PRODUITS DE BIOCONTRÔLE En phase de décollage
L'industrie du biocontrôle fête ses vingt ans et la 10e édition de sa conférence annuelle Abim qui a réuni près de 900 participants en octobre 2015, à Bâle. Avec la perspective d'une croissance annuelle de plus de 10 %.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Un marché mondial qui progresse : le secteur du biocontrôle voit l'avenir avec optimisme, en dépit d'une législation qui piétine en Europe. « La croissance du marché mondial ne se dément pas », relève David Cary, directeur exécutif d'IBMA. Et les experts prédisent qu'elle va continuer au rythme régulier de + 12 à + 15 % par an. Les plus optimistes estiment que le marché européen du biocontrôle aura dépassé le marché américain en 2018. Actuellement,l'Europe compte beaucoup moins de produits homologués : 125 pour l'UE contre 420 pour les Etats-Unis.
200 sociétés spécialisées
Un rapide tour d'horizon indique que plus de 200 sociétés se consacrent au biocontrôle au plan mondial, hors Inde et Chine. « 60 % de ces entreprises ont été créées depuis 1990, relève Bill Dunham, consultant. Et cinq sociétés ont aujourd'hui un chiffre d'affaires annuel dépassant 100 M$. » Signe que le marché compte bien quelques poids lourds.
La conférence Abim 2015 a donné cette année la parole à plusieurs de ces acteurs, qui ont fait du biocontrôle leur axe de développement. C'est le cas de l'américain Valent Biosciences (groupe Sumitomo), de l'italien Valagro et du suisse Andermatt Biocontrol. Leurs stratégies diffèrent cependant.
Pour Valent Biosciences, dont la recherche reste bidirectionnelle, il s'agit de proposer des solutions mixtes, combinant les produits conventionnels et le biocontrôle. « Notre ambition est de fournir des solutions complètes, de la protection de la semence jusqu'à la post-récolte », souligne Denis Troalen de la société américaine.
De son côté, l'italien Valagro veut couvrir trois pôles : biofertilisants, biostimulants et biocontrôle (3B), en s'appuyant sur sa maîtrise de nouveaux principes actifs. « Notre objectif est de faire décoller la productivité en s'appuyant sur ces 3 B », souligne Prem Warrior, de Valagro.
Les choix du suisse Andermatt sont plus ciblés sur les moyens biologiques, en sortant de ses frontières pour se développer sur plusieurs continents.
Au-delà de ces trois exemples, les grandes sociétés de l'agrochimie et leurs filiales biocontrôle participaient aussi à la conférence 2015 : BASF, Bayer, Syngenta, Monsanto... Avec des ambitions avouées : « Nous misons sur une croissance continue sur tous les continents dans les dix prochaines années », déclarait Ashish Malik de Bayer, qui après le rachat d'Agrogreen, Agraquest, Prophyta et Biagro, possède quatre centres de R & D dédiés au biocontrôle.
Plusieurs formulations nouvelles
C'est dans le domaine des micro-organismes - segment majeur - que l'innovation semble la plus soutenue. Plusieurs formulations nouvelles ont été annoncées. Agbiome va lancer en 2016 le biofongicide Howler à base de pseudomonas, un produit à spectre large efficace sur plusieurs pathogènes du sol. La société allemande Sourcon Padena développe aussi une formulation de pseudomonas pour les pommes de terre, Proradix, qui protège les parties souterraines des attaques fongiques, en particulier du rhizoctone. Dans la catégorie des extraits naturels, deux produits ont été présentés : Requiem de Bayer et les spécialités microencapsulées de Botanocap. Le Requiem est formulé avec des terpènes naturels d'origine végétale, à action insecticide. Il devrait trouver sa place dans les programmes de lutte intégrée sur les agrumes et les pommes de terre. Botanocap travaille sur la microencapsulation des huiles essentielles, avec à son actif l'antibotrytis vigne, Botanofresh et l'antigerminatif pomme de terre, Potatofresh.
Le secteur des insectes auxiliaires était aussi représenté par les deux spécialistes Biobest et Koppert, spécialisés dans la fourniture de macro-organismes. « Aujourd'hui, nous nous tournons vers des espèces endémiques et la sélection de souches. Et nous nous efforçons d'améliorer les techniques de diffusion des auxiliaires », commente Tom Groot de Koppert. De son côté, Biobest élargit son champ de recherche aux auxiliaires "préventifs", capables par exemple d'empêcher l'installation des pucerons sur les cultures.
Un premier award de l'innovation
Pour marquer sa dixième année, la conférence a mis en place un prix de l'innovation, dédié à l'un des fondateurs d'IBMA, Bernard Blum. Ce premier award a été décerné à Vestaron, une jeune société américaine qui vient de mettre sur le marché un bioinsecticide, Spear. Celui-ci combine deux modes d'action nouveaux, basé sur des peptides d'origine naturelle, sans classement toxique. Spear est destiné à la lutte contre les aleurodes et les thrips en serre, mais dans un deuxième temps, il devrait être lancé sur des cultures de plein champ. Il va sans dire que Vestaron s'intéresse aussi aux marchés européens.
Anne-Marie Laville
Willem Ravensberg, président d'IBMA (à gauche) et Lucius Tamm de FIBL, coorganisateur de la conférence.
M. LOISON
Pour accéder à l'ensembles nos offres :