SDN Regain de mobilisation
Sous l'impulsion du Grenelle de l'environnement, les programmes de recherche sur les stimulateurs des défenses naturelles redémarrent, à une échelle d'ailleurs beaucoup plus large.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le Grenelle de l'environnement et l'objectif d'atteindre si possible une réduction de 50 % de l'utilisation des produits phytosanitaires en France, d'ici à 2018, a réveillé l'intérêt des entreprises, des instituts techniques et des organismes de recherche pour les stimulateurs des défenses naturelles (SDN), encore appelés stimulateurs des défenses des plantes (SDP) ou éliciteurs. Mais qu'est-ce qu'englobe le terme de SDN exactement ? " Il s'agit de molécules ou de micro-organismes capables, après application sur une plante, d'induire des mécanismes naturels de défenses qui vont permettre à cette plante, pendant un certain laps de temps, de résister à des bio-agresseurs ou de mieux les tolérer, explique Jean-Charles Bocquet, directeur de l'UIPP, au cours du colloque organisé sur le sujet par le pôle IAR (Industries Agro-Ressources Picardie Champagne-Ardenne), le 12 avril dernier, à Beauvais. Si ces molécules sont émises par la plante ou par le bio-agresseur, on parle alors d'éliciteurs ou de substances élicitrices. "
Ce concept n'est pas nouveau. Le fosétyl-Al qui a été homologué en 1978 comme antimildiou de la vigne, est une matière active qui présentait déjà des caractéristiques de type SDN. " Tout comme l'acibenzolar-S-méthyl autorisé plus récemment, souligne le directeur de l'UIPP. Mais pour ni l'une ni l'autre de ces deux molécules, leurs détenteurs n'avaient revendiqué la classification SDN. " Le premier SDN qui ait officiellement été homologué en tant que tel en France, est la laminarine en 2002 (Iodus de Goëmar). D'autres produits sont également commercialisés sur ce marché, mais avec des autorisations de vente comme engrais ou produits fertilisants. La question de l'homologation des SDN fait d'ailleurs débat (lire encadré). Pour l'UIPP, la réponse es t sans ambiguïté. " Nous nous inscrivons contre les revendications SDN de produits qui ont obtenu une autorisation de vente engrais ou produits fertilisants, insiste Jean-Charles Bocquet. Le SDN est un produit phytosanitaire et toute vente de SDN sans AMM, est illicite et passible de 75 000 € d'amende et de trois ans de prison. "
Des homologations controversées
" Nous ne sommes pas complètement d'accord avec cette position de l'UIPP, souligne de son côté Fabrice Marcovecchio, expert matières fertilisantes au LDAR (Laboratoire départemental d'analyses et de recherche de Laon). Des produits défendus par des PME qui n'ont pas des dizaines ou des centaines de milliers d'euros à mettre dans des dossiers d'homologation, devraient continuer à avoir leur place sur le marché, avec une autorisation engrais ou produits fertilisants. " Le développement, en France, des SDN est resté jusqu'à présent assez modeste, en dehors de Iodus de Goëmar. Bayer CropScience a toujours commercialisé le fosétyl-Al comme fongicide, même si ses propriétés SDN sont parfois évoquées dans sa communication. Mais depuis quelques mois, les SDN sont à nouveau sur le devant de la scène et de nombreuses équipes sont en train de se mobiliser sur ce sujet, souvent à partir de projets communs.
Des recherches en réseau
C'est notamment le cas de Defistim. " Ce projet qui associe douze partenaires, a été lancé en 2010 pour trois ans, avec le soutien financier du Fonds unique interministériel, pour un montant de 2,6 M€, indique Gérard Thomas, directeur des affaires réglementaires de Syngenta, société qui porte le projet. Il a pour objectif de mieux connaître le fonctionnement des SDN et d'identifier les différents facteurs qui influent sur leur efficacité et les conditions optimales d'application au champ. "
Un réseau national de recherche sur les SDN a également été initié en 2010 par Arvalis Institut du végétal et Vegenov (Bretagne biotechnologie végétale) et associe de nombreux partenaires. " Nous avons prévu d'évaluer les SDN en conditions contrôlées et sur le terrain et de mieux comprendre leurs modes d'action, dans l'objectif à terme de permettre leur développement ", précise Regis Berthelot de la direction scientifique d'Arvalis. Baptisé Elicitra, ce projet a été reconnu Réseau mixte technologique par le ministère de l'Agriculture. Une plate-forme d'évaluation des SDN (voir ci-dessus) est aussi en cours de finalisation.
Blandine cailliez
Pour accéder à l'ensembles nos offres :