Login

Insecticides maïs, betteraves, pommes de terre Nouvelle donne

Christian Watier

La disparition depuis un an des insecticides à base de néonicotinoïdes a modifié complètement la lutte contre les insectes, notamment contre les pucerons. Par Blandine Cailliez

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

C’est probablement le marché des insecticides qui, en grandes cultures, a connu le plus grand bouleversement ces deux dernières années. Des segments entiers du marché ont disparu. En betteraves, par exemple, après la disparition des néonicotinoïdes en traitement de semences, des solutions contre les ravageurs du sol existent, soit en TS avec Force 20CS, soit en traitement microgranulés avec Force 1.5 G, toutes deux conseillées par l’ITB, mais elles ne sont pas efficaces contre les pucerons.

Teppeki leader en betteraves

« Un nouveau marché s’est créé, celui des insecticides foliaires antipucerons », constate Audrey Ossard, de Bayer. En 2019, le marché des TS betteraves est ainsi passé de 26 à 8,8 M€ et celui des foliaires de quasi rien à 11 M€. « Pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse, une seule solution homologuée est efficace, le Teppeki à base de flonicamide, relève Cédric Royer, de l’ITB. Nous avons aussi demandé, comme l’an dernier, une dérogation pour l’utilisation du Movento à base de spirotétramate. » Bayer est ainsi en attente de cette dérogation. L’ITB déconseille sur pucerons l’emploi des produits à base de pyréthrinoïdes Karaté K et le nouveau Mavrik Jet, car une grande partie des pucerons est résistante à ces familles chimiques.

Sur le marché des insecticides foliaires, tous insectes confondus, Teppeki était leader en 2019 avec 65 % de part de marché, devant Movento, 19 %. Les pyréthrinoïdes et pyréthrinoïdes associés, dont Karaté Zéon et Karaté K, ont représenté 25 % des surfaces déployées. « C’est la teigne qui pose le plus de soucis, reconnaît l’ingénieur de l’ITB. Contre cet insecte, nous pouvons utiliser Décis Expert, Ducat et Karaté Zéon, avec 300 l d’eau, en deux passages à 10 jours d’intervalle le soir. »

« En maïs, une grande partie du marché protégé jusqu’en 2018 en TS s’est reporté sur les microgranulés », constate Patrick Bergougnoux, de FMC. « Pour la première campagne sans semences protégées Sonido, environ 25 % de la sole a bénéficié d’une protection de microgranulés à base de pyréthrinoïdes, souligne Jean-Baptiste Thibord, d’Arvalis. Ces solutions présentent une efficacité potentiellement intéressante contre les taupins, mais l’utilisation d’un diffuseur est indispensable pour obtenir une bonne efficacité. Nous recommandons surtout Belem/Daxol, Fury Geo, Karaté 0.4 GR et Trika Expert +. » « Les ventes de Belem/Daxol ont dépassé de loin ce que nous avions prévu, reconnaît Stéphanie Fournol, de Corteva. Elles ont représenté entre 60 et 70 % de part de marché. »

Les interventions foliaires ne constituent pas le plus gros marché, mais elles ont gagné 6 % en 2019, à 450 000 ha, trichogrammes compris. Environ 245 000 ha ont été protégés avec Coragen, 100 000 ha avec des pyréthrinoïdes dont Karaté Zéon. Le marché des trichogrammes, que se partagent Phyteurop (produits Bioline) et De Sangosse, a quant à lui augmenté, de 78 000 à 90 000 ha, selon les panels, mais De Sangosse l’estime à 130 000 ha.

Pommes de terre : raréfaction des solutions

« En pommes de terre, le marché a continué à progresser », constate Bertrand Boulet. « On assiste à une recrudescence des doryphores », relève François Sénéchal, de Syngenta. Sur 190 000 ha implantés, le marché des insecticides en végétation est passé à 337 000 ha déployés en 2019, contre 320 000 ha en 2018 (175 000 en 2016).

Contre les pucerons, après l’interdiction des néonicotinoïdes l’an dernier et du Plénum cette année, on assiste à une raréfaction des produits. Sans compter que certains cahiers des charges écartent Teppeki. La part des huiles, très utilisées en plants, est toujours importante (plus de 50 %), devant Teppeki (37 %) et Plenum (37 000 ha). Contre les doryphores, Coragen domine le marché avec 36 000 ha, sur 74 000 ha traités. On trouve ensuite, tous insectes confondus, les pyréthrinoïdes, dont Karaté K et Karaté Zéon, ou Mavrik Flo et Mandarin Pro qui disparaissent tous les deux au profit d’autres formulations. L’organo-phosphoré, à base de chlorpyriphos, va aussi être interdit cette année. « Nous allons retravailler dans nos essais l’efficacité de toutes les molécules de la famille des pyréthrinoïdes en 2020 », précise François Brunisholz, d’Arvalis.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement