par Isabelle Escoffierl'année dernière8 min de lecture
Les mauvais rendements de 2022, les difficultés d’accès à l’eau et la hausse du coût des intrants ont pénalisé la sole de maïs grain. Une stabilité est prévue pour 2024.
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En 2023, le marché des semences de maïs a poursuivi son recul entamé il y a trois ans, avec une baisse estimée entre 5 et 8 % selon les semenciers. Elle est plus sévère en grain, entre 9 et 14 % selon eux, en raison principalement de la sécheresse et de la canicule de 2022 qui ont engendré de mauvais rendements et découragé certains à semer autant que d’habitude. Une situation accentuée par les craintes liées à l’accès à l’eau dans les zones irriguées.
Arbitrages
Par ailleurs, la guerre en Ukraine a entraîné en 2022 une forte hausse du prix du gaz, de l’azote, ainsi que du prix de l’électricité et de l’eau, relevant le coût de l’irrigation. « La renégociation des contrats pour l’électricité a fortement augmenté, d’un facteur de 3 à 10 », confirme Rémy Merceron, de KWS. La marge du maïs grain s’en est ressentie et les agriculteurs ont fait des arbitrages pour la campagne suivante. « Il y a aussi des problèmes d’implantations à cause de la mouche Geomyza tripunctata dans l’Ouest, des taupins et d’une pression oiseaux de plus en plus forte », énumère Fabrice Chevalier, de Semences de France. La nouvelle Pac 2023-2027 crée également des contraintes en zone de monoculture. « Le créneau des maïs grains demi-précoces a subi la plus forte baisse, dans une zone allant du nord des Pays de la Loire à la Lorraine, où le tournesol a connu une forte croissance en 2023 », souligne Laurent Loncle, chez Advanta. Les variétés tardives et demi-tardives sont aussi touchées.
Les surfaces en fourrage régressent elles aussi, mais dans une moindre mesure, entre 1 et 3 %. Cette évolution est liée à la baisse structurelle du nombre d’élevages bovins. « Dans certains secteurs, comme en Champagne et au sud des Hauts-de-France, cela est compensé par la méthanisation qui monte », rapporte Carol Humeau, de LG semences.
Point bas
Tous les semenciers espèrent que les surfaces de maïs grain ont touché un point bas cette année. En 2024, ils anticipent un rebond car les rendements cette année s’annoncent très bons. Ce qui a toujours une influence positive sur les assolements futurs. La baisse de certains coûts peut aussi rendre le maïs à nouveau rentable. « Les vaccins arrivent pour lutter contre la grippe aviaire, la reprise de la production de canards va nécessiter des surfaces », estime William Gommé, de Caussade Semences Pro. « Les cours du blé sont moins hauts que l’an dernier, ce qui redonne un peu d’avantage au maïs », juge aussi Jean-Philippe Courreau, chez Saatbau. D’autres sont plus prudents et comptent plutôt sur une stabilité, voire une baisse de 1 à 2 %. Car la crainte des restrictions d’irrigation persiste et les coûts de séchage élevés peuvent profiter au blé. Les emblavements de céréales à paille s’annoncent en hausse cet automne et les semis de colza se sont bien déroulés. Par ailleurs, dans les Hauts-de-France, les cultures industrielles à forte valeur ajoutée devraient progresser, tandis qu’en Rhône-Alpes et en Alsace, une baisse de surfaces en grain se dessine encore à cause de la chrysomèle.
Pour le fourrage, certains prévoient plutôt une stabilité en 2024, voire une petite baisse de 0,5 à 1 %. Tout dépendra de ce qui sera consommé cet hiver et de la météo au printemps. Le maïs reste très présent dans la ration des bovins, cela peut aider à maintenir les surfaces. « Quand il y a des étés avec de la pluie, le maïs est une plante qui n’a pas vraiment de concurrence en termes de rendement à l’hectare et de capacité à avoir du fourrage pour l’hiver », insiste Sertaç Turan, de Syngenta.
Pioneer toujours n° 1
Concernant les entreprises, Corteva reste en pole position des ventes sur le marché français, avec environ 20 % de part de marché pour la marque Pioneer. Toujours devant Bayer-Dekalb, à 15,8 %. Ces deux semenciers dominent le marché du maïs grain. Ils précèdent LG Semences (10 %) et KWS (9,5-10 %). Viennent ensuite Advanta (9,3 %), Lidéa (entre 8 et 9 %), Semences de France (7,3 %), RAGT (6 %), Mas Seeds (3 %), Caussade Semences Pro (2,7 %), Brévant (plus de 2 %), Syngenta (2 %), Energy seeds (1,7 %), Cérience (1,3 %) et Saatbau (1 %).