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Pourquoi ça m’arrange d’être débordé : 5 clés pour se recentrer

Amélie Dubourg, coach en développement personnel à Thionville (Moselle). www.resplendissenscoaching.fr

Remplir son emploi du temps donne l’illusion de maîtriser sa vie. Même lorsque les tâches ne sont pas alignées avec nos objectifs à long terme, nous ressentons un sentiment d’accomplissement rassurant. Pourtant, lorsque cet emploi du temps déborde, c’est souvent un leurre qui cache plusieurs failles, un mécanisme d’évitement déguisé en efficacité, comme l’explique Amélie Dubourg, qui donne également des pistes pour en prendre conscience et lâcher prise.

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Une image « positive ». Être débordé renvoie une image forte : celle d’une personne active, efficace, qui mène une vie pleine. Dans notre société, c’est beaucoup plus valorisé que l’oisiveté. Mais le fait d’être débordé n’implique pas seulement un manque de temps : c’est aussi un mécanisme identitaire. La plupart des personnes qui vivent dans cet état en tirent un certain bénéfice. Être débordé donne la preuve de sa valeur. C’est la réponse à un besoin de reconnaissance : je suis occupé, donc je suis utile. C’est un refuge, car cela permet d’éviter de regarder ce qui ne va pas réellement. C’est aussi une bonne excuse pour dire non aux personnes ou aux tâches auxquelles on n’a pas envie de consacrer du temps. Enfin, c’est une armure : si je ralentis, qu’est-ce que je vais devenir vraiment ? On retrouve ce même phénomène chez ceux qui, après une vie à travailler sans relâche, vivent très mal le passage à la retraite.

Une forme de sécurité. On retrouve trois profils types qui se comportent ainsi. D’abord le perfectionniste. Il crée des listes interminables de tâches à accomplir, constamment renouvelées, pour garder le contrôle. Puis le responsable, qui veut que tout passe par lui et refuse de déléguer. Il confond responsabilité et surcharge, allant parfois jusqu’à porter le boulot ou les problèmes des autres. Enfin, nous avons le généreux. Toujours prêt à aider, il s’oublie pour exister dans le regard des autres. Chacun de ces archétypes trouve une forme de sécurité dans ce confort qui, en réalité, est profondément inconfortable.

Un arrangement inconscient. Être débordé est souvent une stratégie psychique pour ne pas ressentir certaines émotions refoulées. Comme la tristesse (ne pas être à sa place), la peur (de mal faire), la colère (se sentir seul à tout porter). Cela évite de se poser les vraies questions. C’est protecteur. Cela élude la confrontation avec soi : qui suis-je si je ne suis plus indispensable ? Ou du moins si je ralentis en confiant une partie de ce qui m’imcombe à un autre ? Et cela justifie aussi l’absence de confrontation avec les autres : je n’ai pas le temps d’aborder ce problème avec mon chef, un collègue, un subordonné. En réalité, c’est un mécanisme d’évitement. Le risque de ces comportements, c’est que le corps n’arrive plus à suivre. La fatigue s’installe, le stress augmente. Des tensions apparaissent dans le dos, les cervicales. Il peut même y avoir un accident du travail, une maladie, un burn-out. Le corps parle toujours avant que tout n’explose. Nous ne manquons pas de temps, nous manquons de conscience de l’emprise que ce rythme a sur nous.

Écouter son énergie. Il n’y a évidemment pas de recette miracle. Mais pour se libérer de ce fonctionnement, il faut d’abord comprendre les mécanismes en jeu : qui me pilote lorsque je me surcharge ? C’est apprendre à écouter son énergie plutôt que son mental : ralentir, déléguer, temporiser lorsqu’on est fatigué. C’est retrouver un rythme naturel : marcher plutôt que courir. C’est arrêter de saturer son monde intérieur de contenus, de vidéos sur les réseaux sociaux, de réunions et de plannings. Pour reprendre le contrôle, je suggère de faire chaque matin un « scan » mental pour identifier ce qui est réellement prioritaire et ce qui peut attendre, les décisions qui peuvent être reportées.

Se reconnecter aux autres. Je conseille aussi de se reconnecter aux autres, parfois simplement en proposant un café à un collègue, plutôt que de convoquer une énième réunion. Si on a beaucoup d’énergie, on peut proposer un atelier sur une thématique qui intéresse tout le monde. On peut donner du temps à des activités extraprofessionnelles, mettre ses compétences au bon endroit. Ne plus être débordé ne signifie pas faire moins, mais faire mieux. Et surtout garder à l’esprit que le travail n’est pas toute la vie, car il existe de nombreux facteurs d’épanouissement en dehors de l’entreprise. Plus globalement, les espaces d’écoute manquent dans le monde du travail. Les managers continuent de confondre productivité et efficacité. Nous n’avons, hélas, pas tiré les leçons de la crise sanitaire de 2020, de l’opportunité que constitue le télétravail, de repenser le système dans sa globalité.

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