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De l’innovation collaborative

Si pour le développement des produits phytosanitaires conventionnels, c’est encore du chacun pour soi, les firmes n’hésitent plus à jouer la carte du réseau pour innover dans les biosolutions ou le numérique.

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Effectuer la transition agroécologique exigée ne peut se faire sans innovation, notamment en ce qui concerne la protection des plantes. Si les firmes phytosanitaires en sont conscientes, toutes s’accordent également sur le fait que cette innovation ne peut se faire en restant seul dans son coin. Ainsi, les partenariats, en particulier avec des start-up, et les rachats de société, pour la mise en place de nouvelles synergies, se multiplient afin de renforcer leurs activités, en particulier autour des biosolutions. « On a mis en place sept partenariats depuis 2019 pour développer les biosolutions, il s’agit d’accords de commercialisation ou alors de codéveloppement de solutions », témoigne Sylvain Bedel, DG France de Corteva Agriscience. Par exemple, concernant le biocontrôle, Corteva a annoncé en septembre 2021 la signature d’un contrat pluriannuel avec Gaïago, société française de biotechnologie, pour la validation, le développement et la commercialisation de biofongicides à travers le monde.

Mais les sociétés françaises ne sont pas en reste et tissent également leur réseau d’innovation. De Sangosse a notamment multiplié les annonces cette année. Elle a signé avec Agriodor, start-up créée en 2019 et spécialiste des parfums à base de kairomones, un accord de commercialisation exclusive de ses kits de piégeages à base de kairomones dès cette campagne 2021-2022 pour lutter contre les bruches de la féverole, de la lentille et du pois. En septembre, elle a aussi fait l’acquisition d’Agronaturalis, société anglaise spécialiste des biofongicides à base de bicarbonate de potassium. Déjà partenaires, leur collaboration avait permis la mise sur le marché français de l’Armicarb, un biofongicide multisite luttant notamment contre l’oïdium en vigne. Bioline Agrosciences, filiale de Bioline by Invivo, s’est pour sa part doté d’une huitième biofabrique dans le monde avec l’acquisition, en mars 2021, de la société kényane Dudutech, l’un des principaux sites de production de solutions de biocontrôle en Afrique.

Le digital n’est pas en reste

Si les biosolutions s’avèrent au cœur de ces démarches d’innovation collaborative, les firmes travaillent également à leur bonne utilisation et à limiter l’impact des produits phytos conventionnels. Pour cela, les outils numériques se révèlent indispensables et sont désormais une activité à part entière des firmes de l’agrofourniture, et leur développement fait aussi l’objet d’approches collaboratives.

Annoncée en novembre 2020, la joint-venture entre BASF Digital Farming et Bosch, pour le développement et la commercialisation de technologies au service d’une agriculture durable, a reçu en juillet 2021 l’aval des autorités de la concurrence et a été immatriculée sous le nom de Bosch BASF Smart Farming GmbH. Cette joint-venture permet d’associer les capacités matérielles et logicielles de Bosch, notamment de son logiciel de capteurs de caméra, à l’outil d’aide à la décision automatisé de BASF, xarvio Digital Farming Solutions, une plateforme apportant des solutions numériques pour une gestion optimale des cultures. Elle a notamment permis de développer la solution de « Smart Spraying » qui permet la détection et le traitement automatisés des adventices. Les essais montrent une économie possible de 70 % du volume d’herbicide. Déjà commercialisée au Brésil et en Argentine, la solution devrait faire son entrée sur le marché d’ici la fin de l’année, en quantités limitées toutefois.

Pour sa part, Bayer a mis en place il y a quelques années sa démarche d’« open innovation » (lire p. 20) reposant sur différents programmes, dont Innov4Ag. S’appuyant sur quatre piliers, qui sont les challenges, le mentorat, l’incubation et les partenariats, elle a pour objectif d’identifier les technologies et d’accélérer le pipeline de R&D. « Nous ne pouvons atteindre seuls les objectifs nécessaires à la transition agroécologique, l’idée est de monter des écosystèmes d’innovation », affirme Simon Maechling, responsable du programme. Une multitude de partenariats sont ainsi signés chaque année, principalement dans le domaine du digital, de la valorisation et l’optimisation des données et, dans une moindre mesure, dans celui des biosolutions.

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