La crise en Ukraine a pénalisé le marché des semences de maïs en 2022, en particulier de maïs grain. Les signaux ne semblent pas plus favorables pour les semis 2023.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« En 2022, les ventes de semences de maïs ont à nouveau enregistré une baisse, d’environ - 10 % en grain, de - 1 à - 2 % en fourrage », constate Sébastien Moureau, de Pioneer. « La baisse du marché global se situe à entre - 3 et - 5 % », estime Marie Bazet, de Lidea. « Nous pensions cependant que le marché allait se dégrader davantage, au final, il n’a perdu que - 2 % en fourrage, et - 6 % en grain », reconnaît Erwan Bougouin, de Mas Seeds. En grain, la baisse s’explique surtout par « un arbitrage entre le maïs et le tournesol du fait du coût de l’azote et les cours du tournesol qui ont grimpé avec le conflit en Ukraine », souligne Sertac Turan, de Syngenta Seeds. « Les agriculteurs se sont aussi tournés vers le tournesol car il ne pleuvait pas », renchérit Frédéric Halo, d’Energy Seeds. En fourrage, on assiste à une baisse structurelle du marché de - 1 à - 2 % par an depuis dix ans, selon Carol Humeau, de LG.
« Les surfaces de maïs fourrages sont surtout drivées par l’évolution du nombre de têtes de bétail, remarque Laure Pitrois, de Bayer-Dekalb. Les ventes d’hybrides S0 ont tendance à reculer, celles de S1, à rester stables, et celles de S2, à augmenter. » En grain, « on note une petite diminution des ventes dans les groupes précoces et demi-précoces et une légère augmentation des groupes ½ tardifs et tardifs », note Laurent Loncle, d’Advanta. « Des transferts entre grain et fourrage se sont opérés avant les récoltes d’ensilage », ajoute Samuel Dubois, de RAGT. Ils pourraient atteindre 80 000 ha, selon Marie Lebourg, de Bayer-Dekalb. « On constate aussi une tendance à la précocification dans le choix des variétés », remarque Sertac Turan.
Défendre le maïs
Et tous les semenciers en conviennent, les mauvais rendements obtenus cette année risquent d’impacter le marché en 2023. « Entre le coût de l’azote, les restrictions d’eau, les incertitudes sur les frais de séchage, les surfaces devraient baisser en grain », commente Samuel Dubois. « C’est le maïs non irrigué qui risque de reculer », juge Christian Maignan, de Cérience. Et Sertac Turan de constater : « Les surfaces de colza ont augmenté, celles de céréales semblent parties sur la même voie, la baisse en grain pourrait atteindre - 8 à - 10 %. » De son côté, Pioneer est plus nuancé : « Le marché grain pourrait perdre - 4 %, celui du fourrage, rester stable », indique Sébastien Moureau. En grain, les créneaux précoces et tardifs devraient rester stables, mais le marché G2 à G4 risque de perdre 20 %, selon Carol Humeau, « ce qui devrait entraîner un recul au final de - 5 à - 10 %. » Et en fourrage, « malgré la décapitalisation en cheptel, les éleveurs ont besoin de reconstituer leurs stocks de fourrage », estime Marie Bazet. Rémy Merceron, de KWS, est plus pessimiste : « Nous pensons que le nombre de vaches laitières est vraiment en train de chuter. »
Mais malgré ces perspectives chahutées, « notre but est de défendre le maïs », avance Marie Lebourg. Et de poursuivre : « C’est la culture qui a bénéficié du gain génétique le plus fort ces dernières années. C’est une culture qui reste rentable même en conditions difficiles, et les prix sont élevés. » « Le maïs a montré sa résilience en 2022, confirme Rémy Merceron. Contrairement à 1976, il y avait du grain dans les champs. » La sécheresse a aussi impacté la production de semences, et les disponibilités en semences vont être tendues pour certaines variétés.
Pioneer toujours leader
Côté entreprises, Corteva-Pioneer est toujours en tête des ventes sur le marché français, avec entre 19,5 et 20 % de part de marché pour la marque Pioneer, devant Bayer-Dekalb, 15,4 %. Ces deux acteurs dominent le marché du maïs grain. Viennent ensuite KWS, 11 %, LG semences, 10,5 %, Advanta et Lidéa, tous deux à 9 %, RAGT, 8 %, Semences de France, 6,5 %, Caussade semences Pro, 4 %, devant Mas Seeds, 3 %, Syngenta, 2,3 %, Brevant, 1,5 %, Energy Seeds, 1,3 % Cérience, 1,2 %, et Saatbau, 1%. En ce qui concerne les génétiques, Corteva (Pioneer et Brevant) est aussi en tête avec 21,5 % de part de marché, devant le groupe Limagrain (LG et Advanta) à 19,5 %, le groupe KWS (avec Semences de France) à 17,5 %, et Bayer-Dekalb.