Une campagne atypique tournée vers la prélevée
La hausse des surfaces et l’usage d’herbicides de prélevée sont les deux tendances de cette campagne 2024, en raison du report des céréales d’hiver sur celles de printemps et des conditions de semis humides.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
En 2024, les conditions particulièrement humides ont entraîné des semis très tardifs. Néanmoins, les conditions ont été propices aux traitements, « que ce soit pour leur mise en place ou leur efficacité », souligne Laure Pitrois, cheffe marché chez Bayer. 90 % des 2,9 Mha de maïs grain et fourrage ont été traités avec des herbicides (2,6 Mha). Et en moyenne, 1,45 passage a été réalisé avec deux produits à chaque fois. Les surfaces déployées ont ainsi atteint 7,45 Mha. Et le coût du désherbage a légèrement augmenté, à 74 €/ha contre 70 €/ha en 2023 (hors redevance pollution diffuse).
En 2023-2024, Syngenta conserve sa position de leader (30 % de part de marché) devant BASF et Bayer (24 %).
Le tout-en-pré galvanisé
La campagne 2024, du fait de conditions climatiques favorables au moment des semis, a bénéficié aux solutions de prélevée, solutions privilégiées pour permettre de gérer les graminées estivales (panic, sétaire, digitaire) et le ray-grass dont la concurrence précoce peut avoir un impact considérable sur le rendement.
« Le tout-en-pré est en nette progression et représente 26 % des traitements », indique Laure Pitrois. « En conséquence, les surfaces déployées en herbicides racinaires ont progressé de 18 % par rapport à 2023 », complète Johanny Guinaudeau, chez FMC Agro.
Du côté du S-métolachlore, les stocks ont été écoulés, ce qui représente près de 750 000 ha traités. Un report important a été réalisé sur le DMTA-P. « Les hectares traités avec Isard et Dakota-P ont augmenté d’environ 40 %, témoigne Nadège Pillonel, responsable marketing maïs, tournesol, soja, protéagineux chez BASF. L’Isard a été utilisé sur près d’1 Mha au cours de la campagne. C’est une solution facile d’emploi, avec une bonne efficacité sur PSD et ray-grass, à laquelle il est facile d’associer un partenaire antidicots. »
De son côté, FMC s’appuie sur le Successor 600 (péthoxamide), l’un des derniers représentants de la famille des chloroacétamides, pour une utilisation en association et permettre de maintenir l’efficacité sur graminées des programmes de déherbage (notamment en situation de pression ray-grass). « Cet herbicide est une bonne alternative au retrait du S-métolachlore et peut limiter le report sur les spécialités à base de DMTA-P, explique Johanny Guinaudeau. Au risque de reproduire les mêmes conséquences ayant conduit à la décision de retrait du S-métolachlore. »
Le spécialiste relève aussi un regain d’intérêt pour l’Alcance SyncTec sur le marché désherbage sorgho, également impacté par le retrait du S-métolachlore, de même que sur maïs pour permettre un désherbage de prélevée économique.
La postlevée dynamique
Le segment des herbicides de postlevée reste important, avec 75 % des surfaces traitées. « Chez Syngenta, nous observons une progression des solutions à base de prosulfuron (Peak et Casper) sur flores difficiles : datura, renouée liseron, renouée des oiseaux, mercuriale », détaille Sébastien Mille, expert technique et marketing herbicides chez Syngenta.
À noter aussi, une belle dynamique pour les solutions nicosulfuron + mésotrione dans la catégorie des herbicides complets antigraminées et antidicots, que ce soit Élumis/Choriste chez Syngenta ou Nicozéa/Maïsotrione chez Ascenza. « En raison des baisses de doses des produits racinaires (S-métolachlore, DMTA-P), il est nécessaire de réintervenir en postlevée avec ce type de produit pour maîtriser les levées échelonnées de graminées », révèle Laurent Magnant, chef marché céréales et maïs chez Ascenza.
Chez Bayer, l’utilisation du Moonson active (thiencarbazone-méthyl + foramsulfuron + cyprosulfamide) a augmenté de 13 %. « Son usage est corrélé à la hausse des surfaces de maïs ainsi qu’à la problématique ray-grass qui s’accroît dans certaines régions », précise Laure Pitrois. La société De Sangosse réalise une part de marché de 13 % sur le segment des antidicots de post-levée avec Biathlon, dont la substance active (tritosulfuron) cessera d’être commercialisée par BASF en 2025.
« Les solutions de postlevée ont gagné en compétitivité », confirme Laurent Magnant. Une tendance qui pourrait se poursuivre. « Après levée, les adventices étant connues, il est plus facile d’adapter le produit et la dose, et comme le recommande Arvalis, cela permet de limiter l’utilisation des chloroacétamides dans les situations à faible pression graminées », conclut Sébastien Mille.
Marie Hilary
Pour accéder à l'ensembles nos offres :