À base d’insectes

L’annonce par Ynsect, le 17 juin, de l’autorisation de mise sur le marché délivrée par l’Anses pour son engrais naturel YnFrass, ouvre la voie à une nouvelle étape de l’économie circulaire prônée par le secteur des insectes. Les frass sont en effet souvent dirigés vers la production de biogaz, alors que leur profil peut contribuer à la production agricole, pointe l’Ipiff, l’organisation européenne des producteurs d’insectes. Elle réclame une réglementation partagée au niveau européen pour leur valorisation, au même titre que les déjections des autres animaux d’élevage, au moins dans un premier temps.

Première en Europe, l’AMM 6200054 a techniquement été délivrée le 3 mars 2020 pour cette MFSC (matière fertilisante — support de culture). YnFrass affiche un équilibre azote, phosphore et potassium (4-3-2), avec l’avantage d’un phosphore peu soluble, ce qui réduit les risques de pertes ou d’immobilisation dans les sols. Sa teneur en matière organique se place entre 80 et 84 %. Présenté en granulés (90 % de MS, inodore), le produit est autorisé avant semis ou en cours de culture en grandes cultures (notamment blé, orge, maïs), cultures légumières, arboriculture fruitière, vigne et cultures ornementales, sans oublier les prairies. Les doses sont de 2 t/ha pour des applications suivies d’un simple griffage, ou jusqu’à 4,8 t/ha s’il est incorporé sur 20 cm de profondeur.

Déjà deux distributeurs

Conçu à partir des déjections des vers Tenebrio molitor (sorte de scarabées) que l’entreprise élève dans son unité de Dole (Jura), cet engrais est aussi utilisable en agriculture bio. Il est déjà distribué par deux clients d’Ynsect : le groupe Compo vers les jardiniers amateurs et Torres, producteur de vin.

Le site de Dole fabrique environ 1 000 t par an de trois types de produits d’insectes : protéines, lipides et frass, ce dernier pesant 2/3 des volumes. Fin 2021-début 2022, la nouvelle usine d’Amiens devrait en produire 100 fois plus, puisque sa capacité totale devrait atteindre 100 000 t.

Yanne Boloh