Les applications d’automne plombées par la météo
Le marché s’est rétracté à l’automne, du fait de conditions pluvieuses défavorables aux interventions. Les traitements ont été divisés par plus de la moitié sur céréales et ont reculé de près de 30 % sur colza, en suivant la baisse de la sole.
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Les conditions de l’automne 2019, avec une phase de sécheresse suivie de pluies en octobre, ont provoqué un décalage des semis des céréales, accompagné d’une pression pucerons et cicadelles relativement faible. Par la suite, les précipitations continues ont fréquemment fait obstacle aux traitements. En toute logique, le marché insecticides céréales d’automne chute de près de 60 % par rapport à 2018, redevenant proche de la situation antérieure au retrait des traitements de semences à base de néonicotinoïdes. En blé et orge, il reste dominé par les insecticides foliaires à base de pyréthrinoïdes. En colza, les traitements subissent un retrait moins marqué en fin d’été et début d’automne, car les cultures ont été impactées très tôt par les grosses altises présentes après la levée. Le marché a basculé vers les solutions antirésistance telles que le phosmet, au détriment des pyréthrinoïdes solos. Cette évolution sera renforcée en 2020 par le retrait des insecticides organo-phosphorés, chlorpyriphos et chlorpyriphos-méthyl, acté depuis le 16 avril 2020.
Les pyréthrinoïdes solos dominent en céréales
Sur céréales, le marché global insecticides d’automne aurait perdu 60 % en 2019, se rétractant autour d’1 Mha déployés (contre 2,3 Mha en 2018). Il reste dominé par des pyréthrinoïdes solos à 96 %. La répartition entre les matières actives évolue peu. Avec Karaté Zéon et Karaté K (l-cyhalothrine), Syngenta se place premier avec plus de 26 % de part de marché en surface et en valeur. « Grâce à ces caractéristiques, Karaté Zéon est de plus en plus sollicitée et devient la solution la plus privilégiée par les agriculteurs », note Aline Zaborowski, de Syngenta. Les solutions à base de cyperméthrine sont appliquées sur 16 % des hectares développés. Sur ce segment, UPL est présent avec Cythrine L et Cythrine Max, Profi Cyper Max et Cyplan Max. En troisième position vient l’esfenvalérate (Mandarin Gold) distribué en exclusivité par Philagro « Cette substance active appartient à la sous-famille des benzyl-carboxylates qui favorise l’alternance des pyréthrinoïdes », relève Karine Poivet, de Philagro. Bayer reste présent avec Decis Expert et Protech (deltaméthrine) avec 3,5 % de pdm. BASF maintient les ventes de Magéos MD et Fastac, à base d’alpha-cyperméthrine, qui représentent 2 % de pdm en ha déployés. Adama reste présent avec le tau-fluvalinate (Mavrik Flo/Talita).
Montée de solutions antirésistance en colza
Le marché insecticide d’automne a baissé en 2019 du fait du retrait des surfaces de colza, associé à une forte pluviométrie qui a réduit les fenêtres de tir. Au final, les intervenants observent une impasse plus marquée, avec en moyenne 0,7 passage/ha cultivé. Pourtant, le colza a encore subi l’impact de plusieurs ravageurs à l’automne, en particulier les larves d’altise présentes à des fréquences parfois élevées. Les phénomènes de résistance aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes font basculer le marché. En effet, les applications de pyréthrinoïdes ont été divisées par deux à l’automne 2019 par rapport à la campagne précédente, se situant autour de 470 000 ha déployés. Les autres familles d’insecticides et les associations progressent, pour faire face aux résistances. Les positions des sociétés suivent ce changement. Boravi WG (phosmet) de Gowan s’est largement déployé sur près de 500 000 ha à l’automne. « Ce sera l’une des seules solutions efficaces contre les altises et les charançons du bourgeon terminal qui présentent de la résistance aux pyrèthres, soit par détoxification, soit par mutation de cible, pour la prochaine campagne », estime Éric Loppin, chez Gowan. Grâce au lancement du Teppeki en 2019 (flonicamide d’ISK), Belchim prend position sur le marché des antipucerons colza d’automne. « Teppeki respecte les auxiliaires et offre une solution efficace sur l’ensemble des pucerons du colza à l’automne, y compris les vecteurs de virose », observe Bertrand Boulet, de Belchim. UPL, avec ses marques de cyperméthrine, se situe autour de 59 000 ha déployés et Daskor (cyperméthrine + chlorpyriphos-méthyl), 130 000 ha déployés en 2019. Syngenta se place en troisième position avec une pdm de plus de 17 % en surface et 10 % en valeur, le Karaté Zéon (l-cyhalothrine) restant la marque pyréthrinoïde la plus utilisée. Philagro s’appuie sur l’esfenvalérate (Mandarin Gold). Bayer affiche 4 % de pdm avec Decis Protech et Expert. BASF se situe à 2 % de pdm en hectares déployés, principalement avec Mageos MD (alpha-cyperméthrine).
Au printemps 2020, le marché insecticides marque une progression sur les deux marchés. En effet, le mois d’avril a débuté avec une forte pression insectes, après un hiver doux suivi d’un printemps chaud et précoce. Du fait de son efficacité sur méligèthes, grâce à sa structure différente des autres pyréthrinoïdes, l’étofenprox (Trebon 30EC/Uppercut) de Belchim a doublé ses surfaces sur colza au printemps 2020. Selon les firmes, les traitements antipucerons sur céréales au printemps seraient aussi en nette hausse.
Anne-Marie Laville
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