Herbicides céréales Un automne 2019 peu propice aux traitements
En raison de conditions climatiques catastrophiques, les traitements d’automne ont accusé une chute drastique en 2019, rompant ainsi avec la dynamique de croissance des précédentes années.Par Lucie Petit
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Acontrario des années précédentes, la campagne 2019-2020 a été marquée par un effondrement des surfaces de céréales traitées à l’automne 2019. En raison des fortes pluviométries, ces dernières ont accusé une baisse de 30 % par rapport à 2018, avec seulement 5,5 Mha traités. Ainsi, seules 40 à 45 % des surfaces ont été traitées à l’automne, contre 60 % en 2018. « C’est un gros bouleversement pour le marché », signale Hubert Vincent, de BASF. Pour Maxime Benichon, de FMC, « c’est un marché d’automne en berne ». Toutefois, pour les surfaces qui ont pu être traitées, il n’y a pas d’évolution à noter concernant le nombre de passages et de produits utilisés.
La structure du marché reste également inchangée par rapport aux campagnes précédentes. « Il est toujours dominé par les antigraminées, drivers du désherbage, note Karine Poivet, de Philagro. Ils représentent les deux tiers du marché global, avec près de 80 % à l’automne. » À l’échelle de la campagne, 9 Mha ont été déployés en antigraminées, selon les premières estimations de Corteva Agriscience, en baisse de 17 % par rapport à 2018, soit − 1,8 Mha. Et 5 Mha ont été déployés en antidicotylédones. « Face à une baisse des surfaces de céréales estimée à 5 % dans laquelle les orges de printemps ont remplacé une partie des blés tendres d’hiver, les antidicotylédones n’auraient perdu qu’entre 600 000 et 700 000 ha, soit un peu plus de 10 %. Cela illustre le fait qu’il ne faut pas réduire la lutte herbicide au contrôle du vulpin et du ray-grass », détaille Mathieu Vaisset, de Corteva. Les surfaces d’orges de printemps ont augmenté de 14 %, soit 90 000 ha, alors que celles de blé tendre d’hiver ont diminué de 8 %, soit 400 000 ha.
Malgré ce marché d’automne perturbé, Hubert Vincent signale que BASF a gagné 1 point de marché, notamment grâce à ses solutions Trooper (pendiméthaline et flufénacet) et Pontos (picolinafène et flufénacet), dont 2019 fut l’année de lancement. « Le segment flufénacet reste le plus dynamique à l’automne », note-t-il. La firme proposera d’ailleurs cet automne une nouvelle solution Quirinus à base de flufénacet et picolinafène (lire p. 40).
Une sortie d’hiver délicate
La campagne de printemps s’est révélée elle aussi complexe. « On aurait imaginé davantage de traitements en sortie d’hiver, mais la pluie s’est à nouveau invitée. Les désherbages tardifs ont alors été essentiels », explique Maxime Benichon. « Les rattrapages de printemps ont été délicats, en particulier pour les orges de printemps dans l’est de la France, qui ont été semées nettement plus tard que d’habitudes », ajoute Laurent Magnant, d’Ascenza. « Le déficit de traitement à l’automne n’a donc été que partiellement compensé au printemps. Il semble que certains agriculteurs aient abandonné l’idée même de parvenir à contrôler les graminées en sortie d’hiver, analyse Mathieu Vaisset. Les deux dernières années ont montré que miser sur le tout automne était dangereux et que peu d’agriculteurs peuvent encore rester sur des pratiques de désherbage tout printemps. » Considérer l’ensemble des pratiques possibles, au-delà des solutions chimiques, s’avère ainsi plus que nécessaire aujourd’hui. « Les mesures agronomiques doivent désormais accompagner le désherbage chimique, souvent dès l’automne, renforcé par des passages en sortie d’hiver ou au printemps », souligne Mathieu Vaisset.
En matières de produits, FMC annonce un recul de 4 % du marché des antidicotylédones du fait de la baisse des surfaces de céréales d’hiver. La firme présente cependant une importante progression de sa gamme à base de sulfonylurées issues de la technologie LQM, avec une hausse de 60 % des hectares déployés. Philagro, pour sa part, annonce une progression de 15 % sur le segment du metsulfuron, malgré une baisse de 12 % de ce marché, avec ses solutions Deft/Savy et Nicanor Premium. Enfin, Corteva signale une hausse des ventes de sulfonylurées antigraminées de 3 %, « une première depuis 2013 qui a particulièrement bénéficié à nos produits à base de pyroxsulame (+ 6 %) ». Les traitements plus tardifs de cette année ont également profité à ses solutions à base d’Arylex active (Zypar, Mattera et Pixxaro EC), du fait de leur souplesse d’utilisation, avec une augmentation de plus de 100 000 ha, soit environ +25 %.
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