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Insecticides maïs, betteraves, pommes de terre Tension extrême

DOMINIQUE BARDOUX

2021 va surtout être marquée par le retour des néonicotinoïdes sur betteraves après une explosion des attaques de pucerons en 2020, une augmentation de la pression insectes sur maïs et une concentration de l’offre sur pommes de terre. Par Blandine Cailliez

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Le retrait il y a deux ans des néonicotinoïdes, combiné à des infestations précoces et explosives des pucerons sur betteraves, a provoqué des attaques de jaunisse sans précédent en France. La crise a été telle qu’elle a conduit le ministre de l’Agriculture à faire en sorte que des dérogations pour deux néonicotinoïdes (NNI), imidaclopride et thiaméthoxame, en traitement de semences, puissent être demandées. Cette possibilité s’accompagne de certaines conditions, une diminution de leur dose d’emploi et une liste de cultures autorisées qui suivent la betterave.

Deux néonicotinoïdes en TS sur betteraves

« Dans nos essais passés, une diminution de 25 % de la dose homologuée des deux substances actives en TS a permis une protection pendant 60 à 70 jours, précise Cédric Royer, de l’ITB. Au-delà, il faudra continuer à surveiller les pucerons et intervenir si besoin avec un insecticide foliaire. » Teppeki est homologué. L’ITB devrait faire une demande de dérogation, comme l’an dernier, pour le Movento.

« Il y a trois ans, le marché des insecticides foliaires antipucerons n’existait pas, il a fait un bond en 2020 », reconnaît Audrey Ossard, de Bayer. « Il va reculer en 2021, mais ne disparaîtra pas, estime Bertrand Boulet, de Belchim. La dérogation NNI ne concerne pas les betteraves fourragères. Sur betteraves sucrières, des interventions en relais des TS seront peut-être nécessaires et certains agriculteurs resteront sur une protection foliaire selon les contraintes sur les cultures suivantes. » Teppeki reste leader en 2020, avec 63 % du marché des insecticides, devant Movento, 24 %, et les pyréthrinoïdes et pyréthrinoïdes associés, 13,5 %, dont 55 000 ha pour Karaté Zéon et Karaté K. L’ITB déconseille sur pucerons l’emploi des produits à base de pyréthrinoïdes Karaté K et Mavrik Jet, car une grande partie des pucerons verts est résistante à ces familles chimiques. Elles sont surtout utilisées contre la teigne, le nouveau lixus… « La lambdacyhalothrine domine très largement ce segment, indique Marie Lemaître, d’UPL. L’offre est en train de se réduire. »

En maïs, la nuisibilité sous-estimée

« En maïs, les applications d’insecticides microgranulés ont doublé en deux ans mais les surfaces protégées restent limitées à 21 %, contre 50 % lorsque nous disposions de TS, note Jean-Baptiste Thibord, d’Arvalis. La pression taupin n’a pas été forte en 2020, mais ce ne sera pas toujours le cas. » Contre les taupins, il conseille surtout les produits à base de pyréthrinoïdes Belem/Daxol, Karaté 0.4 GR, Ercole et Trika Expert +. « Belem/Daxol ont représenté 60 % des utilisations de microgranulés », précise Stéphanie Fournol, de Corteva.

« En végétation, nous avons eu en 2020 des attaques très importantes et très précoces de sésamies », souligne son collègue Guillaume Quinot. « Les traitements foliaires ont un peu augmenté mais ne représentent encore que 20 % des surfaces cultivées, remarque Patrick Bergougnoux, de FMC. Beaucoup de maïsiculteurs ne sont pas conscients de la nuisibilité des insectes foreurs. » 350 000 ha ont été protégés avec Coragen, 130 000 ha avec des pyréthrinoïdes qui arrivent désormais derrière les trichogrammes employés sur 140 000 ha. Un marché que se partagent Phyteurop à 57 %, De Sangosse à 40 %, et l’allemand AMW. « Il va continuer à augmenter car c’est une solution de biocontrôle très intéressante », estime Florent Ehry, de Phyteurop.

Pommes de terre, les solutions se font rares

« En 2020, la pression pucerons a été forte sur toutes les cultures, et curieusement, cela n’a pas été le cas en pommes de terre », constate Aline Zaborowski, de Syngenta. « L’année a par contre été marquée par une pression doryphore plus importante », reconnaît Bertrand Boulet. Après l’arrêt du Plenum et du chlorpyriphos, le nombre de solutions continue à se concentrer. Les huiles antipucerons très utilisées en plants arrivent toujours en tête mais sont en recul à 100 000 ha, devant Teppeki efficace contre les pucerons qui progresse à 86 500 ha, Coragen, antidoryphores, 50 000 ha, et les pyréthrinoïdes, 34 000 ha, dont Karaté K et Karaté Zéon, Klartan Jet, les cyperméthrines, Mandarin Gold ou Sumi Alpha, ou encore le produit d’origine naturelle Success 4, « qui prend petit à petit sa place », note Stéphanie Fournol. La lutte antitaupin a représenté en 2020 un peu plus de 10 000 ha, dont un tiers avec Success GR.

© Blandine Caillez - Face à une pression sans précédent des pucerons vecteurs du virus de la jaunisse en 2020, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a fait en sorte que la demande de dérogation pour deux néonicotinoïdes en traitement de semences soit possible. Elle a été accordée le 6 février.

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