FONGICIDES POMMES DE TERRE Retour à la normale
Très climatosensible, le marché des fongicides pommes de terre est reparti à la hausse en 2023, après une année 2022 historiquement basse. Face au développement de souches résistantes, le mot d’ordre reste d’alterner les matières actives disponibles.
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Après deux années aux tendances extrêmes, « la saison 2023 est revenue dans les normes pour le marché des fongicides pommes de terre », décrit Anne Giroud, de Philagro. La pression du mildiou a progressé à partir du 20 juillet, date à laquelle les pluies estivales sont arrivées. Les applications de produits sont donc intervenues davantage en fin de croissance active et en végétation stabilisée plutôt qu’en début de croissance, ce qui a favorisé les produits de fin de cycle. Au final, le nombre de passages par hectare atteint en moyenne 9,6 en 2023 contre seulement 6,9 en 2022, année très sèche. Mais le niveau de 2021 n’est pas atteint (12,8 passages du fait d’une très forte pression du mildiou).
Alors que la superficie implantée a atteint 201 000 ha en 2023 (+ 3 % environ par rapport à 2022), le nombre d’hectares déployés a logiquement progressé à 2,2 Mha en 2023 contre 1,5 Mha l’année précédente (+ 46 %). La dépense moyenne de traitements est passée de 180 €/ha en 2022 à 289 €/ha l’an passé, en lien avec la progression du nombre de passages et l’inflation sur le prix des produits (+ 15 %). Le nombre de produits par ha atteint 10,7 en 2023 contre 7,5 l’année précédente. En valeur, les ventes aux agriculteurs remontent à 58 M€ en 2023.
Le fluazinam en hausse
« Les hectares traités avec le fluazinam se sont redéployés alors qu’ils avaient été en baisse ces dernières campagnes du fait de recommandations spécifiques encadrant son utilisation pour éviter les risques de développement de souches de moindre sensibilité », note Johanny Guinaudeau, de FMC. Ces conditions d’utilisation ont été assouplies, d’où une hausse des surfaces traitées avec cette molécule qui pose un peu moins de problème à date, « mais il faut maintenir la vigilance », insiste-t-il. Le fluazinam se positionne derrière la cyazofamide (Ranman Top) et le mandipropamide (Rêvus et Rêvus Top). « L’alternaria progresse depuis plusieurs années, avec l’arrêt du mancozèbe, et cela a été le cas aussi en 2023, remarque François Sénéchal, chez Syngenta, dont le Rêvus Top est efficace contre cette maladie du pied.
Prudence sur les résistances
Pour cette année, il n’est pas attendu de grands changements au niveau des produits disponibles. Depuis la disparition du mancozèbe, la protection fongicide repose essentiellement sur des matières actives unisites, potentiellement contournables par la résistance. « En 2024, un développement de souches résistantes aux principales familles chimiques présentes sur le marché est à craindre comme nous pouvons le voir dans d’autres pays européens », s’inquiète Olivier Deneufbourg, chez Gowan. En effet, une souche de mildiou (43_A1) résistante au mandipropamide, une substance de la famille chimique des carboxylic acids amides (CAA), s’est progressivement installée depuis 2018 au Danemark. Elle a migré vers les pays voisins, notamment les Pays-Bas, ainsi qu’en Allemagne et en Belgique, mais dans des proportions moindres et sans impact sur l’efficacité au champ pour ces deux derniers pays. « En France, aucune souche 43_A1 n’a été détectée à ce jour », précise Arvalis. Mais il convient de rester prudent en utilisant tous les modes d’action disponibles.
Certis Belchim en tête
Côté entreprises, Certis Belchim confirme sa place de leader, avec 33 % de part de marché, dont plus de 25 % avec son produit Ranman Top. Elle précède Syngenta (22 %), puis Corteva (16 %), Bayer (12 %), BASF, UPL, FMC (4 %), Philagro (3 %), De Sangosse (1-2 %), Adama et Gowan. Quelques modifications de préconisations sont à noter, elles sont généralement liées à la volonté de prévenir les résistances et d’alterner les modes d’action.
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