Semences colza La génétique, substitut aux traitements
Cumulant deux campagnes difficiles, le colza voit ses ventes de semences baisser une nouvelle fois de plus de 10 %. Le basculement du marché vers les hybrides TuYV résistants partiels au virus de la jaunisse se confirme, de même que la montée en puissance des colzas associés. Par Anne-Marie Laville
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De nouveau, le colza subit une baisse des surfaces, après des implantations difficiles dans plusieurs secteurs à l’automne 2019. Les semis marquent un retrait de plus de 2 %, la sole se situerait à 1,08 million d’hectares, selon le Scees, ou 1,06 Mha, selon d’autres sources. Les situations restent contrastées : les surfaces augmentent de 30 % en Midi-Pyrénées. En revanche, la région Centre continue à perdre ses colzas, avec un retrait de 5 % en 2019 et au total de 37 % sur la période 2015-2019.
En volume, le marché des semences certifiées s’est encore rétracté, avec des ventes en chute d’au moins 10 ou 12 %, à environ 290 000 doses. La baisse pourrait être encore plus marquée, mais on ne dispose pas d’enquête Ipsos en 2019. Seule bonne nouvelle : les semences de ferme diminuent nettement aux derniers semis, couvrant près de 170 000 ha. La sole colza semble avoir atteint son étiage le plus bas, et les opérateurs misent sur une nette reprise des surfaces et, logiquement, des ventes de semences en 2020.
LG Architect, première variété
Toujours réactif aux nouveautés, le marché colza voit évoluer les places de ses intervenants. Aux semis 2019, Limagrain progresse pour la deuxième campagne consécutive. La marque LG passe à la première place, estimant à 29 % sa part de marché (pdm) en semences certifiées. « L’hybride LG Architect reste le premier cultivé en France depuis deux ans, et LG Amplitude ainsi que LG Acropole sont entrés dans le top 10 », souligne François Jansseune, chef de produit Limagrain. Passant à la deuxième place, Dekalb semences, désormais intégré au groupe Bayer, aurait une pdm proche de 20 % centrée sur DK Exception et DK Expansion. Avec une pdm à 14 %, KWS marque des points grâce à son hybride Feliciano KWS, doté du nouveau gène phoma RimS. RAGT semences enregistre aussi une forte progression, passant à 10 % de pdm pour les semis 2019, principalement avec les variétés RGT Cadran et RGT Quizz. « Nous disposons d’un flux variétal important, qui nous a permis de placer ces deux variétés dans le top 10 », annonce Samuel Dubois, chef de marché Hybrides France. Euralis semences a progressé de 4 % pour les semis 2019, grâce à ES Capello, pour se hisser à 10 % de pdm. « Inscrite en 2018, ES Capello s’est bien classée dans les essais Terres Inovia 2019 en finissant à un peu plus de 106 % du regroupement national », signale Célénie Besse, chef produits oléagineux. Les autres intervenants impliqués dans le colza restent DSV (6 %), Semences de France (4 %), Momont, Syngenta Seeds (2 %), Mas Seeds et un nouvel intervenant, France Canada semences.
Les TuYV couvrent 50 % de la sole
Le marché se tourne depuis deux ans vers des profils de colzas peu sensibles aux viroses d’une part, et vers des associations de plantes compagnes d’autre part. Ainsi les variétés TuYV tolérantes au virus de la jaunisse du navet représentent en 2019-2020 la moitié du marché. Elles font l’objet d’une fiche d’action CEPP, qui permet d’obtenir 2,4 certificats par dose utilisée. Les colzas associés à des plantes compagnes (féverole, lentille…) progressent aussi, sur au moins 15 % des surfaces, avec divers avantages : bonne interaction racinaire avec le colza, mise à disposition d’azote par les légumineuses compagnes. De plus, la biodiversité du couvert mixte peut contribuer à limiter les ravageurs. Cette parade est bienvenue, car il n’existe pas de moyens de lutte contre certains insectes tels que les altises d’hiver.
Sous l’angle génétique, le marché colza demeure en très grande majorité dominé par les hybrides restaurés, qui occupent plus de 95 % des surfaces. II reste encore quelques lignées sur le marché, en particulier ES Mambo, la plus commercialisée en France, selon Euralis semences. Le catalogue colza d’hiver se renouvelle toujours activement, avec onze inscriptions au CTPS début 2020. Reste une interrogation : le segment des colzas Clearfield, tolérants aux herbicides à base d’imazamox, pourra-t-il se maintenir face aux nouvelles contraintes sur la mutagenèse ? En effet, le Conseil d’État considère que les plantes obtenues par mutations in vitro, parmi lesquelles se trouvent une partie des VTH (variétés rendues tolérantes aux herbicides), doivent relever de la réglementation sur les OGM. Actuellement, le segment du colza Clearfield représente moins de 5 % des surfaces. Pour 2020, aucun retrait ne serait encore en vue, mais il semble difficile de présager du futur.
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