Insecticides céréales-colza Le report sur les pyréthrinoïdes se confirme
Du fait de conditions climatiques propices à l’activité des ravageurs, les applications d’automne ont nettement rebondi en 2022 dans un marché qui se recentre logiquement sur les pyréthrinoïdes, même si leur efficacité est amoindrie.
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Forte pression de pucerons sur céréales et montée en puissance des coléoptères ravageurs sur colza : le niveau de protection a augmenté sur les cultures à l’automne 2022.
Sur colza, les protections insecticides d’automne restent majoritairement pilotées par la cible grosse altise. La progression des surfaces et la pression des ravageurs ont joué en faveur des traitements en 2022 et le marché en hectares déployés a progressé d’un peu plus de 5 %. Il serait passé de 1,77 Mha en 2021 à 1,87 Mha en 2022.
Colza : lutte plus complexe
De toute évidence, la lutte contre les ravageurs d’automne du colza devient plus complexe. Car l’altise d’hiver et le charançon du bourgeon terminal ont développé plusieurs mécanismes de résistance aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes. Le Boravi WG (phosmet) restait la seule alternative aux pyréthrinoïdes, mais il a été retiré en novembre 2022. Des utilisations de Boravi ont encore été faites à l’automne dernier avant son retrait, mais elles ont diminué par rapport à 2021. Logiquement, le report sur les pyréthrinoïdes se confirme. « Le Karaté Zéon (lambda-cyhalothrine) reste le premier insecticide colza, avec plus d’1 hectare sur 3 protégé par cette solution et des utilisations à la hausse », confirme Marine Denniel, responsable du marché insecticides chez Syngenta. Les applications progressent aussi pour les autres pyréthrinoïdes. « Les surfaces d’utilisation des spécialités Trebon 30EC et Uppercut (étofenprox) ont augmenté de 35 % par rapport à la campagne précédente », constate Céline Putaggio, responsable marketing opérationnel de Certis Belchim. Le fait nouveau de la campagne 2022-2023 a été la dérogation de 120 jours accordée en 2022 à la spécialité Minecto Gold (cyantraniliprole) de Syngenta, pour le contrôle des coléoptères. L’utilisation se limitait aux régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Île-de-France, Centre-Val de Loire (+ le département de l’Allier) pour une seule application placée entre le 15 octobre et le 12 février, à réserver aux situations à forte résistance des grosses altises aux pyréthrinoïdes. Cette dérogation sera-t-elle de nouveau en place en 2023 ? Difficile de le savoir.
Céréales : + 70 % de traitements d’automne
Sur céréales d’hiver, le marché insecticides a bondi de plus de 70 % en 2022 du fait de conditions climatiques propices à l’activité des ravageurs, contrairement à 2021. « À l’automne 2022, sur les pièges ayant capturé des pucerons, près de deux tiers étaient porteurs des virus de la JNO, contre un peu plus de la moitié seulement à l’automne précédent, relève Marine Denniel. La présence de cicadelles a été détectée sur la moitié des pièges contre un peu plus d’un sur trois à l’automne 2021. Bien que le virus des pieds chétifs (WDV) soit moins fréquent, il était décelé dans plus de 20 % des cas. » Les traitements ciblaient très majoritairement les pucerons, et à un degré moindre les cicadelles. En hectares déployés, le marché insecticide aurait couvert environ 3,35 Mha en 2022 contre 1,9 en 2021. Il revient presque au niveau de 2020 (3,53 Mha). Les observateurs relèvent un taux de traitement de 1,12 en 2022, proche de celui de 2020. La première place reste occupée par le Karaté Zéon (Syngenta), qui protège un hectare sur trois. Les autres pyréthrinoïdes se classent plus loin : l’esfenvalérate, suivi par la deltaméthrine (Decis) avec 100 000 ha traités, la cyperméthrine (Cythrine Max) et le tau-fluvalinate (Mavrik Smart). « Nos produits composés d’esfenvalérate (Mandarin Gold, Judoka Gold…) représentaient 15 % du marché. Parmi les pyréthrinoïdes, c’est la seule substance active appartenant à la sous-famille des benzyl-carboxylates, ce qui en fait un outil favorisant l’alternance des pyréthrinoïdes, aidant à limiter l’apparition des résistances sur céréales. Comparé aux autres pyréthrinoïdes, l’esfenvalérate a par ailleurs un profil avantageux sur les auxiliaires », commente Karine Poivet (Philagro).
Attaques marquées ce printemps
En début d’année 2023, la pression méligèthes sur colza semble assez hétérogène. Les attaques de puceron cendré seraient plus marquées et les traitements ont sans doute été plus nombreux qu’au printemps 2022. Adama reste le leader avec 37 % de part de marché sur le segment méligèthe et 12 % sur le segment puceron cendré avec Mavrik Smart.
Face aux coléoptères ravageurs du colza, le nombre de solutions se réduit comme une peau de chagrin. Selon Terres Inovia, l’efficacité des traitements pyréthrinoïdes sur méligèthes est fortement amoindrie. Quelques substances (tau-fluvalinate, étofenprox) échappent à la rapide métabolisation par les insectes et conservent leur potentiel d’efficacité. Mais la réduction du portefeuille de solutions induit une pression de sélection importante et risque à terme de remettre en cause des familles entières d’insecticides.
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