Engrais azotés Y aura-t-il une pénurie ?
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C’est la question que tout le monde se pose cet automne. Non seulement les prix des engrais azotés flambent, en doublant voire triplant depuis le début de l’année, mais au-delà ce sont les disponibilités qui inquiètent. Si le premier apport semble a priori à peu près couvert, le second semble déjà plus aléatoire.
« Rien ne nous dit qu’on aura accès aux engrais azotés, quel que soit le prix, s’est alarmé Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, et aussi de Novagrain. S’il n’y a pas d’engrais azotés, il n’y aura pas de production. Un certain nombre d’agriculteurs réfléchissent à modifier leur assolement pour les cultures de printemps, en limitant les cultures les plus demandeuses en azote (comme le maïs) et en s’orientant vers de l’orge de printemps, du tournesol, voire des protéagineux. »
« PAS D’USINES À L’ARRÊT »
Pour déminer la situation, l’Unifa, représentant les industriels de la fertilisation azotée, a assuré que ces derniers mettaient « tout en œuvre à l’heure actuelle pour assurer la continuité de la production ». « Il n’y a pas d’usines à l’arrêt en France, les usines tournent », appuie Florence Nys, déléguée générale de l’Unifa, qui explique que les producteurs essayent de se tourner vers l’importation d’ammoniac depuis des pays où il est produit de manière moins onéreuse. « Les retours de nos adhérents indiquent que la disponibilité des produits est là. » Mais à quel prix ?
« Les répercussions actuelles de la hausse des prix des matières premières sur toute la filière ne sont pas tenables, reconnaît-elle. Nous avons besoin de trouver rapidement une solution pérenne. Nous y travaillons. Les pouvoirs publics sont conscients qu’il est essentiel de maintenir la production d’engrais pour approvisionner les agriculteurs », même si à la mi-octobre, il n’y avait pas de mesures concrètes mises en place.
150-200 €/HA DE CHARGE EN PLUS
« L’impact sur les exploitations agricoles va être extrêmement violent, reprend Benoît Piètrement. Ceux qui ont réussi à se couvrir en début d’été seront moins impactés, mais en règle générale, les agriculteurs sont plutôt moins couverts car les prix sont montés très rapidement dans l’été. Et ils se sont dit qu’à 300 €/t de solution azotée, au lieu de 180 €/t l’année dernière, ils allaient attendre l’hiver. » Sauf qu’entre-temps le cours de la solution azotée a encore doublé pour atteindre 615 €/t le 13 octobre. « À ce prix-là, sur une culture de blé, la charge supplémentaire de fertilisation va être de 150 à 200 €/ha. En général, selon le type d’engrais que l’on utilise, on est à 100-150 €/ha. On monterait donc à 300-350 €/ha, juste pour la fertilisation azotée. Cela fait extrêmement mal alors qu’on pouvait se réjouir des prix élevés des céréales. »
Renaud Fourreaux
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