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LÉGUMES Les macro-organismes ont encore de l'avenir

Le Macrolophus est l'un des macro-organismes le plus utilisé en cultures légumières sous serre, notamment sur les tomates.KOPPERT BV

Bien installés sous abri depuis des dizaines d'années, les macro-organismes semblent peiner en plein champ. Quelles sont les opportunités qui s'offrent à ce marché a priori mature ?

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Lâchers d'insectes génétiquement modifiés en plein champs, bourdons transportant un champignon antagoniste sous serres... Si ces techniques peuvent paraître futuristes, elles sont déjà mises en oeuvre à travers le monde. En cultures légumières, sur l'Hexagone, les macro-organismes ne sont pratiquement utilisés que sous abri. Que regroupe cette famille du biocontrôle ? Des insectes, des acariens, mais aussi des nématodes. Nombreux, ils sont classés selon leur mode d'action : prédateurs, parasitoïdes, nématodes entomopathogènes. Les données chiffrées récentes sur leur utilisation sont rares. En 2007, le CTIFL faisait état de 1 264 ha de tomates utilisant des auxiliaires, soit 70,2 % des surfaces et 231 ha pour le concombre (73,8 %), des chiffres qui auraient relativement peu bougé. « Le marché des macro-organismes sous abri est plutôt mature : il n'a pas fait le plein et continue de se développer chaque année, mais cette croissance n'est pas exponentielle », estime Philippe de Vregille, de la société d'étude TerrEtude. Les deux plus utilisés restent Encarsia formosa, parasitoïde spécifique de mouches blanches (aleurodes), et Macrolophus caliginosus (M.pygmaeus), punaise miride. Sous serre chauffée, avec un climat maîtrisé, la quasi-totalité des producteurs sont en PBI (production biologique intégrée).

Un marché sous serre plutôt mature

Après, il faut tenir toute la saison : un nouveau ravageur ou un débordement d'autres, peuvent mener à faire un traitement chimique, perturbant les autres auxiliaires. « L'an dernier, il a été très compliqué de maintenir l'équilibre nuisibles-ravageurs : c'était l'année la moins lumineuse depuis vingt ans », relate Hubert Colas, chez Triskalia. Autre difficulté : la logistique, la durée de vie des insectes est limitée et nécessite une rigoureuse organisation du fournisseur au producteur. Si le marché est mature il n'en innove pas moins pour autant, même s'il l'on ne découvre pas un nouvel auxiliaire tous les jours : conditionnement, mix de macro-organismes, espèces plus adaptées aux différents climats, nouveau ravageur...

Une utilisation en plein champ n'est pas à écarter

Et le plein champ ? Excepté les trichogrammes sur maïs, les macro-organismes n'ont pas vraiment fait leurs preuves. Des essais ont été menés par la station d'expérimentation Sileban en Normandie, sur chou, avec des lâchers de chrysope sur pucerons. « Les résultats sont encourageants, la protection intéressante, mais le coût à l'hectare reste trop important, précise Philippe Fraisse, ancien de la station, aujourd'hui chez Agrial. Cela dit, si cela se généralise avec des volumes d'auxiliaires plus importants, les prix pourraient baisser. » Sur les poireaux, la piste des acariens prédateurs (Amblyseius cucumeris) contre les thrips est étudiée. « On est encore au stade du test produit, depuis deux ans des expérimentations chez un producteur sont réalisées », indique Fabian Rivalin, technicien spécialisé bio-PBI à la CAMN (maraîchers nantais). « Mais pour l'instant, l'efficacité n'est pas optimale et cela reste coûteux et compliqué », ajoute Claude Bizieux, responsable appro de la coop. La porte du plein champ n'est donc pas fermée. « Il y a des solutions qui peuvent voir le jour à moyen long terme. Reste à voir si les firmes investiront », conclut Philippe Fraisse. Hors Europe, la technique des insectes stériles s'est aussi développée. Le principe ? Lâcher des mâles stériles pour réduire les populations de nuisibles : ils s'accouplent avec les femelles qui n'ont ainsi aucune descendance. La stérilisation peut être faite par irradiation ou par modification génétique. La société anglaise Oxitec a développé des insectes GM et travaille actuellement sur la lutte contre Tuta absoluta et drosophila suzukii. Mais pas pour le marché européen : « Le processus d'homologation est trop complexe », note Hadyn Parry, CEO d'Oxitec.

Et les micro-organismes ? « C'est une voie à suivre. Une vague de produits devrait arriver », prédit Marc Delporte au CTIFL. En témoigne l'intérêt croissant des firmes pour le secteur : rachat de Becker Underwood par BASF, ou encore AgraQuest par Bayer.

Marion Coisne

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