Bien-être des agris : ce n’est pas top !
Notre baromètre Agrodistribution-ADquation s’est intéressé au sujet sensible du mal-être des agriculteurs, avec l’éclairage de la MSA et de la coopérative EMC2.
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Deux agriculteurs sur trois estiment ressentir un mal-être dans l’exercice de leur métier, selon notre dernier baromètre Agrodistribution-ADquation réalisé en décembre auprès de 484 exploitants agricoles. Et un tiers l’affirment « absolument ». Un mal-être surtout ressenti dans le Centre (pour 77 % des sondés de cette région), les exploitations de plus de 150 ha (72 %) et en grandes cultures (70 %), alors que le Sud et les éleveurs semblent moins affectés avec 58 % des sondés touchés.
Ce sondage reflète bien la réalité du terrain avec un secteur agricole, notamment en grandes cultures, secoué par une année culturale très compliquée se rajoutant à une situation déjà grevée par la hausse des charges et un effet ciseaux en céréales. Technicien de proximité à la coopérative lorraine EMC2, Fabrice Igier l’explique fort bien : « Plein de choses sont à dire avec ce chiffre. L’enquête a été réalisée au moment où les agriculteurs sortaient d’une période de semis d’automne très compliqués après une moisson très mauvaise et dans un contexte de prix des céréales pas si excessifs que cela et de charges élevées. » « D’autre part, ajoute-t-il, l’agriculture est quand même assez décriée en France. »
Deux genoux à terre
Des propos corroborés par son responsable région, Alban Weiten, soulignant que « l’année 2024 est plus complexe encore que 2016, certains agriculteurs se retrouvant les deux genoux à terre ». Le premier genou à terre est « la conséquence de la bonne année 2022 qui a engendré une forte fiscalisation couplée à une hausse vertigineuse des coûts de fertilisation durant la campagne 2023 et à une récolte moyenne, poursuit-il. Le second a touché terre avec la moisson 2024 catastrophique et des semis d’automne sous l’eau qui ont précipité le moral au plus bas au moment de votre enquête. » Si la question était reposée aujourd’hui, les résultats seraient-ils différents ? Cela dépendrait notamment de l’évolution des cultures qui n’est pas la même selon les secteurs géographiques. « Chez nous, cela se passe mieux que prévu et les agriculteurs afficheraient sans doute un meilleur moral (ndrl : le Nord-Est se situe dans la moyenne avec 62 % de mal-être ressenti) », remarque Fabrice Igier.
Un chiffre fort malgré tout
Dans un second temps, il a été demandé aux agriculteurs s’ils se sentaient soutenus moralement par leur distributeur, coopérative ou négoce. Un tiers estiment qu’ils reçoivent un soutien, plus particulièrement ceux travaillant principalement avec une coopérative (41 % se sentant soutenus). Comment interpréter ces réponses ? Alban Weiten voit dans ce dernier chiffre « quelque chose d’encourageant avec quatre agriculteurs sur dix qui se sentent écoutés et soutenus par leur technicien. Je trouve que c’est un chiffre fort car souvent, quand ça va mal, les agriculteurs se taisent dans un premier temps. Et il n’est pas simple pour quelqu’un dont ce n’est pas la mission première de soutenir une personne. »
Pour sa part, Fabrice Igier est plutôt surpris « qu’ils ne soient pas plus nombreux à se sentir soutenus », car lui-même est très présent sur le terrain notamment, au moment des périodes tendues : « J’étais avec eux dans les parcelles lors des semis d’automne. Et en rendez-vous, je prends toujours le temps de dialoguer, de faire un débrief de l’année passée, de leurs attentes en matière de conseil et de leur réflexion stratégique. Mais peut-être n’osent-ils pas s’ouvrir sur leur malaise ? Cependant, en novembre, j’ai quand même entendu des agriculteurs qui ont fini par en parler. »
Rôle clé des sentinelles
Et il se peut fort bien que Fabrice fasse partie des interlocuteurs dont le soutien moral est perçu par les agriculteurs sondés, comme nous l’a évoqué son responsable de région. Ce dernier a pu d’ailleurs suivre, dans son ancienne fonction, la formation dispensée par la MSA dans le cadre du réseau des sentinelles.
La MSA pilote en effet différents dispositifs pour détecter le mal-être agricole et aider les personnes en détresse. Grâce à un réseau de sentinelles qui s’étoffe d’année en année (plus de 8 000 à ce jour) et de personnes sensibilisées par la MSA, 5 839 signalements ont pu être traités en 2024. Et 88 % des signalements donnent lieu à un accompagnement individuel. Dans son dernier bilan, la MSA tient à faire remarquer le rôle clé joué par les sentinelles dans la détection des situations à risque, avec une augmentation de 165 % du nombre de signalements issus de leur vigilance.
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