HERBICIDES TOURNESOL
La prélevée ne cède pas sa place
par Laurent Caillaudil y a 15 ans5 min de lecture
Malgré les lancements de solutions de postlevée sur semences tolérantes, la prélevée reste très largement préférée des producteurs de tournesol.
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Après une première année sans trifluraline en 2009, cette campagne fut celle de la disparition du linuron. Les cartes ont donc été rebattues sur la prélevée, mais les producteurs de tournesols (696 000 ha en 2010) continuent de préférer cette technique pour ne pas se faire dépasser en matière de désherbage. Selon des enquêtes menées, cette année, auprès des agriculteurs, la prélevée est toujours plus rassurante et la postlevée ne reste qu'une solution de rattrapage dans les esprits. Cependant, depuis le retrait de la trifluraline, les hectares traités avec un mélange en prélevée progressent pour tenter de retrouver le même spectre d'efficacité. Le corollaire est la hausse des hectares désherbés en un seul passage (90 % des surfaces). La tendance est donc bel et bien à la simplicité et la sécurité au plus tôt. Sur un marché que se disputent essentiellement Bayer CropScience (37 % de parts de marché), Makhteshim Agan (31 %), BASF Agro (15 %) et Syngenta (13 %).
Dans ce contexte, les deux solutions de postlevée lancées en 2010, Pulsar 40 et Express SX et leurs lots de variétés qui leur sont tolérantes, n'ont pas rencontré un vif succès. Environ 4 % seulement des surfaces de tournesols auraient été emblavées avec ces semences en 2010.
Déficit de potentiel des variétés tolérantes
Les principaux intéressés parlent de « campagne de calage » et cette faible présence pourrait n'être que passagère. Le niveau de satisfaction est en effet et très élevé et les producteurs qui ont essayé la postlevée l'ont fait sur de très grandes surfaces. L'absence de données factuelles et d'analyse des résultats pourrait expliquer ce timide lancement.
Du côté de l'Institut, on estime que la postlevée est surtout intéressante sur les flores difficiles. Le Cetiom pense également qu'en 2010, la première offre variétale liée à ces nouvelles homologations souffrait d'un déficit de potentiel.
« Les efforts de sélection présentent un décalage dans le calendrier du progrès génétique », estime Franck Duroueix, du Cetiom. Les détracteurs de ces techniques soulèvent d'autres freins, comme le risque d'appliquer l'herbicide de postlevée sur la mauvaise variété ou encore le surcoût des semences. Ce dernier argument est toutefois réfuté par les essais du Cetiom.