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INSECTICIDES DE STOCKAGE > Les pratiques à la loupe

Une enquête réalisée en 2010 met en relation l'état sanitaire des grains stockés chez les OS, les pratiques de lutte contre les insectes et les itinéraires de stockage.

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Voici désormais publiés les premiers résultats de l'enquête nationale portant sur les pratiques de lutte contre les insectes au silo et réalisée dans le cadre du programme de R & D " EcoprotectGrain 2010-2012 " (1). Entre mars et mai 2010, quatre-vingtquinze organismes stockeurs ont répondu à un questionnaire élaboré par FranceAgriMer concernant les pratiques de stockage. Chacun d'entre eux a accepté que les agents régionaux de l'établissement public effectuent un prélèvement d'un échantillon unique de blé tendre, au niveau d'une cellule susceptible de contenir des insectes.

.Moins de charançons et de silvains

Premier enseignement : sur 95 échantillons, 27 % ont révélé la présence d'au moins une espèce d'insecte. Le charançon du riz est bien le ravageur le plus rencontré. En revanche, par rapport à la dernière enquête nationale (portant sur les récoltes 1977 et 1978 !), " avec 5 % des échantillons concernés, il semble que le charançon du blé soit devenu quasi inexistant en 2010 ", relève Francis Fleurat-Lessard, chercheur à l'unité Mycologie et qualité sanitaire de l'Inra et animateur du réseau Quasaprove. Présent dans seulement 8 % des échantillons, le silvain commun régresse également, au profit peut-être de son cousin le petit silvain plat (10 %).

Parallèlement, aucun dépassement de limite maximale de résidus (LMR) n'a été détecté dans le blé lors de l'enquête. Un tiers des échantillons ne présentent même aucune trace de résidus d'insecticides. Dans les autres, on y a trouvé du pyrimiphos-méthyl (à 30 %), de la deltaméthrine (10 %), du chlorpyriphos-méthyl (7 %) et de la cyperméthrine (1 %). Enfin, 17 % des échantillons contenaient au moins deux résidus d'insecticides.

A travers le questionnaire, les organismes collecteurs ont déclaré qu'ils appliquaient surtout ces insecticides soit dans les locaux avant l'arrivée des grains soit en préventif sur les grains. Le traitement curatif ne représente que 7,4 % de l'effectif global (voir infographie). En recoupant les données, les analystes ont conclu qu'il n'y avait pas de relation directe à établir entre la présence (ou l'absence) d'insectes et la présence ou non de résidus d'insecticides. En revanche, la relation est nette entre la présence d'insectes et la conduite du stockage. Ainsi, le stockage à plat et l'absence de silothermométrie fixe sont des situations à risque d'infestation. Des insectes sont présents dans 42 % d'échantillons prélevés dans des silos à plat (contre, entre 17 et 22 %, dans ceux prélevés dans les silos verticaux). De même, 55 % des échantillons provenant de silos ne disposant pas de système de contrôle de la température contiennent des insectes (contre 17 % si le silo est muni d'une silothermométrie fixe). " Le nettoyage des grains associés à celui des cellules vides réduit le risque d'infestation de moitié ", fait savoir par ailleurs Marie-Pierre Leblanc, de FranceAgriMer. Plus surprenant, mais aussi en raison des conditions particulières de l'enquête, le traitement insecticide des cellules vides ne semble pas influencer le taux d'infestation. Sauf si la cellule n'a pas été nettoyée. En cas d'absence de nettoyage complet des cellules, le traitement insecticide des cellules est même fortement recommandé.

L'enquête reconduite en 2011

Ces premiers résultats devraient servir à dé_ nir à terme des itinéraires types de bonnes pratiques de préservation des grains avec ou sans traitement par des insecticides de stockage. En attendant, une nouvelle enquête a été reconduite sur le printemps 2011 afin d'augmenter la robustesse de l'analyse statistique et de vérifier les tendances observées concernant les populations d'insectes.

Renaud Fourreaux

(1) Ce programme, soutenu par le Casdar, est labellisé par le Réseau mixte technologique Quasaprove (Qualité sanitaire des productions en grandes cultures) qui a accueilli en 2010 cinq nouveaux membres : Coop de France, FNA, CFSI, ANMF et Qualimat.

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