Nouvelle Aquitaine Atout semences et carte bio
Au sud de cette vaste région, Maïsadour et Euralis investissent dans leurs activités semences, bien au-delà des frontières du Sud-Ouest. Au nord, en Poitou-Charentes, les entreprises vivent à l’heure du bio.
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Les grands groupes coopératifs du sud de la région Nouvelle Aquitaine misent fortement sur l’activité semences. Maïsadour, via sa filiale Mas Seeds, a acquis un programme de R&D mexicain sur maïs tropical et possède ainsi des milliers de lignées, des hybrides en cours de sélection et des dizaines de produits au stade commercial. Il dispose aussi d’une station de R&D au nord de Mexico et d’une équipe d’agronomes sur plusieurs localités mexicaines.
De plus en plus à l’international
« Nous travaillons à adapter ces semences aux pays d’Afrique de l’Ouest, explique Philippe Carré, DG de Maïsadour. Nous ouvrons aujourd’hui une filiale en Côte d’Ivoire, d’où elles seront commercialisées. Cela devrait contribuer au développement et à la structuration de filières agricoles, comme les élevages de poulets, sur ce continent en pleine croissance démographique. » « Les lignées que nous avons rachetées ont des caractères très divers qui peuvent être intéressants, dans le futur, pour le maïs tempéré cultivé en Europe, ajoute Jacques Groison, DG de Mas Seeds. Dans le cadre du réchauffement climatique, nous pourrons travailler sur la capacité des plants à résister à la sécheresse. »
Par ailleurs, en Ukraine, où il possède une usine à dominante tournesol, le groupe a connu des déconvenues en 2018-2019. Les ventes, qui se développaient très rapidement, ont brutalement chuté de 20 %. « C’était totalement inattendu, reconnaît Philippe Carré. Les agriculteurs ukrainiens se sont tournés vers d’autres cultures et nous n’avons pas été alertés de la baisse des commandes par nos distributeurs. Mais nous nous sommes réorganisés pour avoir de meilleures “antennes” sur le terrain, afin que cela ne se reproduise pas. »
Nouvel ensemble pour deux marques
De son côté, Euralis semences, focalisé sur cinq espèces majeures en Europe (maïs, tournesol, colza, soja et sorgho), fusionnera au deuxième trimestre 2020 avec Caussade semences Group, multispécialiste leader en France des semences bio. Aux mains de neuf coopératives du Sud-Ouest, l’entreprise compte 17 filiales, 11 sites de recherche, 5 usines, et commercialise 60 espèces différentes dans 35 pays. Le projet vise à créer « un nouvel ensemble qui renforcera la position des deux marques sur les marchés européens et des pays de l’Est en offrant une gamme élargie de produits et de variétés reconnus par les agriculteurs et les distributeurs ». À eux deux, Euralis semences et Caussade semences Group pèseront 355 M€ de CA.
Quant à Lur Berri, partenaire historique de Corteva (ex-Pioneer), il enregistre une progression de ses surfaces en semences de 3,7 %, et de 7 % rien qu’en maïs, avec des objectifs de volume dépassés (+106 %). « L’usine d’Aïcirits (Pyrénées-Atlantiques) a obtenu un très bon niveau de qualité produit, note le groupe. L’investissement de 350 000 € dans une table densimétrique a permis d’optimiser la qualité germinative et la pureté physique des lots traités. »
La ruée vers les céréales bio
Côté Poitou-Charentes, que ce soit chez les négoces ou les coops, le phénomène est le même : le bio se développe. « Les négociants se positionnent, analyse François Gibon, à la tête du réseau Négoce agricole Centre Atlantique. Il y a un mouvement de fond. Pour nous, c’est un marché à aborder comme un autre. » En témoignent la création de la SAS Bio Crops services et la SAS Grains d’Aquitaine, toutes deux agréées pour le bio. Grains d’Aquitaine est une filiale du groupe Piveteau, créée fin 2018 pour collecter des céréales bio, stockées dans un silo en location chez un agriculteur, et étendre la collecte conventionnelle sur la Vienne. « Nous voulons prendre le train de la collecte des céréales bio », justifie Gérard Piveteau, dirigeant du négoce éponyme.
Bio Crops services, dirigée par Christophe Pournin, a été créée en octobre 2018 par les négoces Agricentre Dumas (33 % du capital) et Ets Villemont (66 %). Les céréales bio céréales seront stockées à Saint-Maurice-la-Souterraine (Creuse), où la construction d’un silo spécialisé, commencée en février 2019, vient de se terminer. Au total, le site comprend 20 cellules de 150 t, un séchoir gaz, des nettoyeurs séparateurs plans et rotatifs, une capacité de désinsectisation bio et un trieur optique.
Communication positive
Côté coopératives, la SAS Aquitabio a vu le jour début 2019. En sont membres Océalia, Sèvre et Belle, Cap Faye, Natéa, CEA Loulay et Union Entente des coopératives (composée de neuf coops). « Le but, c’est de mutualiser nos ressources pour mieux gérer la commercialisation et les débouchés », indique le directeur général d’Océalia, Thierry Lafaye. Terre Atlantique, pour sa part, reste concentrée sur le conventionnel, avec un partenariat avec une coopérative 100 % bio, Corab, elle aussi située à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime).
En parallèle, le négoce continue de se mobiliser pour communiquer positivement sur l’agriculture, avec l’initiative Vert l’Avenir. « C’est notre contribution face à l’agribashing », appuie François Gibon. Des rendez-vous avec la presse locale pour expliquer des pratiques vertueuses continuent d’émailler l’année.
Florence Jacquemoud et Marion Coisne
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