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Le photovoltaïque au beau fixe

Maïsadour, via sa filiale Élevage Service, compte équiper 50 nouveaux bâtiments d’élevage en photovoltaïque à l'horizon 2026.

Selon notre enquête Agrodistribution-ADquation, près d’un agriculteur sur cinq serait équipé de panneaux photovoltaïques. Cette proportion devrait rapidement augmenter au regard du nombre élevé de projets d’installation à trois ans.

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Les agriculteurs l’ont bien compris, l’énergie est un enjeu majeur dont il faut se saisir. D’ailleurs, avec ses nombreuses et grandes toitures, le secteur agricole représente un gisement important pour la production photovoltaïque. Selon l’Ademe, 11 000 exploitations agricoles étaient déjà équipées de panneaux photovoltaïques en 2015. Un chiffre aujourd’hui largement dépassé et qui devrait encore grimper dans les années à venir, puisque le scénario médian étudié par l’agence prévoit plus de 200 000 exploitations équipées en 2050. En effet, selon Bertrand Drouot L’Hermine, directeur développement chez TSE, « le solaire va représenter un axe de développement conséquent car c’est l’énergie la moins chère, la plus acceptée et la plus facile à déployer ». Une tendance reflétée dans notre enquête Agrodistribution-ADquation, puisque plus d’un tiers (35 %) des agriculteurs interrogés songent à installer dans les trois ans à venir des panneaux photovoltaïques sur leur exploitation.

Diversifier les revenus

Si l’envie de réduire la facture d’électricité pousse les agriculteurs à se lancer dans le photovoltaïque, ce n’est pas la seule raison. « L’arrêté S21 a entraîné une bonne dynamique d’installation de panneaux », remarque Pierre Fily, conseiller énergie, climat et expertise photovoltaïque à la chambre d’agriculture du Finistère. Pour rappel, cet arrêté du 6 octobre 2021 garantit le rachat de l’électricité par EDF-OA, filiale d’EDF, à prix fixe pendant 20 ans pour les puissances comprises entre 100 et 500 kWc. Une manière pour les agriculteurs de diversifier et de stabiliser leur revenu sur plusieurs années « sans charge de travail supplémentaire », glisse-t-il. Certains perçoivent d’ailleurs les panneaux photovoltaïques comme un complément de revenu pour la retraite.

Selon notre sondage, 19 % des producteurs sont déjà équipés. « J’aurai pensé plus », réagit néanmoins André Lefebvre, directeur du développement du marché agricole chez Tenergie. Un ressenti partagé par Dominique Villoury, responsable des projets photovoltaïques chez Eureden : « 19 % me paraît faible. J’ai le sentiment qu’il y en a plus entre les installations sur toitures en vente totale, celles en autoconsommation et les trackers. » D’autant que, selon Pierre Fily, « les agriculteurs satisfaits de leur première installation investissent par la suite dans d’autres centrales ».

Coops et négoces engagés

Si les modèles de panneaux sur toitures pour vente totale sont bien développés, ceux en autoconsommation sont plus timides. Mais les filières aux structures d’envergure et aux consommations énergétiques significatives (porcins et volailles) devraient trouver un intérêt au développement de l’autoconsommation.

Une chose est sûre, les coopératives et négoces ne sont pas en reste sur le sujet. Le groupe Perret accompagne depuis trois ans ses clients dans le photovoltaïque grâce à son partenariat avec le « deuxième acteur français » de l’énergie solaire, Tenergie. Quant au groupe coopératif Maïsadour, il amplifie sa dynamique en se donnant comme ambition, via sa filiale Élevage Service, d’équiper 50 nouveaux bâtiments d’élevage en photovoltaïque à l’horizon 2026. L’objectif ? Assurer le renouvellement des exploitations et dynamiser la filière volaille en Nouvelle-Aquitaine. Le 28 septembre dernier, la coopérative a d’ailleurs inauguré quatre nouveaux bâtiments d’élevage de poulets label rouge à Saint-Méard (Haute-Vienne). 2 500 m² de panneaux photovoltaïques ont ainsi été répartis pour un budget de 512 000 €. « Plus de la moitié du projet a été financée grâce à la location de la toiture, aux aides PCAE (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) et aux aides versées par Maïsadour. »

Si l’élevage semble être porteur pour le photovoltaïque, notre enquête montre que parmi les 51 % d’agriculteurs non équipés et sans projet d’installation, 62 % sont des éleveurs. Pourtant, selon François Maxence Cholat, responsable filière du négoce isérois éponyme, ce sont bien les éleveurs qui tirent les projets photovoltaïques. Un avis partagé par Pierre Fily, qui estime que 98 % des projets proviennent de l’élevage.

Une filière à structurer

Afin d’atteindre l’objectif de 40 % d’énergies renouvelables dans la production d’électricité d’ici 2030, le photovoltaïque va se développer dans les exploitations agricoles et « devenir une véritable filière agricole économiquement équivalente aux autres », selon les projections de l’Ademe. Il est donc crucial de renforcer dès à présent l’animation et l’organisation de cette filière. « Le sujet est nouveau, cela fait deux ans que nous travaillons dessus. Il a fallu suivre une formation sur ce qu’est le photovoltaïque, engranger des compétences techniques mais aussi juridiques, ainsi qu’en urbanisme, en finances, et avoir une vision globale des besoins en consommation d’une exploitation », témoigne Dominique Villoury.

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