Pourquoi les relations entre semenciers et trieurs à façon se normalisent
Longtemps dans la défiance, semenciers et trieurs à façon, qui se partagent le marché des semences quasiment à parts égales, renouent le dialogue. Après l’ouverture aux semences de ferme proposée en 2020 par l’interprofession, mai 2023 marque une nouvelle étape fondatrice.
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1 UNE VOLONTÉ D’OUVERTURE DE SEMAE
En France, depuis 2020, les dirigeants du Gnis, devenu aujourd’hui Semae, ont exprimé la volonté d’ouverture de l’interprofession semencière aux trieurs à façon et de traiter tous les sujets liés à toutes les formes de semences. Ce souhait s’est traduit par l’arrivée en janvier 2022 au sein du conseil d’administration de Semae de Sylvain Ducroquet, président du Staff (Syndicat des trieurs à façon français), et à son élection, à la tête de la nouvelle section Diversité des semences de l’organisation.
2 LA MAIN TENDUE DES TRIEURS À FAÇON
« À l’échelle européenne, les trieurs à façon souhaitent aussi normaliser leurs relations avec les semenciers, comme c’est le cas en France ou au Royaume-Uni », souligne Sylvain Ducroquet, également vice-président de l’European Mobile Seed Association (Emsa), qui rassemble une centaine d’entreprises de triage de semences à travers l’Europe. C’est pourquoi les responsables de l’association européenne ont invité à leur dernière assemblée générale, qui s’est déroulée en France, à Séricourt (Pas-de-Calais), les 10 et 11 mai, François Desprez, président de Semae et membre du conseil d’administration d’Euroseed, à échanger avec eux, car il a été l’un des principaux artisans de cette volonté d’ouverture de l’interprofession en France.
2 LA SEMENCE DE FERME, UNE RÉALITÉ
Dans la quasi-totalité des pays européens, les semences de ferme sont une réalité que les semenciers ne peuvent plus occulter. Selon le syndicat des trieurs à façon, elles représentent en moyenne 58 % du marché des semences de céréales en Europe, mais avec de grandes disparités selon les pays : 15 % au Danemark ou en Suède, 40 à 60 % au Royaume-Uni, en France ou en Allemagne, et 90 % en Pologne et en Grèce.
En outre, le taux d’utilisation des semences certifiées est très variable selon les espèces. Plus la production est contractuelle et le choix de la variété est un critère de qualité important, plus le recours aux semences certifiées est élevé. Selon Semae, elle a atteint l’an dernier, en France, 70 % pour le blé dur et 60 % pour l’orge de printemps, lorsqu’elle ne s’élève qu’à 46 % pour le blé tendre et 53 % pour l’orge d’hiver. Après une campagne 2019-2020 où les agriculteurs ont utilisé davantage de semences certifiées, 56 % en moyenne pour les céréales à paille, ils ont tendance à en acheter moins depuis. En blé tendre, notamment, la part des semences certifiées s’est effritée ces dernières années et représente désormais moins de 50 % du marché.
4 D’ACCORD POUR FINANCER LA RECHERCHE
Complètement d’accord sur la nécessité de financer la recherche, les trieurs à façon ont réaffirmé au cours de leur assemblée générale, leur pleine adhésion au principe de rémunération des obtenteurs et de royalties sur la création variétale. « Partout, ils peuvent être parties prenantes ou facilitateurs pour trouver des solutions au financement de la recherche, précise Sylvain Ducroquet. Les trieurs à façon européens sont prêts à faciliter la collecte de royalties pour le compte des semenciers. C’est d’ailleurs déjà le cas dans plusieurs pays d’Europe, et notamment au Royaume-Uni ou en Italie, où ils collectent directement les royalties pour le compte des obtenteurs. » En France, ce n’est pas nécessaire, car, rappelons-le, la collecte est effectuée sur la récolte et remboursée aux agriculteurs qui achètent des semences certifiées.
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