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INSECTICIDES MAÏS, BETTERAVES ET POMMES DE TERRE La réglementation guide les ventes

En pommes de terre, le marché des insecticides a nettement progressé en 2023 du fait de la pression des doryphores.

Le marché des insecticides sur betteraves s’est envolé en 2023 après l’arrêt des néonicotinoïdes en traitement de semences, entraînant un repli vers les produits foliaires. Les ventes progressent en pommes de terre, mais refluent en maïs pour lequel les solutions de protection manquent.

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Comme prévu, l’utilisation des insecticides foliaires sur betteraves a bondi en 2023, pour atteindre 600 000 ha déployés, contre 195 000 ha en 2022 et 110 000 ha en 2021. Cette remontée est liée à la fin de la dérogation pour utiliser des néonicotinoïdes (NNI) en traitement de semences, décidée par le gouvernement français en janvier 2023 pour se conformer à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne. Les surfaces déployées ne reviennent toutefois pas au niveau de 2020, année sans dérogation NNI (750 000 ha), à cause d’une faible pression en pucerons la campagne dernière. Dans ce contexte, « les dépenses en insecticides foliaires ont plus que doublé en 2023, à 55,40 €/ha contre 26,20 €/ha l’année précédente », chiffre Mylène Striebel (Bayer CropScience). La valeur de ce marché a atteint 17,6 M€ en 2023 (3,9 M€ en 2022), avec une hausse de l’utilisation des produits à haute valeur.

Le Teppeki de Certis Belchim reste la solution la plus utilisée avec 318 000 ha (337 000 ha si on compte le total des surfaces traitées avec le flonicamid), soit près de 55 % de part de marché (PDM). Il est suivi par le Movento (spirotétramate) de Bayer CropScience, qui progresse fortement à 211 000 ha (34 % de PDM). Il avait reçu une dérogation pour trois applications en 2023. Viennent ensuite les pyréthrinoïdes (50 000 ha environ), avec Karaté Zéon et Mavrick Jet/Klartan Jet.

Nouveau recul en maïs

Alors que les surfaces de maïs ont régressé de 7 % en 2023 par rapport à 2022, à 2,55 Mha, le marché des insecticides foliaires recule davantage avec environ 364 000 ha déployés (-14 %). Ceci fait suite à une année 2022 déjà en retrait. En effet, « depuis deux ans la pression en insectes foreurs, sésamie notamment, est plus faible », explique Patrick Bergougnoux (FMC). Le prix du maïs étant orienté à la baisse, certains agriculteurs ont fait l’économie de l’insecticide malgré l’impact des dégâts sur le rendement. Les surfaces traitées atteignent 386 000 ha en 2023, contre 423 000 ha en 2022 et 455 000 ha en 2021. En valeur, le marché des insecticides en végétation a moins perdu, à 12,3 M€ en 2023 (12,8 en 2022), car les prix des produits ont augmenté.

Le Coragen (chlorantraniliprole) de FMC reste le produit phare, avec 190 000 ha déployés en 2023. En ajoutant le Voliam distribué par Syngenta, cela représente 208 000 ha au total. Les pyréthrinoïdes, qui baissaient depuis plusieurs années, ont tendance à remonter (109 000 ha en 2023 contre 89 000 ha en 2022 et 85 000 ha en 2021), car ils sont peu chers (8 €/ha contre 34 €/ha pour Coragen). C’est la lambda-cyhalothrine qui représente la plus forte part de marché des pyréthrinoïdes. Les discussions sur le renouvellement de la molécule sont prévues en 2026. Utilisés majoritairement dans l’ouest, le nord et l’est de la France contre la pyrale, les trichogrammes ont reculé à 63 000 ha contre 102 000 ha en 2022, du fait de la plus faible pression du ravageur. Bioline Agrosciences/Phyteurop (toujours 60 % des ventes) et De Sangosse se partagent le marché. « L’enjeu est désormais de mécaniser davantage les applications car on n’arrive pas à franchir le plafond d’utilisateurs », pointe Marie Aubelé (De Sangosse). De son côté, le Mezalid à base de spinosad commence à s’implanter avec 3 450 ha déployés.Quant à l’offre de biocontrôle Bt, elle reste aussi marginale.

Du côté des insecticides du sol, qui ont protégé 25 % des surfaces semées, le marché est également orienté à la baisse, avec 615 000 ha déployés (660 000 ha en 2022). En valeur, ce marché atteint 32 M€, un chiffre proche de l’année précédente. Pour 2024, les conditions d’emploi évoluent pour la majorité des microgranulés insecticides au semis. Ainsi, les produits à base de lambda-cyhalothrine (Trika Expert +, Karaté 0.4GR/Ercole…) ont dorénavant une phrase SPe 2, qui interdit l’emploi de diffuseur lors de l’utilisation de ces produits. « Il devra désormais être entièrement incorporé dans le sol à une profondeur minimale de 4 cm, dans le fond du sillon », indique Marine Denniel (Syngenta). Seul le Belem 0,8 GR/Daxol (cyperméthrine), leader du marché avec 53 % des ventes, reste possible avec diffuseur.

Remontée en pommes de terre

Malgré des surfaces de pommes de terre stables en 2023 (environ 200 000 ha), le marché des insecticides a progressé en 2023, pour atteindre 264 000 ha déployés (215 000 en 2022), du fait de la pression des doryphores. Les surfaces traitées ont grimpé à 110 600 ha (74 000 ha en 2022), mais le nombre de traitements à l’hectare est moindre (2,3 contre 2,7 en 2022). Les traitements aphicides représentent 58 % des applications et les produits contre les doryphores, 42 %. Les huiles minérales, très utilisées en plants contre les pucerons, augmentent à 122 000 ha déployés contre 110 000 ha en 2022 (53 % de PDM). Le Coragen et le Voliam, spécifiques du doryphore, progressent à 100 000 ha (39 000 ha l’année précédente), soit 38 % de PDM. De leur côté, les pyréthrinoïdes ont baissé pour passer de 38 000 ha en 2022 à 22 000 ha l’an dernier, devançant le Movento (sous dérogation) avec 12 000 ha, soit 13 % de PDM. Viennent ensuite Karaté K/Karaté Zéon (5 %) et Mavrick Jet/Mavrick Smart (2,8 %). Les ventes aux agriculteurs représentent 6,2 M€ (tous ravageurs confondus), en hausse par rapport à 2022 (5 M€). Les huiles atteignent 3,2 M€ et le Coragen 1,6 M€. La dépense a baissé à 57,4 €/ha contre 67,3 €/ha en 2022.

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