PRODUITS DE BIOCONTRÔLE Un tournant en 2012

Pour les 540 participants à la conférence IBMA, producteurs et distributeurs de produits de biocontrôle, cette édition 2012 (1) devrait marquer un tournant. D'une part, la conférence se déplacera l'an prochain à Bâle sur un site plus vaste. D'autre part, 2012 marque le début des grandes manoeuvres. Car depuis le début de l'année, on vit une accélération des achats et des accords passés entre firmes agrochimiques et sociétés de biocontrôle.

BASF, Bayer, Syngenta sur les rangs

BASF a fait l'acquisition de Becker Underwood, spécialiste de la bioprotection des semences. En juillet 2012, Bayer a élargi son portefeuille par le rachat de l'américain Agraquest, fournisseur de produits de biocontrôle. Le 26 octobre dernier, le danois Novozymes et la société Syngenta ont à leur tour annoncé un accord de distribution. Celui-ci concerne le biofongicide Taegro, dont le principe actif est le micro-organisme Bacillus subtilis. « Cette collaboration s'inscrit dans le développement de Syngenta sur le marché des fongicides et de la protection intégrée, en s'appuyant sur le savoir-faire de Novozymes en matière de technologies », rapporte Thomas Videbæk, Executive Vice President de Novozymes.

Cette évolution n'est pas une surprise. Lors de la conférence IBMA, Marcus Meadow-Smith, de Bayer CropScience Biologics, a dressé un bilan clair de la situation actuelle : « Les sociétés agrochimiques introduisent moins d'innovations que par le passé. On compte une trentaine de matières actives en phase de développement aujourd'hui au plan mondial. Et il faut désormais compter en moyenne dix ans entre la synthèse et la mise sur le marché d'une molécule. » Stratégiquement, les accords passés avec les sociétés de biocontrôle permettent d'injecter dans les tuyaux de nouveaux produits, qui ont de plus, l'avantage d'être compatibles avec le principe de lutte intégrée.

Sur tous les fronts

Parmi les nouveautés présentées à Lucerne, il faut citer le nématicide Nemguard, d'Intrachem, formulé avec des extraits d'ail, qui est homologué au Royaume-Uni sur les cultures légumières.

Les bioherbicides restent encore peu nombreux sur le marché mondial. La société américaine Marrone Bio Innovations a dirigé ses recherches sur ce secteur, développant trois spécialités : MB 010, un herbicide à large spectre, Opportune un herbicide sélectif, la Sarmentine, un herbicide défoliant. Deux de ces produits sont présents sur le marché nord-américain.

Dans le rayon des biosinsecticides, plusieurs moyens de lutte contre les thrips ont été décrits par différentes sociétés, à base de micro-organismes ou de phéromones. Becker Underwood a présenté sa préparation Met 52 à large spectre insecticide, racinaire et foliaire, à base du Metarhizum anisopliae, homologué dans plusieurs pays de L'Union européenne. Plus original : un bioinsecticide, à base d'une nouvelle souche de Beauveria, destiné à protéger les céréales pendant le stockage, est développé par la société Exosect avec un dépôt à l'homologation prévu pour 2014.

Parmi les innovations en biofongicides, on peut citer le Prestop, antibotrytis et anti-fontes de semis de Lallemand, déjà homologué dans plusieurs pays européens. Autre produit prometteur : le Polyversum, un antifusariose formulé par l'entreprise tchèque Biopreparaty. Ce dernier est déjà homologué sur le blé et l'orge en République tchèque où les essais lui donnent 80 % d'efficacité sur la fusariose des épis.

En conclusion de cette conférence IBMA, on peut affirmer que les produits de biocontrôle vont accéder plus vite aux marchés dans les cinq prochaines années. Selon les experts, les ventes mondiales devraient plus que doubler d'ici 2017, alors que le marché se partagera inéluctablement entre « généralistes » et « spécialistes ».

Marianne Loison

(1) La conférence IBMA s'est tenue du 22 au 24 octobre, à Lucerne, en Suisse.