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Fongicides céréales Le marché chute d’un cran

En 2020, le marché a subi un brutal retrait sur tous les segments. Il accuse une baisse d’environ 20 % en valeur, selon les premières analyses, avec un net regroupement des interventions au T2 et une bonne résistance de la famille des SDHI.Par Anne-Marie Laville

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Du fait de conditions sèches au printemps 2020, les maladies ont exercé dans l’ensemble une pression réduite. La nuisibilité relevée dans les régions du Nord se situe en moyenne autour de 8 q/ha pour le blé et de 6 q/ha pour l’orge d’hiver. Dans la mesure où les blés ont abordé leur montaison dans le sec, les contaminations de septoriose sont restées limitées. Les maladies de plus en plus préoccupantes en végétation sont maintenant les rouilles, et plus spécialement la rouille jaune sur blé et la rouille naine sur orge. D’ailleurs, les écarts traités/non traités les plus marqués en 2020 sont observés sur les variétés sensibles à la rouille jaune.

Nombre de traitements et doses en baisse

Dans ce contexte, l’investissement fongicide agriculteur se situe à 55 €/ha en moyenne, le niveau le plus bas de ces dernières années. Alors que les ventes reculent d’un peu plus de 20 % (350 M€ en valeur, 13 Mha déployés), le nombre moyen de traitements diminue à 1,8 en 2020, contre 2 en 2019. Selon les analyses, la baisse des doses est aussi un facteur limitant pour le marché fongicides. « La plupart des traitements sont souvent appliqués à 50 % de la dose d’homologation », constate Jean-Yves Maufras, d’Arvalis. Autre changement en cours, le marché perd plusieurs matières actives. En effet, 2020 signait la dernière campagne pour plusieurs substances : le chlorothalonil, le fenpropimorphe, et les deux triazoles, époxiconazole et propiconazole. Concernant les principaux intervenants, BASF consolide sa place de leader en 2020, avec environ 32 % de part de marché, devant Bayer (environ 20 %) et Syngenta. En progression, Adama se hisse en 4e place avec 7 % de pdm, devant Philagro.

Le segment T1 le plus durement touché

En 2020, le segment T1 a subi la plus forte baisse du marché fongicide global, d’environ 30 %, qui impacte tous les produits. Ce repli est à la fois structurel et conjoncturel. En effet, l’impasse au T1 devient la règle pour les variétés résistantes à peu sensibles à la septoriose hors risque piétin verse, oïdium et rouille jaune. La campagne 2020 a aussi vu les dernières utilisations du chlorothalonil et une bonne partie des T1 ont été réalisés avec des produits à base de cette matière active pour écouler les stocks. Les utilisations de soufre n’ont pas progressé, stagnant autour de 300 000 ha. Les offres de biocontrôle d’UPL, Thiopron RF et Vacciplant GC, positionnées en T1, sont restées stables.

En 2021, plusieurs solutions de remplacement du chlorothalonil devraient se développer, en particulier les triazoles associées à un fongicide multisite tel que le soufre ou le folpel. Le prothioconazole et le metconazole restent les deux triazoles les plus utilisées actuellement. Au T1, on pourra aussi compter sur les formulations à base de tébuconazole solo de Nufarm (Mayandra, Mystic) qui ont couvert près de 500 000 ha cette année, répondant à un besoin technico-économique sur ce segment.

Recentrage des programmes au T2

Comme prévu, le recentrage des programmes au T2 s’est renforcé en 2020. Plus de 80 % des surfaces de céréales ont été protégées avec un fongicide SDHI seul ou associé. Le Xemium de BASF demeure le premier fongicide SDHI du marché avec plus de 2,5 millions d’hectares, en première ligne via la marque Librax. L’autre fongicide largement utilisé est la nouveauté Revysol (isopropanol-azole). « Pour sa première campagne, il a été utilisé sur plus de 850 000 ha. Et 93 % des agriculteurs utilisateurs en 2020 envisagent de réutiliser Revy­star XL en 2021 », souligne Jérôme Tournier, de BASF. Les autres marques SDHI majeures restent le Kardix (bixafen) de Bayer et l’Elatus Era (solatenol) de Syngenta, deux pivots de la protection du blé au T2. BASF détient la moitié du marché SDHI, tandis que Bayer et Syngenta se partagent l’autre moitié.

Le segment du T3 en berne

Le segment du T3 lié à la protection de l’épi affiche un net retrait d’environ 25 % en 2020. Là aussi, les conditions sèches dans les plaines céréalières du nord de la France ont stoppé les maladies de fin de cycle sur blé tendre. En revanche, les régions au Sud et les cultures de blé dur ont été très impactées par les fusarioses. Au final, les surfaces traitées au stade dernière feuille diminuent autour de deux millions d’hectares. « La gamme Prosaro reste une référence sur fusariose, protégeant un tiers des surfaces au T3 », commente Étienne Delerue, de Bayer. Les solutions Ampera de Nufarm à base de tébuconazole + prochloraze ont résisté, malgré la forte baisse du segment, de même que la gamme Philagro avec Soleil (bromuconazole + tébuconazole). En 2021, les acteurs attendent une reprise sur tous les segments du marché fongicide. Mais cette fois encore, la météo décidera.

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