de son chiffre d'affaires avec le biocontrôle, tout comme Certis. Pour ces deux acteurs qui restent prudents, le développement en grande cultures s'annonce « très progressif » et implique une certaine « prise de risque ». La position de Koppert, tourné vers les cultures spéciales est un peu différente : « Nous envisageons de doubler notre chiffre d'affaires d'ici quatre ans par les bio-solutions, issues de différentes familles », annonce Frédéric Favrot. « Mais pour que le biocontrôle se développe plus largement, il faut que le consommateur soit prêt à payer plus cher pour ses fruits et légumes. »
Anne-Marie Laville
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