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Semences colza En chute libre

Après un début de campagne 2018-2019 épineux, le colza a perdu entre 300 000 et 400 000 ha cultivés, alors que les ventes de semences certifiées chutaient de 17 %. Le fait marquant reste le basculement vers les hybrides résistant au virus de la jaunisse, qui raflent un quart du marché. Par Anne-Marie Laville

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Malmené par la sécheresse de la dernière campagne 2018-2019, le colza accuse le coup. Une météo aride, des levées difficiles et des attaques de ravageurs ont fait chuter les surfaces de 30 % en Lorraine et jusqu’à 50 % en Bourgogne Franche-Comté. Sur les secteurs Champagne et Hauts-de-France, la baisse se situe entre 5 % et 10 %. Au final, la sole colza s’établirait à 1,3 million d’hectares, selon l’estimation d’Agreste en février 2019. Mais compte tenu des retournements, Terres Inovia miserait plutôt sur 1,1 Mha. En volumes, le marché se rétracte aussi. « Les ventes de semences certifiées ont chuté de 17 % selon Ipsos, alors que les intentions de semis s’annonçaient plutôt stables l’an dernier », note Isabelle Pauchet-Mattler, de l’UFS, qui estime les ventes à 303 000 doses en 2018. La répartition reste stable entre les colzas hybrides (94 %) et les lignées (6 %) depuis les dernières campagnes.

Les résistants tuyv couvrent 27 % des ventes

Les cartes se rebattent depuis les semis 2018. Dekalb semences, désormais intégré au groupe Bayer, est en recul pour se situer à près de 38 % de part de marché, contre 50 % en 2017-2018. Advanta marque une forte progression d’environ 15 points, pour ravir 25 % du marché. À la suite du transfert des colzas Limagrain d’Advanta vers LG, toutes les variétés du semencier ont pris le préfixe et la marque LG depuis avril 2019 en France. Les autres intervenants impliqués dans le colza restent Momont (10 %), KWS semences (10 %), DSV (6 %), Euralis (6 %) et RAGT semences (4 %).

Le marché évolue clairement vers des profils de colzas moins sensibles aux parasites. « Nous observons la forte augmentation du segment “variétés virose TuYV résistantes”, une innovation de rupture qui a remporté 27 % du marché en 2018. On pourrait s’acheminer vers 80 % en 2019 », relève avec optimisme François Jansseune, chef marché colza LG. L’hybride LG Architect, qui possède ce profil TuYV résistant, est devenu le colza le plus cultivé en 2018-2019. En 2e et 3e positions viennent DK Exception et DK Expansion (Dekalb), devant Cristiano. Bien que discrète, la lignée la plus présente reste ES Mambo.

À la tête de la gamme la plus large du marché, Dekalb semences commercialise toujours une vingtaine de colzas dont plusieurs hybrides Holl à haute teneur en acide oléique. La société KWS semences se maintient grâce à sa variété phare Cristiano KWS, 4e hybride le plus cultivé en France. Le renouvellement du catalogue reste très actif : une vingtaine d’hybrides ont été inscrits en 2019 pour le marché français par sept obtenteurs : Dekalb, LG, DSV, Euralis, BASF, RAGT, Syngenta Seeds.

Un marché pluriel

Anti-hernie, antiméligèthes, anti-orobanche ou à forte teneur en acide oléique, les variétés offrent des solutions diversifiées, pour répondre à des attentes plurielles. Dans le cas d’une parcelle envahie de hernie du chou, Terres Inovia conseille les colzas qui présentent une certaine résistance à ce parasite : Sy Alibaba, Andromeda, Cracker ou Sy Alister… Enfin, dans les parcelles portant de l’orobanche rameuse, situées surtout en Poitou-Charentes, le recours à des variétés tolérantes devient incontournable.

Face aux ravageurs, plusieurs semenciers proposent des méthodes d’évitement des méligèthes avec les hybrides à floraison très précoce, associées à la variété principale à hauteur de 6-8 %, type ES Alicia, RGT Troubadour et RGT Ginfizz qui captent les méligèthes et limitent ainsi les dégâts.

Le colza diversifie aussi ses débouchés avec les variétés riches en oléique, Dekalb semences ayant inscrit un nouvel hybride Holl dans sa gamme. De son côté, Pioneer se focalise sur l’obtention de colzas riches en protéines, attendus dans un futur proche. Enfin, le segment de marché des colzas Clearfield, résistant aux herbicides à base d’imazamox (Cleranda ou Cleravo), reste marginal, un frein étant mis à leur inscription. D’une part, le gain de productivité n’est pas aussi rapide sur ces variétés que sur les hybrides conventionnels. D’autre part, les solutions herbicides disponibles actuelles permettent de contrôler la plupart des adventices. La liste des colzas Clearfield restera donc restreinte en 2019.

© S. CHAMPION - La zone d’extension de l’orobanche, suivie depuis 2010 par Terres Inovia, se situe dans l’Ouest, en Poitou-Charentes et en Vendée. Elle est également détectée de plus en plus régulièrement dans le Nord-Est, notamment dans l’Aube, et de façon très localisée dans le Sud-Ouest.

© C. Thiriet - Depuis l’automne 2017 favorable à la hernie des crucifères, les foyers s’étendent à l’Ouest et dans le Centre-Est. Pour réduire l’impact, Terres Inovia conseille de combiner lutte génétique et lutte agronomique.

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