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La Fnams inquiète pour les disponibilités en semences en 2023-2024

« Nous ne manquerons pas de semences pour les semis de l’automne 2022 et du printemps 2023, nous sommes par contre plus inquiets pour les années suivantes », a déploré Thomas Bourgeois, président de la Fnams (2e à dr.), aux côtés de Jean-Albert Fougereux, directeur technique (à g.), Laurent Miché, vice-président, et Anne Gayraud, directeur administratif et affaires syndicales. © B. CAILLIEZ

La Fnams a constaté lors de sa conférence de presse annuelle, le 18 mai à Paris, une baisse des surfaces de multiplication de semences qu’elle n’estime pas trop alarmante. Elle est en revanche moins sereine quant à la mise en place des surfaces de multiplication pour la prochaine campagne.

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Les surfaces en production de semences accusent une baisse cette année, plus ou moins forte selon les groupes d’espèces, mais, le 18 mai devant la presse, les dirigeants de la Fnams, la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences, se sont voulus rassurants. « Nous ne manquerons pas de semences pour les semis de l’automne 2022 et du printemps 2023, a souligné Thomas Bourgeois, président de la Fnams. Même si le marché risque d’être tendu pour certaines espèces et si la sécheresse aggrave la situation. »

Un recul de 4 à 16 % des surfaces selon les espèces

« Les surfaces de multiplication de céréales à paille reculent de 4 % à 122 000 ha, selon les données date à date de Semae au 17 mai, précise Anne Gayraud, directeur administratif et affaires syndicales. Celles de protéagineux, de 7 % à 12 000 ha, de fourragères de 10 % à 51 000 ha, de betteraves sucrières de 16 % à 5 100 ha. Seules les surfaces de semences de potagères restent stables à 21 500 ha contre 21 400 en 2021. Les surfaces de céréales hybrides sont particulièrement concernées. Les blé, orge et triticale hybrides perdent 1 400 ha sur les 5 100 ha implantés en 2021, soit une baisse de 27 % ! »

Le désintérêt des producteurs pour les semences

« Nous sommes par contre très inquiets pour la mise en place des productions de semences à l’automne 2022 et au printemps 2023, et donc pour les semis conso de 2023-2024, ajoute le président de la Fnams. Ce recul s’explique surtout par un désintérêt des agriculteurs pour la production de semences par rapport au blé, au colza ou au tournesol conso. C’est surtout le cas en fourragères. En récolte 2021, la marge nette de la production de semences de luzerne était de – 300 à – 400 €/ha, celle de fétuque élevé de 0 €/ha, et de dactyle de 100 €/ha, lorsque celles des céréales de consommation sont entre + 400 et + 450 €/ha. »

L’évolution du climat impacte aussi plus fortement les productions de semences que celles de conso. « C’est encore plus vrai pour les espèces qui ne sont pas cultivées pour faire des graines, comme la luzerne, les oignons ou les carottes, précise Jean-Albert Fougereux, directeur technique de la Fnams. L’arrêt de certaines matières actives, notamment contre les ravageurs, décourage également les producteurs de semences. »

Des solutions qui restent à identifier

« Pour tenter de trouver des solutions, nous sommes en train d’analyser, avec les établissements semenciers, l’évolution des coûts de production, remarque le président. Ils grimpent de 20 % en céréales à paille, 12 % en betteraves sucrières, 10 à 20 % en fourragères et 10 à 15 % en potagères. » Les céréales à paille ne devraient pas être impactées car le prix des productions de semences est indexé sur celui de la consommation. Mais pour d’autres espèces, c’est plus compliqué.

L’UFS, l’Union française des semenciers, avait déjà alerté le gouvernement à ce sujet « mais sans réponse à ce jour », remarque Laurent Miché, vice-président de la Fnams. « En fourragères, par exemple, nous demandons un accompagnement sur le prix de reprise des semences par les établissements, avance-t-il. La solution pourrait peut-être aussi venir d’aides aux éleveurs en aval de la filière pour renouveler leurs surfaces de prairies. »

Le rendez-vous technique Récolt’Expo

En attendant, la Fnams a prévu de réunir les agriculteurs multiplicateurs de semences autour d’une journée consacrée à la récolte et à l’andainage des cultures porte-graines, « Récolt’Expo », le 9 juin à Castelnaudary. « Avec la disparition du diquat qui permettait la dessication des cultures, les agriculteurs doivent s’adapter et l’andainage est une solution, explique Jean-Albert Fougereux. Mais pour certaines espèces, cette technique est plus difficile à maîtriser que pour d’autres. »

Blandine Cailliez

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