Trésorerie : des agriculteurs en attente de solutions

Ils sont 77 % d’agriculteurs à affirmer avoir une trésorerie qui s’est dégradée en 2024 en regard de l’année précédente, selon notre baromètre ADquation-Agrodistribution réalisé en novembre. Et les producteurs en grandes cultures sont les plus impactés pour 89 % d’entre eux. Des résultats qui reflètent tout à fait la réalité du terrain avec une récolte d’été catastrophique. Et celle d’automne, bien que plus conséquente avec des surfaces en hausse, n’est pas toujours au rendez-vous, certaines parcelles n’ayant pas pu être récoltées comme en tournesol, quand d’autres ne l’étaient pas encore à mi-décembre.

Si nous remontons dans le temps, nous constatons que 2024 s’apparente à 2016, qui a été décrite comme une année noire en agriculture. Le même sondage réalisé cette année-là annonçait 81 % d’agriculteurs voyant leur trésorerie dégradée.

Reports d’échéances

D’autre part, ils sont près de la moitié à déclarer avoir besoin de solutions d’accompagnement pour faire face à leurs difficultés financières. Si certaines coopératives ou négoces proposent un tel accompagnement selon 27 % des sondés, pour la grande majorité, ce n’est pas le cas. Des résultats à nuancer toutefois en raison des 17 % de non-affirmatifs. En effet, des coopératives ont pris des mesures pour aider leurs agriculteurs. Un certain nombre d’entre elles ont reporté les échéances de septembre sur janvier pour l’appro d’automne, ou encore ont distribué le maximum de résultats possible légalement à leurs adhérents pour les soutenir financièrement.

Des prêts bonifiés

D’autres, comme Cavac ou Terrena, ont mis en œuvre un plan structuré d’aides. La première a débloqué au total 4 M€, dont 2 M€ d’aides directes à ses sociétaires engagés dans les contrats Positiv’ et qui accusent les plus fortes baisses de tonnage en récolte d’été. Un appui financier qui s’ajoute aux 2 M€ d’aides validés au printemps dernier au titre des semences de céréales à paille restées dans les exploitations et du soutien au semis de chanvre. Chez Terrena, ce sont 11 M€ qui sont mobilisés : paiements décalés, versement d’avances, pénalités réduites et plafonnées pour les problèmes de qualité des grains livrés, prime de séchage pour inciter à récolter plus tôt les maïs…

De son côté, le gouvernement vient de mettre en place à la mi-décembre les prêts de moyen terme bonifiés pour alimenter la trésorerie des exploitations agricoles, une des mesures annoncées mi-novembre par le ministère de l’Agriculture (lire ci-contre). Si les syndicats comme Jeunes Agriculteurs et la FNSEA saluent cette mesure, ils demandent la mise en œuvre effective des prêts de consolidation à plus long terme. Ce dispositif est assorti d’une garantie publique gratuite à hauteur de 70 % du prêt permettant d’offrir des taux d’intérêt accessibles aux agriculteurs les plus en difficulté.