Six OS de Côte-d’Or signent un manifeste sur l’eau

Vendredi 26 septembre s’est tenu à Izier (Côte-d’Or) le forum « Eau et territoire : sécuriser demain », organisé par la chambre d’agriculture de Côte-d’Or et l’Alliance BFC. À cette occasion, le monde agricole a remis son manifeste « Pour une eau au service de la souveraineté agricole et alimentaire » au préfet de Région et de Côte-d’Or, Paul Mourier.

Une vision « alignée » du monde agricole

« Dans ce manifeste, nous avons souhaité présenter aux pouvoirs publics une vision alignée du monde agricole sur les questions d’accès à l’eau et de sa gestion pour le maintien de la souveraineté alimentaire sur notre département, et plus largement sur notre région, dans un contexte de changement climatique », témoigne Jérémie Bras, responsable du pôle productions végétales annuelles au sein de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or.

À l’origine de cette démarche, deux entités : l’Alliance BFC, via son président Didier Lenoir, et la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, via ses présidents, d’abord Vincent Lavier, puis Jacques Carrelet de Loisy, élu en février 2025.

32 signataires

Un premier texte, rédigé courant 2024, a été envoyé aux 60 organisations professionnelles agricoles du département, pour concertation et amendement. Après 18 mois de travail, une version définitive a été signée par 32 entreprises agricoles. Parmi elles, se trouvent l’Alliance BFC et ses trois coopératives (Bourgogne du Sud, Dijon Céréales et Terre Comtoise), l'union SeineYonne et l'une de ses coopératives, 110 Bourgogne, les négoces Bresson et Soufflet Agriculture ainsi que La coopération agricole Bourgogne-Franche-Comté.

« Ce texte, c’est un point de départ pour une dynamique territoriale autour d’une gestion partagée de la ressource en eau, dans un objectif de maintien du potentiel de production agricole », précise Damien Derelle, responsable agro-développement au sein de SeineYonne.

Pour une « politique de gestion de l’eau concertée »

Les auteurs du manifeste insistent sur « la nécessité d’une politique de gestion de l’eau concertée et cohérente à l’échelle du territoire » afin de « préserver la sécurité alimentaire et la diversité agricole régionale ».

Avec « des rendements en baisse de 10 à 20 % selon les cultures » d’ici à 2100, le changement climatique engendrerait « une perte de production annuelle équivalente à 440 000 t de blé en région Bourgogne-Franche-Comté, à laquelle s’ajoute une perte de 4 Mt d’herbe ». Selon les auteurs du document, cette chute de production représenterait « l’équivalent des besoins alimentaires annuels d’1,1 million de personnes », soit 40 % de la population régionale.

Dans « l’intérêt général de l’agriculture »

« Signer ce document est une première impulsion pour montrer que les acteurs agricoles se sentent tous concernés par la gestion durable de l’eau », poursuit Damien Derelle.

En plus des solutions d’adaptation des pratiques agricoles et d’élevage, le manifeste propose « la création et la restauration de plans d’eau pour des retenues multi-usages : productions locales, jardins partagés, pratiques sportives et espaces de fraîcheur, luttes contre les incendies ». « Le choix de projets multi-usages a été fait pour ne pas opposer agriculture et société civile sur la question de l’accès à l’eau », précise Jérémie Blas.

Les auteurs demandent aussi un soutien de la part des pouvoirs publics. À la fois financier, à l’aide « d’investissements dans les transitions agricoles et les infrastructures hydrauliques », mais aussi technique, via un accompagnement des exploitations agricoles pour l’instauration de pratiques adaptées aux évolutions climatiques. Ainsi qu’une gouvernance collective de la ressource en eau « basée sur l’intérêt général de l’agriculture ».

Les signataires du manifeste espèrent ainsi faire bouger les lignes, la préfecture devant rendre la feuille de route définitive de son plan Eau le 5 novembre prochain.