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Fongicides pommes de terre D’un extrême à l’autre

La pression mildiou a été beaucoup plus faible en 2022.

Les conditions climatiques très sèches de 2022 ont fait chuter de moitié le marché des fongicides pommes de terre par rapport à 2021. La disparition du mancozèbe a surtout profité aux produits haut de gamme.

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« Le climat de 2022 n’a pas du tout été propice au mildiou de la pomme de terre, souligne Bertrand Boulet, de Certis Belchim. Le mancozèbe a aussi été remplacé par des produits qui nécessitent de revenir moins souvent. » Ainsi, selon lui, le marché des fongicides pommes de terre n’a jamais été aussi bas en France. « Nous sommes passés d’un extrême à l’autre, constate de son côté Vincent Billon, de BASF. Après une année 2021 très humide et marquée par une très forte pression mildiou, 2022 a été très très sèche. » Les ventes d’antimildiou ont été divisées par deux ! Pour des superficies implantées quasi stables par rapport à 2021, à 195 000 ha, les surfaces déployées sont passées de 2,96 à 1,45 Mha. En valeur, les ventes qui avaient grimpé à 71 M€ en 2021, ont chuté à 34 M€ en 2022, un chiffre d’affaires au plus bas depuis très longtemps. Les producteurs de pommes de terre n’ont jamais si peu traité contre le mildiou, 6,9 traitements seulement en moyenne, contre 12,8 en 2022, et plutôt entre 9 et 11 les années précédentes. La dépense moyenne à l’hectare a fortement reculé, elle est passée de 363 €/ha à 181 €/ha en 2022. « Il faut dire que le marché des fongicides pommes de terre est l’un des plus climato-sensibles », reconnaît Johanny Guinaudeau, de FMC.

Ranman Top et Rêvus en tête

« L’arrêt du mancozèbe, molécule historique de lutte contre le mildiou, a surtout profité aux produits davantage haut de gamme », remarque Mylène Striebel, de Bayer. Alors que l’on pouvait s’attendre à une forte progression du fluazinam, ce dernier a un peu profité de la disparition du mancozèbe, mais pas dans des proportions très importantes. Cela étant dit, toutes spécialités commerciales confondues, le fluazinam a représenté autour de 15 % des utilisations agriculteurs, et devient la troisième molécule du marché, derrière la cyazofamide (Ranman Top) et le mandipropamide (Rêvus). Ranman Top est donc toujours le produit le plus utilisé avec 21,5 % de part de marché en 2022, même si compte tenu des conditions climatiques de l’année, sa PDM a légèrement baissé. Le Rêvus est par contre en forte progression. La nouveauté de 2022, le produit de biocontrôle à base de phosphonate de potassium, Pygmalion, de De Sangosse, a été utilisé quant à lui sur pommes de terre, sur 20 000 ha. À noter également que l’utilisation des spécialités contenant du cymoxanil a fortement baissé après avoir grimpé en 2021. « Ce qui est tout à fait logique, compte tenu des conditions climatiques et de la très faible pression de la maladie », ajoute Anne Giroud, de Philagro.

Certis Belchim toujours leader

Côté entreprises, Certis Belchim est toujours leader sur le marché des fongicides pommes de terre en végétation, même si sa PDM en surfaces recule à 27 %, devant Syngenta (Rêvus et Rêvus Top), qui progresse avec une PDM de 24 % en ha, 27 % en valeur. Ils sont suivis par Corteva, en hausse à 11,1 %, Bayer dont la PDM augmente aussi à 10 %, BASF, 7 %, UPL, FMC, 5,4 %, Gowan, Philagro et Adama.

Pour 2023, peu de modifications dans les préconisations, si ce n’est une attention particulière dans la gestion des résistances. « Depuis la disparition du mancozèbe et de la plupart des molécules multisites de contact, la problématique de résistance du mildiou aux fongicides est plus que jamais d’actualité, remarque Olivier Deneufbourg, de Gowan. Une attention particulière doit être portée à l’alternance des modes d’action dans le programme ». Même remarque de François Sénéchal, de Syngenta (lire ci-contre). 2023 va aussi être marquée par une hausse de la RPD sur plusieurs substances actives (benthiavalicarbe, diméthomorphe et fluopicolide).

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