Terre d'Horizon : le bon mix coop-magasins
Aux confins de la Lorraine et de la Franche-Comté, Terre d'Horizon, issue de la fusion de deux coops, a repositionné et redéployé plusieurs pôles. Avec la performanceet le service rendu à l'adhérent comme étendard.
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Tout est dit, ou presque, dans le nom de la coopérative. Terre parce que bien ancrée dans son territoire, avec une réflexion axée sur le développement du local, des circuits de proximité. Horizon, parce que résolument tournée vers l'avenir, avec toujours des projets de croissance, des investissements physiques. L'ouverture en 2016 d'un site à Dounoux, est emblématique de la stratégie de la coop vosgienne : ce site intègre un stockage permettant la collecte et la valorisation des céréales de juin à janvier, puis la distribution des appros de printemps de février à mai. Il est accolé à une jardinerie-Lisa. « Avec cette structure polyvalente, nous offrons un vrai service à nos adhérents mais aussi aux habitants de cette zone rurale, explique Aude Bertout, la directrice. La complémentarité des activités du site assure une ouverture six jours sur sept, toute l'année et constitue la clé de la rentabilité d'un investissement de proximité en zone rurale. » Autre changement important : début 2018, le nouveau siège a été inauguré dans la zone économique de Saint-Nabord, en périphérie de Remiremont. Les bureaux situés au centre de la petite cité sud-vosgienne étant vieillissants et surtout d'un abord difficile. Le magasin professionnel et ses entrepôts ont également été transférés sur ce nouveau site, avec une surface plus importante et la réalisation d'une zone d'exposition dédiée à l'aménagement extérieur.
Etre au plus près de ses adhérents, de ses clients. Chez Terre d'Horizon, toute la stratégie est articulée autour de ce postulat de base. « Le redéploiement de nos activités, l'acquisition de nouvelles compétences, nos récentes évolutions, ont été décidées et mises en place pour assoir l'entreprise sur des bases solides, en assurer la pérennité. La construction de la relation client est au coeur de notre ligne directrice. L'expertise et la performance de l'offre en constituent les contours », souligne Aude Bertout.
Terre d'Horizon est une entreprise à la fois riche d'une longue histoire, mais toute jeune dans sa structure récente. Le groupe est né de la fusion début 2015 de deux coopératives, la CARV, coopérative agricole de Remiremont et de la Vôge, et l'UAC, Union agricole coopérative, de Rupt-sur-Moselle. La CARV et l'UAC avaient des territoires d'action contigus et des collaborations déjà existantes. D'où ce choix des conseils d'administrations respectifs d'unir leur destinée, pour renforcer la compétitivité de l'ensemble.
Contribuer au maintiendu tissu économique local
La coopérative y développe deux activités complémentaires à son activité agricole sous deux filiales. Deevert-Thiebaut Godard, spécialisée dans le domaine des espaces verts, s'adresse à des professionnels, paysagistes, collectivités locales pour leurs missions d'entretien des espaces publics, horticulteurs, maraîchers. Et plus récemment aux particuliers en recherche d'idées d'aménagements et d'une vraie expertise professionnelle, les conseillers-vendeurs étant paysagistes de formation et de métier. La société Carvert, sous enseigne Gamm vert, regroupe l'activité jardinerie des cinq magasins ainsi que des 20 conseillers-vendeurs spécialisés.
Aujourd'hui, Terre d'Horizon, c'est 400 adhérents, 40 salariés (dont 25 dans les pôles annexes), un rayon d'action de 60-70 km autour de Remiremont, du sud des Vosges, au nord de la Haute-Saône. « Nous sommes sur des secteurs de moyenne montagne et zone de piémont, précise Aude Bertout, avec 100 % d'adhérents éleveurs dont presque 50 % d'éleveurs exclusivement en herbe. Notre activité est donc très orientée élevage, ce qui se traduit sur les appros. Les deux coops de bases étant d'ailleurs historiquement uniquement dédiées aux appros, la mise en place de la collecte des céréales est récente. » Aude Bertout a été recrutée par le conseil d'administration de la CARV en 2011, pour prendre la suite du directeur partant à la retraite. Ingénieur agro (Ensaia Nancy), titulaire d'un Master 2 en management des entreprises, elle était auparavant responsable du service appros chez Charolais Horizon (groupe Sicarev). La toute jeune, mais énergique directrice s'est vue renouvelée dans ses fonctions, mais cette fois à la tête du groupe Terre d'Horizon en 2014. Depuis la fusion,celui-ci a connu une série de restructurations et de changements « dans le but de faire des économies d'échelle bien sûr, qui nous ont permis de nous professionnaliser davantage et de développer des pôles d'activité complémentaires », précise Aude Bertout.Dès 2011, le conseil d'administration a beaucoup réfléchi sur le repositionnement de l'entreprise. La nouvelle dynamique s'appuie ainsi sur la complémentarité de ses activités. Avec un impératif : tenir un niveau de service, de prix, de conseil et d'expertise, pour tous nos adhérents et clients. Le conseil d'administration, présidé par Guillaume Rémy, ayant à coeur qu'il n'y ait aucune discrimination de taille, ni de production, ni de localisation. Parce que la coopérative a aussi un rôle dans le maintien du tissu économique local et d'aménagement du territoire.
Une vraie dynamiqueavec le sans OGM et le bio
Le premier chantier de Terre d'Horizon a consisté à tirer le meilleur parti de ses différents terroirs, entre zone d'élevage et zone de polyculture. Alors que les coopératives de base n'avaient pas de structure de collecte, il a été décidé la construction d'un ensemble de silos à Dounoux. L'outil est opérationnel depuis deux ans. La capacité de stockage y est de 2 500 t, 6 000 t avec les rotations. « Une bonne partie de cette collecte part en alimentation animale, explique la directrice, rachetée par nos adhérents, soit sous forme brute, soit travaillée à façon. » En outre, les équipes techniques et commerciales ont été redéployées pour avancer vers une capacité de conseil global sur le système d'alimentation des animaux, du choix de la semence fourragère et de sa conduite jusqu'à la réalisation des rations et la proposition du meilleur complément nutritionnel.
Autre évolution que la coop doit intégrer : la conversion au bio d'une partie de ses adhérents. « Nous sommes là dans une vraie dynamique, précise Aude Bertout. Sur certains reliefs compliqués, en montagne, le bio engendre une vraie plus-value pour les producteurs de lait, et une bouffée d'air économique. Cette dynamique se traduit surtout sur le plan de l'accompagnement technique, à la fois en élevage et pour les cultures, avec des technico-commerciaux qui se forment régulièrement. Si l'objectif pour les éleveurs bio est d'être autonomes, le nombre de conversions entraîne un développement des ventes d'aliments bio significatif puisque nous distribuons 800 t d'aliment bio contre à peine 80 t, il y a encore trois ans. Pour fournir nos éleveurs, nous avons investi dans l'usine d'aliments Est Ali Bio de Roville-devant-Bayon, au sud de Nancy, aux côtés d'autres coopératives lorraines. » L'évolution du cahier des charges des laiteries vers un lait « nourri sans OGM » constitue un changement majeur que la coopérative et ses adhérents s'apprêtent à intégrer.
Des contraintes structurelles
La zone d'activité située en moyenne montagne implique des spécificités en logistique. « Ces contraintes géographiques, topographiques, climatiques influent sur nos choix d'équipement et de matériel : des camions porteurs plutôt que des semi-remorques, des véhicules polyvalents, équipés de grue auxiliaire, d'essieux directionnels pour accéder à certaines fermes et manoeuvrer dans des cours parfois étroites », relève la directrice. La prochaine étape pour Terre d'Horizon consiste à se positionner par rapport aux circuits de proximité. Pour accompagner, là aussi, les adhérents dans leur recherche de valeur ajoutée, alors que la demande des consommateurs est de plus en plus forte. Toujours autour du conseil, des services, de la performance, et sans doute par la mise en place de comptoirs dédiés dans les Gamm vert. « Nous devonsrevoir nos schémas de proximité. Nos contraintes structurelles peuvent devenir des atouts, car elles sont propices à la création de valeur au niveau local. »
Dominique PéronnePhotos Sylvain Beucherie
A cheval entre les Vosges et la Haute-Saône
Un périmètre d'action ancré dans le sud des Vosges et le nord de la Haute-Saône, dans des secteursde moyenne montagne et piémont, influant sur la logistique et les équipements.
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